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L’humanité risque l’effondrement d’ici quelques décennies | Le Devoir

http://www.ledevoir.com/environnement/actualites-sur-l-environnement/403070/l-humanite-risque-l-effondrement-d-ici-quelques-decennies-predit-une-nouvelle-etude

L’humanité risque l’effondrement d’ici quelques décennies

Notre civilisation risque l’effondrement d’ici à peine quelques décennies en raison de la surexploitation chronique des ressources de la terre et de l’accroissement des inégalités. C’est ce que conclut une nouvelle étude de trois chercheurs universitaires, Safa Motesharrei et Eugenia Kalnay de l’Université du Maryland et Jorge Rivas de l’Université du Minnesota.

Cette étude — dont la publication vient d’être acceptée par le Elsevier Journal Ecological Economics — se base sur la dynamique historique qu’entretiennent les civilisations par rapport à la nature, mais aussi à l’intérieur même de leurs structures sociales. Le modèle de recherche est donc multidisciplinaire.

Les chercheurs ont ainsi mis en évidence les raisons qui ont contribué à la chute des civilisations au cours des derniers millénaires. Selon leurs travaux, une série de facteurs liés entre eux sont à prendre en compte, parmi lesquels le climat, la population, l’eau, l’agriculture et l’énergie.

Ces facteurs peuvent mener à un effondrement de la civilisation s’ils convergent vers une «rareté des ressources provoquée par une trop grande pression exercée sur les capacités de la nature» et une «stratification économique entre riches et pauvres». Ces phénomènes combinés «ont toujours joué un rôle central dans le processus d’effondrement. Du moins au cours des cinq mille dernières années», concluent-ils.

« Déficit écologique »

Le fait que l’humanité surexploite la majorité des ressources terrestres vitales pour sa survie fait de moins en moins de doute. À preuve, le «déficit écologique» annuel de l’humanité survient de plus en plus tôt chaque année, selon le Global Footprint Network, qui regroupe des scientifiques, des universitaires, des municipalités et des entreprises de partout dans le monde.

L’an dernier, le jour du dépassement est survenu le 20 août. En 1993, il y a donc à peine 20 ans, il est survenu le 21 octobre. Ce point de dépassement le moment, dans l’année, où la population mondiale a consommé l’ensemble des ressources que la planète était en mesure de produire pour l’année en cours.

Au rythme actuel, le Global Footprint Network évalue que «la demande de l’humanité en ressources et services écologiques exigerait une fois et demie la capacité de la Terre pour être satisfaite». Selon ces mêmes calculs, «nous aurons besoin de deux planètes d’ici 2050 si les tendances actuelles persistent». Si tous les Terriens consommaient comme les Canadiens, il nous faudrait l’équivalent de trois planètes et demie pour assurer notre subsistance.

Les pêcheries mondiales constituent un bon exemple de la surexploitation des ressources mondiales. Selon le Programme des Nations unies pour l’environnement, il pourrait être impossible d’exploiter commercialement les poissons des océans d’ici 2050.

Qui plus est, les bouleversements climatiques provoqués par l’activité humaine risquent d’aggraver les choses. Selon la Banque mondiale, de graves pénuries alimentaires sont ainsi à prévoir si le réchauffement planétaire poursuit sur sa lancée actuelle. Cela risque d’aggraver le problème de la faim dans le monde. Déjà, malgré une croissance marquée de la production agricole et une kyrielle d’engagements politiques, la faim dans le monde n’a pratiquement pas reculé, selon le rapporteur de l’ONU pour le droit à l’alimentation, Olivier De Schutter. Les stratégies censées permettre de lutter contre ce fléau ont lamentablement échoué, en plus de nuire à l’environnement.

Les scientifiques prédisent aussi un accroissement du niveau des océans qui affectera de plus en plus de populations côtières, des phénomènes météorologiques extrêmes plus fréquents ainsi que des effets irréversibles sur la biodiversité mondiale.

