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L’humanisation de l’économie, un possible déjà réalisé

Des économistes et scientifiques le disent depuis des décennies : le PNB n’est pas une mesure du développement ni de la valeur d’une société et de ses individus.

Maintes études ont prouvé que l’argent ne fait pas le bonheur. Au contraire, il est un frein majeur au développement individuel et collectif, il exerce des pressions fiscales de plus en plus insupportables, il génère de la collusion qui se métamorphose en corruption afin de croître en injustices et en inégalités pour dégénérer en criminalité, conflits et guerres.

Un seul pays sur Terre a décidé de se moderniser. Le Bhoutan l’a bien compris et a instauré le BNB : indice du Bonheur National Brut! Tout est fait pour développer et maintenir le bonheur des individus et de la collectivité.

Un exemple de modèle imparfait, mais durable appuyé sur l’enrichissement individuel et collectif par le développement personnel et social et non par le développement économique.

Un pays tout entier qui prouve par l’exemple avec succès qu’il est parfaitement possible de construire une société qui n’est pas centrée sur l’argent, mais sur une série de mécanismes sociaux et d’indicateurs psychologiques afin de modifier radicalement les stratégies comportementales pour le bénéfice de tous et chacun.

Visionnez le documentaire Arte ici : https://m.youtube.com/watch?v=9YkyT3zzYS8

Pour réfléchir :

https://irasd.wordpress.com/2015/03/04/le-citoyen-clef-de-la-survie-climatique-de-lhumanite-stephane-brousseau-2/

https://irasd.wordpress.com/2015/03/31/une-economie-humaine-pour-eviter-le-crash-de-la-civilisation-stephane-brousseau/

Pour comprendre :

https://irasd.wordpress.com/dossiers/recherches/environnement-social/analyse-et-historique-du-modele-economique-monetaire-capitaliste/

https://irasd.wordpress.com/2014/10/28/les-pressions-nefastes-de-leconomie-monetaire/

https://irasd.wordpress.com/2015/02/18/recherches-sur-la-viabilite-des-systemes-sociaux-humains/

https://irasd.wordpress.com/2015/01/19/en-2016-les-1-les-plus-riches-possederont-plus-que-le-reste-de-la-population-mondiale/

https://irasd.wordpress.com/2014/10/23/les-inegalites-un-choix-de-societe-irec-institut-de-recherche-en-economi-e-contemporaine-quebec/

https://irasd.wordpress.com/2014/10/04/largent-et-ses-interactions-nefastes-avec-le-comportement-humain/

https://irasd.wordpress.com/2014/10/30/faut-il-accelerer-le-developpement-economique-ou-le-developpement-de-lindividu/

https://irasd.wordpress.com/2014/11/04/livre-la-fin-du-capital-pour-une-societe-demancipation-humaine-andre-prone/

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http://info.arte.tv/fr/bhoutan-au-pays-du-bonheur-national-brut

Bhoutan : au pays du Bonheur national brut

Lancé en 1972, le « nouveau paradigme » s’appuie sur quatre piliers : la protection de l’environnement, la conservation et la promotion de la culture bhoutanaise, la bonne gouvernance et le développement économique responsable et durable.

Aujourd’hui, le BNB irrigue toute la vie du pays, entraînant de profonds bouleversements dans l’agriculture (objectif : 100% biologique en 2020), l’éducation nationale, où l’on prépare les élèves à devenir des « ambassadeurs du changement », la gestion des ressources naturelles (réglementation stricte de l’abattage des arbres et de l’exploitation minière), la santé – gratuite pour tous -, le tourisme – haut de gamme -, ou le commerce (non adhésion à l’Organisation mondiale du commerce). Le film raconte le développement du BNB à travers le témoignage de hauts responsables mais aussi d’acteurs de terrain, habités par une vision du bonheur et du bien commun qui a fait l’objet d’un rapport très remarqué aux Nations unies. Dépaysement assuré au pays du dragon tonnerre, passé du Moyen Âge à la modernité en moins de cinquante ans : une voie vers une société durable et plus équitable ?

De Marie-Monique Robin, Guillaume Martin, Françoise Boulègue et Marc Duployer – ARTE GEIE / M2R Productions (réalisé avec le soutien du CNC) – France 2014

Marie-Monique Robin : « Pour moi, le Bhoutan, c’est un effort sincère de penser autrement »

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Conditions de tournage, impressions de voyage, choix éditoriaux, Marie-Monique Robin a répondu aux questions d’ARTE Info sur son nouveau documentaire :

Comment s’est passé le tournage ?

