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Analyse et historique du modèle économique monétaire capitaliste

Avant l’invention des « pièces » de monnaie, les monnaies primitives ou paléomonnaies, étaient des objets de valeurs qui servaient à payer des obligations sociales ou rituelles. Elles servaient à régler des naissances, des mariages et des deuils. Les paléomonnaies étaient amenées à changer de mains selon les circonstances. Certaines obligations rituelles nécessitaient la détention de paléomonnaies. Il était alors possible de les acheter ou de les emprunter. Les paléomonnaies ont provoquées la création des hiérarchies dans la société. Elles ont également engendré des moyens de pouvoir. Les formes et les usages étaient variés d’une société à l’autre, voire à l’intérieur d’une société.

La plus ancienne monnaie connue fut créée en 687 av. JC par Gygès, roi de Lydie, qui substitua aux lingots d’or des pièces d’électrum (alliage naturel d’or et d’argent provenant de filons locaux) dotés des caractéristiques suivantes : poids invariable, formes identiques, et marqués d’un signe authentifiant leur étalonnage.

À l’origine, la monnaie servait comme outil intermédiaire pour favoriser les échanges de biens et services entre fournisseurs et consommateurs parce qu’il était plus commode que d’échanger directement des biens ou services (troc).

Mais très rapidement, la monnaie servit à financer des guerres et à compenser des meurtres, des injures, des offenses et des dommages physiques ou moraux. Intrinsèquement, comme toute forme de vie sur terre, l’homme n’est pas un organisme machiavélique, naturellement mal intentionné. Il ne faut pas confondre l’instinct naturel de survie avec la méchanceté ou l’avarice induits. Mais l’analyse de ces comportements humains révèle qu’ils sont provoqués par des interactions avec une des principales caractéristiques de la nature humaine : ses désirs inassouvissables et constamment renouvelés. La monnaie est donc un remède aux difficultés d’expansion du commerce, mais également la cause des effets secondaires des comportements humains en contact avec l’argent et l’économie monétaire. En effet, les propriétés mobiles de l’argent et sa valeur d’échange contre des biens et services constitue un moyen parfait pour assouvir les désirs inassouvissables de la nature humaine. L’argent est devenu source d’avidité!

Le développement de la monnaie métallique est donc parallèle au développement des empires tels l’Empire romain et la Chine Qin. La monnaie permet en effet de gouverner à distance et de payer les soldats et l’administration.

En 411 av. JC, un coup d’état contre la démocratie directe à Athènes permit l’élimination de la démocratie et l’instauration d’empires, de monarchies, de royautés et autres formes dérivées d’aristocraties totalitaires pour gouverner plus rapidement, sans les débats démocratiques ni le consentement du peuple. Il était devenu plus facile a une élite totalitaire de gouverner au nom de son peuple, sans jamais l’impliquer dans les décisions.

Cette nouvelle approche permit de favoriser la concentration des richesses entre les mains de ceux qui détiennent le pouvoir. De nouveaux modèles anti-démocratiques ont ainsi permit de faire diverger et de concentrer le pouvoir et l’accroissement des richesses vers des élites dominatrices. Ces élites, constituées de minorités face à la population, ont été et sont encore composées d’individus chez lesquels l’argent et le pouvoir interagissent fortement avec la nature humaine et ses désirs inassouvissables, provoquant des comportements déviants nuisibles à la société.

Le système économique monétaire à été échafaudé sur cette base. Pendant des siècles, l’accroissement de la population mondiale s’est trouvée limitée et ralentie à un rythme soutenable grâce à l’équilibre naturel engendré par la disponibilité des ressources alimentaires et naturelles. Il y a à peine 300 ans, la population mondiale se chiffrait à quelques 700 millions d’individus. L’arrivée de l’ère industrielle a permit de décupler l’accélération du développement économique de manière exponentielle. Elle a également provoqué l’explosion incontrôlée de la population mondiale qui approche 8 milliards d’individus.

Vers 1780 débute l’ère industrielle moderne. De la combinaison des avancées en connaissances scientifiques et de la concentration monétaire entre les mains des élites, sont nés toute une panoplies d’avancées techniques et technologiques qui ont plongées l’humanité dans une accélération remarquable de développements divers.