Les élites et le statu quo

Dans une telle dynamique, les citoyens les plus privilégiés sont toutefois prompts à refuser tout changement, soulignent les chercheurs qui ont mené l’étude. Ils sont en effet moins affectés que les plus démunis par «les effets de la détérioration de l’environnement». Ils peuvent donc se contenter du statu quo beaucoup plus longtemps avant d’être forcés d’agir.

L’étude souligne par ailleurs que le développement technologique n’est absolument pas en mesure de permettre à l’humanité d’éviter le pire. «Les changements technologiques augmentent l’efficacité des ressources, mais aussi la surconsommation», peut-on lire dans le document.

Si l’effondrement paraît, en l’état actuel des choses, «difficile à éviter», les scientifiques mettent en avant la nécessité urgente de «réduire les inégalités économiques afin d’assurer une distribution plus juste des ressources, et de réduire considérablement la consommation de ressources en s’appuyant sur des ressources renouvelables moins intensives et sur une croissance moindre de la population».

Avec Le Monde

IRIS – Portrait de la surépargne des entreprises au Québec et au Canada

Une excellente analyse de l’IRIS démontrant de nombreux défauts conceptuels majeurs du système économique monétaire.

http://iris-recherche.qc.ca/publications/surepargne

IRIS – Portrait de la surépargne des entreprises au Québec et au Canada

Publié le 27 janvier 2015
par Eric Pineault

Alors que nos économies connaissent une croissance plutôt faible, que le taux d’investissement est décevant et que le revenu de la majorité des ménages stagne, les dernières années ont été marquées par la croissance vertigineuse de l’épargne des grandes entreprises non financières au Québec et au Canada. Évaluées à 604 G$ en 2013, les liquidités que les entreprises canadiennes ont accumulées représentent actuellement 32 % du produit intérieur brut (PIB) du Canada. Aux États-Unis, cette masse d’épargne ne représente que 11 % du PIB, en Allemagne un peu moins que 20 %. À 32 % du PIB, cela nous place dans le palmarès des pays où, selon la revue The Economist, l’épargne des entreprises est la plus élevée, à côté du Japon à 44 % du PIB et de la Corée du Sud à 34 %2. On qualifie de «surépargne» une accumulation démesurée d’actifs liquides par les grandes entreprises sans qu’il soit possible de leur attribuer une fonction économique positive. Dans cette note socio-économique de l’IRIS, nous présenterons un portrait détaillé de ce phénomène de surépargne au Canada et au Québec. Dans une note de recherche complémentaire, nous examinons ce que la théorie économique orthodoxe offre comme explication du phénomène, et surtout nous explorons différentes hypothèses concernant les causes de la surépargne.

Téléchargez l’analyse ici : http://iris-recherche.qc.ca/wp-content/uploads/2015/01/Note-Sur%C3%A9pargne-WEB.pdf

Téléchargez la note de recherche ici : http://iris-recherche.qc.ca/wp-content/uploads/2015/01/Sur%C3%A9pargne-Revue-de-litt%C3%A9rature-WEB.pdf

Rapport d’observations comportementales réactionnelles aux travaux de l’IRASD

Depuis septembre 2014, l’IRASD diffuse différents textes d’analyse. Ces analyses sont appuyées sur nos travaux de recherche anthropologiques et sociologiques en évolution des stratégies comportementales.

Nous avons profité de la disponibilité de ces analyses sur notre site pour interagir avec des internautes et des contacts par courriel et sur les médias sociaux en stimulant des échanges sur divers sujets d’actualité et en appuyant nos propos par nos analyses.

En observant les réponses de nos interlocuteurs, nous avons pu dresser des profils réactionnels sociaux caractérisant l’association de différentes stratégies comportementales avec divers niveaux de connaissances des individus concernant les problématiques abordées.

Voici un sommaire des résultats de nos observations :

– Groupe A : les individus conscients des problématiques et possédant des connaissances approfondies ainsi que l’approche de recherche scientifique (universitaires et chercheurs) ne se manifestent pas, même si on leur pose des questions.

– Groupe B : les individus conscients des problématiques, mais ne possédant ni les connaissances, ni l’approche de recherche intégrée fondent de l’espoir dans les travaux de l’IRASD.