Nous avons passé 18 jours à tourner au Bhoutan. Cela a été compliqué, nous avons mis plus d’un an à organiser ce voyage car les gens sont assez peu joignables et nous voulions interviewer des personnages importants, comme l’ancien premier ministre. Nous voulions aussi suivre les équipes qui s’occupent du sondage sur le bonheur national brut parmi la population, qui a lieu tous les trois ans, et cela a été difficile à coordonner. Mais nous avons réussi à avoir tout ce que nous voulions et avons même beaucoup de matière non-utilisée. Il faut beaucoup anticiper et mutualiser les choses. Car cela coûte très cher : en effet comme tous les touristes, les journalistes doivent payer 250 $ par jour pour pouvoir rester dans le pays, même si une voiture avec chauffeur et un guide sont fournis. Nous étions trois, ça chiffre très vite…

L’ancien premier ministre avait lu mon livre et vu mon film sur Monsanto alors ça a permis d’instaurer une confiance au départ. Il est l’artisan de la philosophie du bonheur national brut, a présenté le rapport « Le bonheur national brut, vers le développement d’un nouveau paradigme ? » aux Nations unies et depuis 2012, le 20 mars est la journée mondiale du bonheur. Ce concept a été médiatisé à partir de 1979, lorsque le quatrième roi, en route pour le sommet des pays non-alignés à Cuba, a donné une interview à des journalistes indiens lors d’une escale à Bombay en présentant son pays de cette manière.

Quelle est votre opinion personnelle sur cette philosophie du bonheur national brut ?

Comme tout le monde, j’étais un peu sceptique sur certaines annonces, comme le fait d’être le premier pays entièrement bio en 2020. Mais ils le font vraiment, l’Etat encourage les coopératives agricoles, les jeunes entrepreneurs qui se lancent dans le traitement des déchets, etc. Quand nous avons tourné dans l’école-pilote qui est montrée dans le documentaire, je me suis vraiment dit que j’aurais voulu que mes enfants grandissent là-bas. Nous avons tous trois fait le tour du monde dans tous les sens et n’avons jamais été autant dépaysés. Pour moi, le Bhoutan, c’est un effort sincère de penser autrement.

Ce modèle est-il transposable ailleurs ?

Evidemment c’est un très petit pays, à la culture bouddhiste, qui a longtemps été isolé et leur fonctionnement n’est pas transposable partout en l’état. Mais j’ai interviewé des experts qui ont travaillé sur le rapport proposé par le Bhoutan et ils sont d’accord pour dire que mesurer la richesse d’un pays avec le seul PIB n’est plus possible. Cela a été utile juste après la Seconde guerre mondiale pour mesurer le redressement économique mais aujourd’hui ce n’est plus du tout adapté. Les malades qui souffrent du cancer ou les destructions dues aux catastrophes naturelles générent aussi de l’emploi et des besoins mais il n’y a pas de distinction entre ce qui est bon et mauvais pour la planète et les gens dans cet indicateur de production.

L’humanité consomme une planète et demi par an, qui n’a plus le temps de se régénérer. Nous sommes au bord du gouffre et ce n’est plus possible de continuer avec le mode de vie occidental. Il faut changer de thermomètre pour mesurer la richesse et le développement d’un pays et le BNB est un bon exemple qui prend tout en compte. Leur démarche est inspirante. Par rapport à d’autres pays dits sous-développés, on ne sent pas la misère, j’ai vu des gens qui mangent à leur faim, ont un toit, bénéficient de l’éducation et de la santé gratuites et sont intégrés à une communauté. La notion de bonheur est très relative, ils veulent comme tout le monde que leurs besoins matériels soient couverts mais ils accordent aussi beaucoup d’importance au reste.

Avez-vous eu le sentiment d’une « dictature du bonnheur », que ces décisions radicales prises par le gouvernement ont été imposées à la population ?

Non, ils sont très fiers de leur identité. Tout d’abord, ils adorent leur roi et le respectent énormément, comme ils aiment son père, qui a décidé d’abdiquer en 2008 à 50 ans au profit de son fils car il estime que le pays doit être géré par quelqu’un de plus jeune. Ils ont alors basculé vers un système parlementaire de monarchie constitutionnelle et ont commencé à former des partis. Les rois ont des modes de vie simples, sont éclairés et proches de la population.