La deuxième révolution industrielle commence aux alentours de 1850. Les inventions principales de cette période ont un rapport direct avec l’exploitation des découvertes en électricité, mais aussi avec l’invention du moteur à combustion et l’exploitation des combustibles fossiles.

Trois facteurs ont permis à cette deuxième révolution industrielle d’aboutir :

  • La révolution technologique (Henri Bergson parle de « poussée inventive » du XIXe siècle). Il s’agit d’inventions essentiellement européennes. De nouveaux modes de production apparaissent, ainsi que de nouvelles formes de transport (chemin de fer) et de communication (télégraphe, téléphone). Les matériaux utilisés ne sont plus les mêmes.
  • L’accumulation du capital. Puisque la richesse se fonde sur les investissements, on pense à aller chercher l’argent chez les particuliers : c’est ainsi que les actions pour des petits porteurs (dites « gouttelettes du capital ») deviennent plus courantes aux États-Unis ; ailleurs, cela reste marginal. De plus, la création et le développement des banques de dépôt favorisent aussi la croissance.
  • La réorganisation des entreprises, avec deux modifications majeures : dans la structure, et dans l’organisation du travail.
    • Structurellement, on passe d’un atelier familial à l’usine (plus de 50 personnes), et à la grande firme. On tente de mieux maîtriser les coûts : la maîtrise s’étend de la matière brute au produit fini, et de nouveaux modes de gestion du marché apparaissent. Un trust est une compagnie avalant de petites entreprises (qui perdent leur indépendance) tandis qu’un cartel est une alliance d’entreprises (généralement placées sur le même segment de marché), ces dernières restant autonomes.
    • Dans l’organisation du travail, une nouvelle notion apparaît : l’organisation scientifique du travail (OST), avec deux idées : le fordisme et le taylorisme, qui introduisent la production en série, le minutage du travail, et le travail à la chaîne.

L’industrialisation est donc responsable de l’explosion démographique de l’humanité. Il est intéressant ici de faire la corrélation directe avec la croissance démographique, les avancées industrielles et l’accélération du développement économique. La combinaison de ces trois aspects interdépendants présente des similitudes avec une maladie moderne grave caractérisé par une perte de contrôle du développement cellulaire de l’organisme : le cancer!

Ces grands changements ont donc engendré des réorganisations sociales importantes en plus de venir greffer différentes institutions opérationnelles à l’économie, comme les banques et la bourse. Ces institutions répondent aux objectifs de favoriser le financement, la circulation plus rapide de l’argent, l’accélération du développement industriel et économique, mais surtout à la concentration de la richesse.

Un des effets pervers des institutions et du modèle opérationnel de l’économie monétaire capitaliste est qu’il favorise l’enrichissement démesuré grâce à des stratégies financières : s’enrichir avec de l’argent sans produire aucun bien ni service. Cet enrichissement permet des concentrations de pouvoirs économiques au détriment du peuple car seule une élite qui maîtrise bien les stratégies financières de plus en plus complexes et qui ont le pouvoir de les manipuler arrivent à s’enrichir et à acquérir le pouvoir.

Le drame pour l’humanité est que l’enrichissement monétaire n’est qu’une illusion parce que les conventions du système économique qui dictent la valeur monétaire s’appuie sur des conventions et non sur des capacités réelles. Les valeurs sont basées sur la spéculation et sur l’offre et la demande des marchés dans lesquels l’industrie produit bon nombre de produits souvent inutiles et de piètre qualité par leur conception défaillante, engendrant le gaspillage des ressources limitées. Il s’agit donc d’un système très inéquitable et inhumain qui non seulement ne possède aucune pérennité, mais met à risque la survie de l’humanité.

Avec le temps, l’argent a été privatisé ce qui est une erreur et à permit aux banques de créer la dette avec des outils de prêts permettant d’accélérer le développement économique avec un monstrueux gonflement des prix afin que les consommateurs puissent quand même avoir accès aux biens et services tout en empruntant de l’argent que les banques ne possèdent pas. Paradoxalement à la notion monétaire de valeur, le système économique se nourrit de dettes car il profite des intérêts pour s’enrichir.