– Groupe C : les individus conscients des problématiques et possédant des connaissances, mais pas l’approche de recherche intégrée ne comprennent pas les travaux de l’IRASD et présentent des comportements de résistance.

– Groupe D : les individus inconscients des problématiques n’accordent aucun intérêt aux travaux de l’IRASD, demeurant absorbés par leurs activités quotidiennes et leurs loisirs.

Nous n’avons pas effectué de dénombrement statistique pour chaque groupe (un sondage permettrait de le préciser). Mais nous estimons grossièrement dans l’ensemble de la population humaine que :

– le nombre d’individus appartenant au groupe A est très restreint.

– le nombre d’individus appartenant au groupe B est en croissance, mais représente un faible pourcentage de la population.

– le nombre d’individus du groupe C est supérieur au groupe A mais inférieur au groupe B.

– le nombre d’individus du groupe D constitue la plus grande proportion de la population.

Nous pouvons donc présumer que la croissance de l’acceptation et de l’adoption des orientations de travaux de l’IRASD ne peut se faire que par la diffusion à un large public non-initié du groupe B qui exercera peut-être des pressions sur les groupes A, C et D.

Cette situation a pour conséquence de ralentir considérablement l’avancement des recherches et de retarder d’autant l’architecture sociale de solutions. Elle accroit également la probabilité de l’hypothèse que nous avions énoncé dans deux analyses diffusées en novembre :

– Le 17 novembre 2014, nous avons publié une analyse sur l’état d’évolution des stratégies comportementales de l’espèce humaine : https://irasd.wordpress.com/2014/11/17/letat-actuel-de-levolution-de-lespece-humaine-favorise-t-il-sa-capacite-de-survie/.

Le 22 novembre, nous diffusions un billet sur une analyse du biologiste Gilles Bœuf, professeur à l’Université Pierre & Marie Curie, sur le même sujet. Sa conférence s’intitulait « L’Homme peut-il s’adapter à lui-même? » : https://irasd.wordpress.com/2014/11/22/lhumain-peut-il-sadapter-a-lui-meme-gilles-boeuf/.

Stéphane BrousseauDirecteur de recherche
B.Sc. Géologie
Analyste et architecte en technologies de l’information et des communications
Chercheur en architecture sociale durable

L’Homme a fait entrer la Terre dans une nouvelle époque géologique

http://www.lemonde.fr/planete/article/2015/01/15/nous-sommes-entres-dans-l-anthropocene-depuis-1950_4557141_3244.html

L’Homme a fait entrer la Terre dans une nouvelle époque géologique

La déforestation progresse en Amazonie.

L’Homme est aujourd’hui la principale force gouvernant l’état, le fonctionnement et l’évolution de la planète. Et cette prise de contrôle a commencé dans les années 1950. Telles sont les deux conclusions, aux implications vertigineuses, d’une étude qui sera publiée lundi 19 janvier dans le journal The Anthropocene Review. Ces résultats seront présentés, en même temps que ceux d’une autre étude, parue jeudi 15 janvier dans la revue Science, sur les « limites planétaires », lors du Forum économique mondial de Davos, du 22 au 25 janvier.

S’il fallait encore nous convaincre que nous sommes entrés dans une nouvelle époque – celle de l’anthropocène –, le travail conduit par Will Steffen, chercheur à l’Université de Stockholm (Suède) et à l’Université nationale australienne, en apporterait la démonstration. « En un peu plus de deux générations, l’humanité est devenue une force géologique à l’échelle de la planète », écrivent les auteurs.

C’est, précisément, la définition de l’anthropocène. Un néologisme, associant les mots grecs « homme » et « récent », forgé par le néerlandais Paul Crutzen, Prix Nobel de chimie en 1995, pour signifier que l’influence des activités anthropiques sur le système terrestre est désormais prépondérante. Et que nous sommes donc sortis de l’holocène, l’époque géologique après la dernière glaciation et qui couvre les dix derniers millénaires.