Il a en effet décidé que tous les gens occupant des positions publiques comme les enseignants devaient porter le costume traditionnel mais ils voient cette règle comme une façon de maintenir l’égalité entre tout le monde. Ils ne s’embêtent pas avec « l’emballage », je n’ai pas senti qu’ils le subissaient comme une contrainte. Ils ont quasiment interdit l’exploitation minière pour éviter la détérioration de l’environnement, il n’y a pas de publicité dans les rues, ce qui est très agréable, et le gouvernement fait tout pour éviter l’endettement de la population et la surconsommation. C’est un pays qui s’ouvre peu à peu à l’extérieur mais qui ne veut pas n’importe quel progrès. Je suis revenue beaucoup plus impressionnée que ce que je ne pensais.

Ils sont modestes, ils disent eux-mêmes qu’ils ne sont pas le pays du bonheur, qu’il y a des choses à régler comme la pauvreté rurale, l’intégration des jeunes sur un marché de l’emploi encore restreint ou le défi de l’accroissement démographique dans la capitale. Ils sont aussi revenus sur l’interdiction absolue du tabac dans les lieux publics (qui avait été décidée en 2004, ndlr) car ils se sont rendus compte que ça allait trop loin. Mais ils savent où ils veulent aller et ne veulent pas d’un développement qui crée de l’inégalité sociale.

Quel est l’état de la vie politique et médiatique du pays ?

Il y a eu des nouvelles élections en juillet 2013, lors desquelles un nouveau premier ministre a été élu, d’un autre parti que le précédent. Il y a eu des rumeurs colportées par la presse comme quoi il voulait remettre en cause le bonheur national brut, mais c’est faux, il m’a confirmé qu’il se situe toujours dans cette lignée.

Depuis 2008, plusieurs journaux se sont créés, qui sont tous proches d’un parti politique (il y en a cinq, ndlr), en anglais et en langue dzongkha. Ils sont plutôt libres, sauf exception pour la figure du roi qui reste totalement intouchable.

Quand on s’intéresse au Bhoutan, on trouve soit des informations sur le Bonheur national brut, soit sur l’expulsion de milliers de Lhotsampas dans les années 90 (voir « La polémique du sort des Lhotsampas » en bas de page). Pourquoi n’avez-vous pas abordé ce second aspect et quel est votre avis sur cet événement historique ?

J’ai bien sûr fait des recherches sur cette question mais je n’ai pas trouvé de réponse claire ni de preuves assez complètes. J’ai interviewé des gens proches du dossier qui m’ont expliqué que c’était plus compliqué que ce qui est généralement relayé : ce n’est pas dit dans les articles consacrés aux Lhotsampas mais la plupart des expulsés sont ceux arrivés lors de la deuxième vague d’immigration pendant le conflit au Népal. Dans la masse des paysans népalais terrorisés qui fuyaient leur pays, il y a eu des groupes terroristes qui ont tenté d’implanter la lutte maoïste au Bhoutan en voulant intégrant les Lhotsampas dans la guerilla. Le Bhoutan ne pouvait ni gérer cette pression démographique ni cette insécurité et pour préserver l’équilibre du pays, a décidé de renvoyer au Népal toutes les familles arrivées après 1958, c’est-à-dire après la promulgation de l’acte de citoyenneté qui a octroyé ce statut à tous les Lhotsampas présents à l’époque. Bien sûr, il y a eu une intervention de l’armée, des violences et des bavures mais ce n’était pas une stratégie nationaliste, ils ne pouvaient simplement pas absorber ces dizaines de milliers de réfugiés. Dans les camps de réfugiés à la frontière népalaise, il n’y a pas forcément que des Lhotsampas expulsés du Bhoutan, il y a aussi des Népalais qui sont venus directement s’y réfugier, donc c’est très ardu de prétendre avoir une vision juste de la situation.

Je peux juste dire que je n’ai pas été témoin de discrimination à l’encontre des Lhotsampas qui vivent encore au Bhoutan et qui pour certains d’entre eux ont des postes haut-placés, ni contre les chrétiens, contrairement à ce qui a parfois été écrit. Par exemple, c’est un Lhotsampa qui dirige le Centre du Bonheur national brut et je l’ai interrogé là-dessus, il m’a assuré qu’il était intégré comme n’importe quel Bhoutanais.