Depuis les années 1980, la mondialisation à ouvert les portes à la déréglementation des marchés financiers et commerciaux, accentuant la surexploitation des ressources humaines et naturelles internationales pour accélérer le développement économique.

La libre concurrence et la compétitivité économique et industrielle échouent lamentablement à résoudre les inégalités économiques et sociales, là où l’éducation de haut niveau et le savoir réussissent allègrement à rehausser la capacité novatrice individuelle et la valeur de son apport à la collectivité.

Aujourd’hui, tous les gouvernements sont endettés et les banques richissimes, ce qui impose une pression économique et financière considérable sur les individus et les institutions sociales. Cette pression économique, avec ses contraintes, met à haut risque nos sociétés et force les politiciens à prendre de mauvaises décisions pour tenter de rentabiliser leurs opérations au lieu de voir au bien du peuple. Depuis les dernières crises économiques, cette situation s’est dégradée et on procède aujourd’hui d’austérité, de rationalisation et de coupures alors qu’on travaillait à la productivité, à l’efficacité et à la rentabilisation il y a une dizaine d’année.

À l’époque de l’invention de la monnaie, ce moyen pouvait être justifiable puisqu’une minorité de la population était en mesure d’acquérir et de développer des connaissances pour assurer sa survie ou accéder à un certain rang social. Aujourd’hui, la monnaie n’est plus justifiable ni d’aucune utilité dans nos sociétés pour deux raisons. Parce nous avons rehaussé le niveau d’éducation global de la population avec les systèmes d’enseignement, leurs programmes et leurs institutions. Parce que l’industrialisation, outil de croissance de l’économie monétaire capitaliste, surproduit en favorisant une surconsommation des ressources d’un côté et des biens et services de l’autre.

La croissance économique et l’effondrement de la civilisation humaine

Depuis environ un siècle, le système économique monétaire à accéléré considérablement son taux de croissance. Cette accélération a favorisé des améliorations techniques et technologiques considérables affectant la qualité de vie de nos sociétés en rendant plus accessible nombre d’innovations comme l’automobile, les technologies et le pharmaceutique.

En contre partie, cette croissance a enfoncé encore plus le clou des inégalités sociales et économiques tout en favorisant l’explosion démographique selon une courbe de croissance exponentielle. Le système économique a largement profité de cette croissance démographique lui aussi, en accélérant sa croissance selon la même courbe exponentielle.

Le problème avec ce modèle n’est pas tellement lié à sa croissance, mais plutôt avec le fait que sa croissance s’appuie sur la surexploitation des ressources humaines et naturelles qui sont à la base de l’économie monétaire et en font un système insoutenable pour n’importe quel environnement biophysique!

La croissance économique signifie que vous devez trouver quelque chose qui existe gratuitement à l’état naturel et en faire un bon produit ou trouver un don qui existe à l’état relationnel et d’en faire un bon service. Vous devez trouver quelque chose que les gens ont déjà obtenu gratuitement ou ont fait pour eux-mêmes et pour les autres, puis leur prendre pour le faire ou le faire faire à leur place et leur vendre.

En transformant les biens gratuits en marchandises le système économique monétaire coupe l’homme de la nature et de l’effort naturel pour bénéficier de ses richesses. De la même manière, en transformant les relations gratuites en services impersonnalisés nous sommes coupés de la communauté.

En conséquence, le système économique monétaire dénature complètement la culture humaine en la déconnectant de la nature et des relations collectives. Les ressources naturelles et humaines sont considérées par le système économique monétaire comme des amoncellements de ressources commercialisables. Ce qui nous laisse un goût amer de solitude et d’insatisfaction perpétuelle.

Il faut toujours augmenter les profits, les ventes, la production, la fabrication, l’exploitation. Sinon, on doit rationaliser, couper des emplois, diminuer la qualité et le nombre de produits et services, mais sans toutefois diminuer le taux d’exploitation des ressources naturelles ou humaines.

Or, en accélérant la croissance économique et démographique selon une courbe exponentielle, la « civilisation » humaine à provoqué des pressions considérables sur ces ressources. Aucun modèle économique monétaire ne considère les ressources comme limitées, au contraire, le développement économique considère les ressources comme infinies. Mais ce n’est pas du tout le cas!