GRANDE ACCÉLÉRATION

Ce constat est aujourd’hui très largement partagé par la communauté scientifique. Pour autant, l’entrée dans l’anthropocène n’est pas encore actée par la Commission internationale de stratigraphie et l’Union internationale des sciences géologiques, seules arbitres en la matière. A fortiori, la chronologie de ce basculement n’est toujours pas arrêtée. Certains proposent de le faire commencer autour de 1800, avec la révolution industrielle. D’autres de remonter aux débuts du néolithique, voilà quelque 10 000 ans, lorsque des sociétés de cultivateurs-pasteurs sédentaires se sont substituées aux chasseurs-cueilleurs nomades.

« De tous les candidats à une date de démarrage de l’anthropocène, le début de la grande accélération est de loin le plus convaincant du point de vue de la science du système terrestre », tranchent Will Steffen et ses collègues. La « grande accélération » ? Il s’agit d’un autre concept, formalisé au début des années 2000, pour rendre compte de l’impact de plus en plus fort des activités humaines sur le globe. Or, les auteurs montrent que ce processus s’est précipité à partir du milieu du siècle passé.

Ils ont mis en vis-à-vis deux groupes de douze indicateurs. Le premier décrit, de 1750 à 2010, les grandes « tendances socio-économiques » mondiales : population, croissance économique, consommation d’énergie primaire, urbanisation, usage de l’eau, construction de barrages, transports, télécommunications, tourisme international… Le second groupe s’attache, sur la même période, aux « tendances du système terrestre » : émissions de gaz à effet de serre ( CO2, méthane et protoxyde d’azote), ozone stratosphérique, hausse des températures, acidification des océans, pertes de forêts tropicales, érosion de la biodiversité, artificialisation des sols…

PRESSION DES ACTIVITÉS HUMAINES

Les résultats sont éloquents : pour la plupart de ces indicateurs, la courbe grimpe en flèche à partir des années 1950, ce qui établit une corrélation directe entre la pression des activités humaines – la production et la consommation de biens – et l’état de santé de la planète. « Il est certainement vrai que les humains ont toujours modifié leur environnement, parfois à grande échelle. Mais ce que nous documentons depuis le milieu du XXe siècle est sans précédent, en rythme comme en amplitude », observent les chercheurs, qui soulignent que ce bouleversement sort des limites de la « variabilité naturelle » des derniers millénaires. « C’est un phénomène nouveau et cela montre que l’humanité a une responsabilité nouvelle, à un niveau global, pour la planète », ajoutent-ils.

Les auteurs vont plus loin, en établissant que cette responsabilité n’est pas également partagée entre les nations. De fait, le concept d’anthropocène s’est parfois vu reprocher de considérer à tort l’humanité comme un bloc homogène. Leur travail échappe à cet écueil, en distinguant chaque fois que possible pays riches – ceux de l’Organisation de coopération et de développement économiques (OCDE) –, pays émergents – Brésil, Russie, Inde, Chine, Afrique du Sud – et pays en développement. Il apparaît que « la part du lion » de la consommation de biens reste celle des pays de l’OCDE, qui possédaient en 2010 près des trois quarts de la richesse mondiale (somme des produits intérieurs bruts), alors qu’ils ne totalisaient que 18 % de la population. Cela, même si le poids des nations émergentes va croissant.

« MARQUEURS » IMPRIMÉS PAR L’HUMANITÉ

« Il s’agit d’une étude de très grande qualité, qui concorde parfaitement avec nos propres résultats », commente Jan Zalasiewicz, professeur de géologie à l’Université de Leicester (Angleterre) et membre du Groupe de travail sur l’anthropocène, un réseau interdisciplinaire de chercheurs œuvrant pour la Commission internationale de stratigraphie. Avec ving-cinq autres scientifiques de douze pays, il vient en effet de publier, dans la revue Quaternary international, une analyse qui retient elle aussi le milieu du siècle passé comme début de la nouvelle époque géologique. Cela, à partir d’une approche stratigraphique fondée sur les « marqueurs » imprimés par l’humanité dans la biosphère.