Je ne défends pas le Bhoutan, je ne suis pas connue pour défendre les intérêts privés de quiconque et si j’avais le moindre doute sur leur sincérité, je vous le dirais. Je ne me voyais pas aborder cette question dans un documentaire de 28 minutes et tout mélanger. Pour tirer au clair cette affaire, il faudrait faire une enquête sur plusieurs années et démêler le vrai de la construction médiatique à mon sens.

Il faut se rendre compte que le Bhoutan est devenu un symbole qui ne plaît pas à tout le monde, et surtout aux puissants qui se verraient bien l’abattre : ils ont refusé d’adhérer à l’OMC, le projet sur le bonheur qu’ils ont déposé à l’ONU a été signé par 63 pays, ils défendent leurs paysans et leur économie locale. Ils refusent de rentrer dans le système à tout prix et le monde des affaires ne voit forcément pas ça d’un bon oeil.

Propos recueillis par Laure Siegel

@@@ Le site de Marie-Monique Robin

Polémique sur le sort des Lhotsampas

Selon l’UNHCR, la presse internationale (The DiplomatCourrier JaponNew York TimesThe GuardianAl Jazeera) et les réfugiés dans les camps (PhotoVoice, projet qui suit leur vie quotidienne) le contentieux durable entre le Népal et le Bhoutan a commencé de cette façon : en 1992, le roi du Bhoutan décide suivant le slogan « One Country, One People » d’expulser près de 80 000 Lhotsampas, soit la moitié d’entre eux présents dans le pays à l’époque.

Cette ethnie hindouiste originaire du Népal est arrivée sur le sol bhoutanais lors d’une première vague à la fin du XIXe siècle pour développer les terres fertiles du sud du pays. A la fin des années 80, le Bhoutan durcit sa politique de préservation de la culture bouddhiste, par l’obligation du port du vêtement traditionnel, l’interdiction de la langue népalaise à l’école et des pratiques religieuses hindouistes mais aussi sur l’intégrité du territoire bhoutanais face à la crainte de velléité séparatiste du sud : en réaction à ces mesures, des manifestations antigouvernementales éclatent dans tout le pays, les populations arrivées après 1958 sont estampillées « immigrés clandestins », le conflit dégénère et selon un rapport d’Amnesty International, 2000 cas de torture sont recensés.

Cette situation explosive conduit à l’exil forcé de milliers de familles, qui se réfugient d’abord en Inde puis sont acheminées par camion dans sept camps de réfugiés aux confins du sud népalais. Aujourd’hui, il ne reste plus que deux camps et environ 30 000 personnes, sans permis de travail ni autorisation de sortie du camp, toutes les autres ayant acceptées d’être réinstallées dans un des sept pays occidentaux hôtes, après l’échec des négociations entre le Népal et le Bhoutan concernant leur intégration dans l’un ou l’autre pays. Les Etats-Unis, sous l’impulsion de l’ambassadeur américain James R. Moriarty en poste dans les années 2000 au Népal, accueillent plus de 80% de ces réfugiés. Terre traditionnelle d’asile, les Etats-Unis ont également un intérêt stratégique à asseoir leur soft power face aux deux grandes puissances mondiales que sont l’Inde et la Chine, mais aussi à soutenir le gouvernement népalais face aux maoïstes, vus comme une menace à la stabilité de la région.

Comme chez les Palestiniens, l’idée du « droit au retour » est encore présente chez certains réfugiés, qui estiment qu’accepter la réinstallation serait le signe de leur « défaite » et l’abandon de leur volonté de retourner à terme au Bhoutan. Des aspirations non partagées par les familles qui voient leur envol pour l’étranger comme une chance pour l’avenir de leurs enfants. Une divergence de points de vues qui génère des tensions au sein des camps. Bientôt les derniers camps fermeront, il ne restera plus que quelques milliers de Lhotsampas au Népal et ils quitteront définitivement le vaste peuple des réfugiés historiques.

L’éclairage de Kai Bird, journaliste, lauréat du Prix Pulitzer et auteur de « The Enigma of Bhutan ». Il n’hésite pas à employer l’expression « nettoyage ethnique » concernant les Lhotsampas.

Pourquoi le roi Wangchuck a soudainement décidé d’expulser ces gens ? La politique « One Nation, One People » est-elle la seule raison ?