En accélérant l’exploitation des réserves de ressources plus rapidement que leur capacité naturelle de renouvellement, le système économique monétaire épuise ses fondations. Mais le système économique monétaire capitaliste ne peut pas fonctionner sans croissance. Aujourd’hui, la planète ne peut plus continuer à soutenir encore cette croissance : une croissance infinie basée sur des ressources limitées est sans avenir et ne peut mener qu’à l’extinction des ressources exploitées, incluant l’homme!

La crise ne va pas disparaître, elle va continuer d’empirer avec la croissance du système économique monétaire capitaliste en achevant de consommer tout ce qui reste de ressources naturelles et humaines. La croissance économique monétaire, comme un cancer, va ronger la civilisation jusqu’à son extinction par ablation de son environnement biophysique qui supporte sa capacité naturelle à vivre!

Le concept de l’argent

L’argent est un concept pour opérationnaliser des échanges de biens et services en leur accordant une valeur virtuelle qui n’existe que dans l’environnement social. Ce concept n’existe pas dans l’environnement humain, ni dans l’environnement biophysique. Donc, l’argent n’a aucune valeur dans l’environnement humain ni dans l’environnement biophysique.

C’est donc un concept très dangereux parce qu’il ne tient pas compte des impacts qu’il peut provoquer à l’extérieur de l’environnement social en interagissant avec la nature humaine pour induire des comportements.

Il serait préférable d’appuyer l’économie sur un concept qui recoupe au moins 2 des 3 environnements du système humain. Il est peut-être aussi possible de concevoir un concept qui est commun aux 3, il faudra pousser l’architecture sociale afin d’innover.

Un exemple de modele économique qui recoupe 2 des 3 environnements est le concept de valeur novatrice de l’apport individuel à la collectivité mesurée qualitativement et quantitativement pour accorder une valeur à un individu (et non une valeur aux biens et services, comme avec l’argent). Ce modèle économique est un concept commun à l’environnement humain et social. Il comporte donc certains risques d’impacts sur l’environnement biophysique, mais ils sont moindres et le concept induit des comportements autorégulateurs.

C’est le principe de l’imputabilité conceptuelle… Un principe de l’architecture sociale utilisé pour concevoir des solutions pour mitiger les impacts.


10 commentaires

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  3. Renée Lavoie dit :

    L’être humain n’est qu’un ‘mammifère’ s’il s’identifie à cette réalité qui fait partie de lui mais n’est pas son essence profonde qui elle, est de nature spirituelle et qu’on doit soutenir et développer. Ce n’est qu’alors qu’un système économique quelconque sera utilisé à bon escient, fût-il monétaire. Il faut réussir à élever le débat sur l’économie à ce niveau de conscience. Je refuse cette habitude qu’on certains d’assimiler la race au règne inférieur alors que les plus beaux pans de l’Histoire démontrent son pouvoir de s’élever à de sublimes hauteurs. S’il faut éduquer, c’est à bien différencier le petit moi du Soi, qui lui fera des choix propices à lui-même et aux autres, composant avec l’existence de manière éthique, ceci s’appliquant alors aux humbles comme à leurs dirigeants. Mais je suis bien d’avis que la fraude monumentale du système bancaire actuel doit être éliminée, et jugés ceux qui l’ont si habilement maquillée ou s’en servent pour asseoir leur soif de pouvoir, ce qui relève d’une éducation allant aux sources des problèmes, comme on tente de le faire à L’IRASD, plutôt qu’à l’analyse de leurs symptômes. Et pour cela, un gros merci vous est dû. J’ajouterais qu’avec le déploiement de l’ÉNERGIE LIBRE (Nicolas Tesla, le créatif innovateur par excellence), le jour où les despotes seront sous clef, bien de nos casse-tête actuels prendront fin avec celle des énergies fossiles. Ne serais-ce pas LÀ où porter d’urgence le regard ? https://www.youtube.com/watch?v=aKWPht3fU-o&list=PLED76381D1EB2EA1F&index=33

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  7. […] système économique monétaire, datant de 687 av. J.-C., a évolué au fil de l’histoire avec l’environnement social […]

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  8. […] Ce constat s’appuie sur l’observation de l’influence qu’exerce l’économie capitaliste sur les stratégies comportementales des décideurs dont l’intérêt se limite au […]

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