A ce titre, l’explosion de la première bombe atomique de l’Histoire, le 16 juillet 1945 dans le désert du Nouveau Mexique – quelques semaines avant les bombardements d’Hiroshima et Nagasaki –, pourrait être considérée comme le point de départ de l’anthropocène, dans la mesure où la dissémination des matières radioactives autour du globe constitue « un signal attribuable sans équivoque aux activités humaines ».

RÉPONSE EN 2050

Entré dans une ère nouvelle, donc, l’Homme est-il condamné à l’emballement d’une « grande accélération » impossible à stopper ou même à ralentir ? Tout en constatant que la course en avant s’est poursuivie de plus belle au cours de la décennie 2000-2010, Will Steffen et ses collègues relèvent quelques (rares) signes de ralentissement. La croissance démographique mondiale faiblit. La construction de grands barrages stagne depuis une quinzaine d’années, les possibilités de nouveaux aménagements se raréfiant. Et le « trou » dans la couche d’ozone au-dessus de l’Antarctique est en voie de se résorber, du fait du bannissement des composés chlorés.

Qu’en sera-t-il du futur ? « Les cinquante prochaines années apporteront-elles le grand découplage [entre développement économique et impacts sur le système terrestre, par exemple par la promotion des énergies renouvelables] ou le grand effondrement ?, questionnent les auteurs au terme de leur étude. Cent ans après l’avènement de la grande accélération, en 2050, nous connaîtrons sûrement la réponse. »

Obama commet de graves erreurs de stratégies décisionnelles politiques

Le discours de l’état de l’Union d’Obama (1) est un parfait exemple d’incohérence politique résultant de l’absence de recherche en architecture sociale pour approfondir notre connaissance afin d’améliorer l’exactitude de nos analyses des problèmes sociaux dans le but de prendre de bonnes décisions.

Obama a raison de vouloir imposer et taxer 1% des individus les plus riches des États-Unis. Ces citoyens s’enrichissent monétairement en exploitant des failles conceptuelles dans les législations du système économique monétaire. Ils ne participent pas ou très peu à la redistribution de la richesse et sont responsables de l’accroissement des inégalités par la concentration de l’argent mondial immobilisé dans leurs actifs. Cet argent qui n’est plus en circulation freine l’activité économique monétaire.

Ne serait-il pas préférable de revoir ces législations pour identifier et combler les failles conceptuelles? Ne serait-il pas préférable d’opter pour un modèle économique favorisant une distribution égalitaire et équitable de la richesse en donnant accès à l’éducation gratuitement et à vie? (2) Et puisque l’argent n’existe pas dans l’environnement biophysique ni dans l’environnement humain, pourquoi maintenir encore ce concept antique dans l’environnement social avec tous les inconvénients qu’il engendre? (3) N’est-il pas temps de baser notre économie sur la connaissance afin de résoudre nos problèmes de civilisation plutôt que sur l’argent qui en provoque? (4)

Obama commet également une grave erreur de stratégie comportementale décisionnelle induite par la culture politique en affirmant vouloir accentuer la lutte contre le terrorisme.

La recherche en architecture sociale démontre que le terrorisme est une stratégie comportementale réactionnelle contextuelle à un ensemble d’éléments sociaux constituant une situation de vie quotidienne oppressive défavorable pour une population. N’importe quel groupe d’individus maintenu dans une telle situation sociale voit accroitre le risque d’adopter des stratégies comportementales réactionnelles agressives, voire d’opter ou d’être facilement entraîné dans le terrorisme comme moyen de défense, d’expression et de libération de ces situations sociales oppressives.

Lutter contre les terroristes est similaire à prendre de l’acétaminophène pour contrer une douleur causée par un cancer! M. Obama fait complètement fausse route avec cette stratégie politique. Il ferait mieux de chercher à comprendre ce qui déclenche le terrorisme afin d’agir pour résoudre les situations sociales oppressives qui en sont la cause.