Il faudrait poser cette question à l’ancien roi. Mais oui, je pense qu’il était persuadé que sa culture était menacée par le grand nombre de Bhoutanais d’origine népalaise. Donc il a agi.

En quoi ce nationalisme est-il idéologiquement compatible avec la philosophie du bonheur défendue par le Bhoutan ?

Ce n’est pas compatible. Mais la philosophie du « bonheur » n’est pas vraiment une philosophie.

Comment expliquer l’échec des négociations entre le Népal, le Bhoutan et la communauté internationale concernant l’intégration de cette population dans un des deux pays ?

L’Inde. (le Bhoutan a été sous protectorat indien jusqu’en 1971 et sa politique étrangère est toujours largement contrôlée par l’Inde, ndlr)

Que vont devenir les gens qui refusent de se réinstaller à l’étranger une fois que les derniers camps du Népal fermeront ?

J’imagine qu’ils se fondront finalement dans la société népalaise.

Quel rôle a joué James Moriarty, l’ambassadeur américain au Népal, dans le processus de décision de réinstaller les Lhotsampas dans des pays occidentaux ?

Moriarty est un diplomate américain adroit qui y a vu une opportunité de soulager ce problème de réfugiés particulièrement problématique. Cela a aussi été une façon de remplir les quotas d’accueil de réfugiés sur le sol américain qui n’avaient pas été remplis les années précédentes. Il était parvenu à la conclusion que la monarchie bhoutanaise n’était pas encline au compromis et que l’Inde n’allait rien faire pour débloquer la situation. Les réfugiés était bloqués au Népal. Donc c’est une bonne chose d’avoir offert cette option aux réfugiés qui le voulaient.

Qu’ont reçu les Etats-Unis en échange de ce généreux accueil ?

Seulement ce qu’apportent en général des réfugiés immigrés : un dynamique afflux de personnes prêtes à travailler dur et faire partie de la mosaïque américaine. Pas de bases militaires. Et les entreprises américaines n’ont pas d’intérêts dans l’économie népalaise, peanuts. Pas d’enjeux géopolitiques non plus. Washington n’en a pas grand-chose à faire de de ce qui se passe au Népal. La plupart des Américians n’ont absolument aucune idée de l’existence du Népal ou du Bhoutan et ne peuvent pas les situer sur une carte non plus.

La seule chose a été de fournir une porte de sortie pour cette population, une possibilité de reconstruire une nouvelle vie ailleurs. Personen d’autre ne voulait d’eux. Des pays européens en ont pris quelques milliers mais les Etats-Unis en ont pris plus de 60 000. Pourquoi ? Parce que ça ne représente pas une controverse dans la politique intérieure américaine.

Si nous pouvions résoudre tous les problèmes de réfugiés en les envoyant aux Etats-Unis, et bien cela serait une bonne chose pour les Etats-Unis et une bonne chose pour les réfugiés. Mais la plupart d’entre eux sont au coeur d’un enjeu politique et cela n’arrivera pas. L’Amérique va t-elle accepter tous les Palestiniens des camps de réfugiés ? Et tous les Congolais ? J’aimerais le croire mais sûrement que non. Donc on ne peut pas fermer l’agence de l’ONU consacrée aux réfugiés. Pas encore. Tout ça pour dire que le cas bhoutanais est une exception rare.

Propos recueillis par Laure Siegel

Pour aller plus loin :

@@@ Thierry Mathou – « Le Bhoutan, royaume du bonheur national brut, entre mythe et réalité » : le livre d’un diplomate et orientaliste français, sinologue, spécialiste du monde himalayen, chercheur associé au C.N.R.S. Il a consacré de nombreux travaux au royaume du Bhoutan, dont une thèse de doctorat. Il est actuellement ambassadeur de France en Birmanie.

@@@ Chronologie de l’histoire des Lhotsampas, qui consacre une large part à leur exil forcé du Bhoutan. (Refworld – Haut commissariat des nations unies pour les réfugiés)

@@@ Etude ethnographique complète sur l’ethnie des Lhotsampas (EthnoMed)

@@@ Bhutan News Service, la première agence de presse bhoutanaise, fondée par des Lhotsampas en exil à Katmandou.

@@@ Le site de l’Association de la liberté de la presse pour les journalsites bhoutanais (AFPA)

Sur ARTE :

@@@ L’épisode du Dessous des Cartes consacré au Bhoutan.

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