Les actions pour tenter d’affaiblir ou de détruire le groupe terroriste «état islamique» ne vont qu’envenimer la situation en ajoutant une oppression politique et militaire à l’oppression sociale déjà très forte sur certaines populations musulmanes. Cette grave erreur de stratégie politique ne règlera rien. Néanmoins, tous les politiciens semblent y participer parce que leurs électeurs souhaitent avoir le sentiment de vivre en sécurité. Si nos sociétés assuraient justement la sécurité alimentaire et économique ainsi que l’épanouissement de tous les citoyens, ces comportements seraient plus rares…

 

Stéphane Brousseau – Directeur de recherche

 

 

(1) http://www.journaldemontreal.com/2015/01/20/il-faut-remodeler-leconomie-pour-les-classes-moyennes-dit-obama

(2) http://queau.eu/post/2014/11/29/Les-1%25-contre-le-reste-du-monde%2C-premier-round

(3) http://quebec.huffingtonpost.ca/stephane-brousseau/rapport-bape-milieu-des-affaires_b_6353674.html

(4) https://irasd.wordpress.com/2014/12/31/lhomme-espece-en-danger-depuis-1780/

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http://www.journaldemontreal.com/2015/01/20/il-faut-remodeler-leconomie-pour-les-classes-moyennes-dit-obama

Obama vante le début d’une nouvelle ère pour les États-Unis

«Ce soir, nous tournons la page» : porté par une série de bons indicateurs économiques, Barack Obama a vanté mardi le début d’une nouvelle ère pour les États-Unis, demandant au Congrès réuni au grand complet de s’attaquer aux inégalités.

Mettant en exergue le chemin parcouru depuis la «violente récession» qui frappé son pays et le monde, le président des États-Unis, a proposé, lors du traditionnel discours sur l’état de l’Union, d’augmenter la pression fiscale sur les foyers les plus aisés, une réforme qui devrait se heurter à la vive opposition des républicains.

«Accepterons-nous une économie où seuls quelques-uns s’en sortent de manière spectaculaire?», a lancé M. Obama dans un discours à la tonalité optimiste, à deux ans jour pour jour de son départ de la Maison-Blanche.

S’appuyant sur une économie en croissance, des déficits en baisse et une production énergétique «en plein essor», il a proposé en particulier la suppression d’une niche fiscale sur la taxation des revenus du capital qui frapperait presque exclusivement 1% des contribuables les plus riches.

Outre la réforme fiscale, il aussi proposé la simplification de l’accès à la propriété, la hausse du salaire minimum, le développement des congés maternité et des congés maladie, ou encore la gratuité sous conditions des «community colleges» qui offrent des formations universitaires courtes.

Mais le débat s’annonce déjà stérile, et les deux camps se renvoient la responsabilité du blocage. «Augmenter les impôts pour les Américains qui réussissent ne va pas aider ceux qui ont des difficultés à réussir», a estimé le sénateur républicain Marco Rubio, qui pourrait se lancer dans la course à la Maison Blanche en 2016.

Rare sujet sur lequel M. Obama peut espérer un vote favorable de ses adversaires républicains: les accords de libre-échange avec l’Union européenne et la région Asie-Pacifique. Il a en outre sollicité auprès du Congrès l’adoption d’une «procédure accélérée» de négociation, contestée par ses alliés démocrates, qui lui donnerait des pouvoirs accrus de négociation.

Sur le front international, M. Obama a affiché la solidarité des Etats-Unis avec toutes les victimes du terrorisme «d’une école du Pakistan aux rues de Paris». «Nous allons continuer à chasser les terroristes et à détruire leurs réseaux, et nous nous réservons le droit d’agir unilatéralement», a-t-il ajouté.

Lever l’embargo contre Cuba

Le 44e président des États-Unis a dénoncé «la résurgence déplorable de l’antisémitisme dans certaines parties du monde», condamnant par ailleurs «les stéréotypes insultants contre des musulmans, dont la grande majorité partage notre engagement pour la paix».

Quelques heures avant la début de son discours, M. Obama avait appelé mardi son homologue français François Hollande pour faire en point sur l’enquête en cours après les attaques meurtrières qui ont frappé Paris début janvier.

Saluant l’impact des sanctions imposées contre la Russie en réponse à son «agression» contre l’Ukraine, M. Obama a jugé que cela démontrait la puissance de la diplomatie américaine. «Nous défendons le principe selon lequel les grandes puissances ne peuvent malmener les petites», a-t-il martelé sous des applaudissements nourris.

Le président américain a promis la victoire face à l’organisation de l’Etat islamique (EI) en Irak et en Syrie, tout en réaffirmant une nouvelle fois que le combat sera long et difficile. «Cet effort prendra du temps […) mais nous réussirons», a-t-il lancé à la tribune.

«Au lieu d’être happé dans une nouvelle guerre au sol au Moyen-Orient, nous conduisons une large coalition, comprenant des pays arabes, pour amoindrir et, au bout du compte, détruire ce groupe terroriste», a-t-il ajouté, jugeant que les Etats-Unis étaient plus forts lorsqu’ils combinaient «puissance militaire et forte diplomatie».

Saluant la présence de l’Américain Alan Gross, libéré en décembre par Cuba après cinq ans de prison, M. Obama a appelé le Congrès à lever l’embargo économique contre La Havane, dans le cadre du rapprochement historique entre les deux pays annoncé le 17 décembre.

Les États-Unis et Cuba tiendront mercredi à La Havane une première série d’entretiens officiels de haut niveau pour concrétiser le rétablissement de leurs relations diplomatiques, rompues depuis 1961.

Dès le matin, des représentants s’étaient installés dans l’hémicycle de la Chambre des représentants pour réserver un siège le long de l’allée par laquelle est entré Barack Obama, annoncé par un huissier peu après 21h0.

En surplomb, les tribunes du public étaient pleines à craquer de plusieurs centaines de personnes, proches des élus et invités d’honneur. Dans l’hémicycle, une élue démocrate avait distribué des crayons jaunes qui ont été brièvement brandis pendant le discours pour rendre hommage aux victimes de l’attentat contre Charlie Hebdo.

En 2016, les 1% les plus riches possèderont plus que le reste de la population mondiale

Un système économique qui favorise l’accroissement des écarts sociaux est un système déficient qui met à risque la stabilité sociale et la pérennité entière de la civilisation.

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http://4emesinge.com/en-2016-les-1-les-plus-riches-possederont-plus-que-le-reste-de-la-population-mondiale/

En 2016, les 1% les plus riches possèderont plus que le reste de la population mondiale

Ce 19 janvier 2015, Oxfam publie son dernier rapport sur la répartition des richesses dans le monde. Sans surprise, les 1% s’accaparent une part toujours plus grande des richesses par rapport aux années précédentes. Les chiffres qui donnent le tournis font voler en éclat quelques certitudes. Voici notre sélection de 6 chiffres clés de l’étude dont on peut tirer un enseignement.

Le rapport consultable gratuitement en ligne révèle une fois encore l’ampleur des inégalités dans le monde. Sur base des données fournies par le Crédit Suisse, l’ONG tire quelques chiffres et conclusions qui font froid dans le dos.

1. La « moitié de la terre » appartiendra sous peu au 1%

richesse_pauvreComme si la crise avait profité aux plus fortunés, on constate dans l’étude d’Oxfam que 2008 fut une année charnière. Alors que la part des richesses semblait augmenter au profit des 99%, tout bascule après 2008 en faveur des 1%. Très précisément, ce sont 48% des richesses qui sont détenues par les 1%, laissant 52% aux moins riches. La courbe semble indiquer que la tendance pourrait aller en s’accentuant. D’ici deux ans, les 1% les plus riches vont cumuler à eux seuls plus de richesses que 99% de la population.

2. Les 52% restants bénéficient aux 99%, mais pas vraiment…

On pourrait croire que les 99% se partagent le pactole des 52% des richesses restantes. C’est loin d’être aussi évident. En réalité, seulement 20% du monde restant (les plus riches de la planète excepté les 1%) se partagent les 52% de la richesse, celle n’appartenant pas aux 1%… Donc, si on oublie un instant les 1% milliardaires, 20% du monde profite de la quasi totalité des richesses disponibles. Si vous faites partie de la classe moyenne occidentale, vous êtes probablement dans cette catégorie des 20%. Ce qui signifie que les 80% de la population, soit la majorité, doit aujourd’hui vivre sur les restes d’autres restes…

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3. 80 % de la population mondiale se partage 5,5 % des richesses

Si on enlève les 1% des plus riches et les 20% « moins riches » , il ne reste que 5,5% des richesses à partager entre 80% de la population. En d’autres termes, la majorité actuelle du monde doit se contenter des miettes. Derrière des chiffres impressionnants, ceci peut se caractériser dans les faits soit par un manque d’accès à des ressources, soit par la misère, la maladie, la famine ou la mort.

Les critiques diront qu’il suffit que ces 80% se développent à leur tour sans nécessairement s’accaparer les richesses des plus riches. Cependant, le partage des ressources dans un espace limité qu’est la terre ne donne pas vraiment raison à cette hypothèse. Si le développement doit effectivement se dérouler dans une mesure juste, ceci ne suffira pas pour justifier un équilibre de la répartition des richesses, donc de l’accès aux ressources.

Notons que seulement 80 personnes se partagent 1 900 milliards de dollars en 2014, soit 600 milliards de plus en 4 ans, la moitié du monde, alors que 3,5 milliards de personnes les moins riches doivent se partager les mêmes richesses que ces 80 personnes extrêmement fortunées.

4. Les riches encore plus riches, les pauvres toujours plus pauvres

riche_on_vous_emmerdeOn vous a probablement répété l’idée que l’augmentation des richesses est profitable à tous ? C’est peut-être vrai dans une certaine mesure, localement, avec un système de partage efficace. Mais à l’échelle mondiale, où la finance et un capitalisme de connivences règnent, rien ne semble plus faux depuis la crise. Ainsi, l’étude constate que dans la période où le patrimoine des plus riches explose de manière démesurée, celui des moins riches a fortement diminué, jusqu’à un croisement de courbes. Fin de la « théorie du ruissellement ».

5. 30% des milliardaires sont américains. 90% sont des hommes.

La caricature serait-elle proche de la réalité ? L’étude révèle également que la richesse est très injustement répartie surtout de manière géographique et sexuelle. La richesse a une forte tendance à se concentrer dans les pays occidentaux et dans les mains de la gente masculine. L’argent étant directement lié au pouvoir, on vous laisse tirer les conclusions que vous voudrez quant à l’égalité des sexes toute relative, chez les petits comme chez « les grands » de ce monde.

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6. Ces milliardaires investissent dans le lobbying pour manipuler les règles.

Face à ces chiffres impressionnant, la tolérance voudrait qu’on puisse au pire se réjouir de la réussite d’une poignée d’individu, au mieux détourner le regard. Mais ces richesses ne sont pas simplement des chiffres stockés dans des ordinateurs. Ils ont le pouvoir de modeler le monde à travers le lobbying.

Qu’est-ce que ceci indique ? Que les intérêts particuliers d’une poignée d’individus font obstacle à un monde plus juste. En effet, pour préserver leur pouvoir, ces 1% ont tout intérêt à investir dans des outils légaux comme des lobbies dont la puissance n’est plus à démontrer. Rien qu’à Bruxelles, c’est près de 5 kilomètres carrés de bâtiments qui sont consacrés au lobbying. Ceci apparait comme étant un obstacle majeur au développement d’une société sereine et tout aussi grave encore, à la préservation de l’environnement et donc de notre capacité à survivre ensemble sur terre. Rappelons enfin que ceci se déroule alors que 4 des 9 limites planétaires sont déjà franchies si on en croit les dernières études publiées dans Science ce début 2015.

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Voici la (petite) bonne nouvelle !

La « bonne nouvelle » si on en croit Oxfam, c’est que l’Humanité baigne dans la richesse. Il y a largement assez pour tous. Concrètement, Oxfam indique 9 solutions pour endiguer cet accaparement de la richesse mondiale produite par tous et chacun. Parmi ces solutions : des services publics 100% gratuits et un revenu de base universel ! Notons également qu’en 20 ans, le nombre d’affamés est passé de 24% à 14% de la population mondiale. L’extrême pauvreté recule, mais beaucoup trop lentement alors qu’une pauvreté « normale » semble se maintenir… Mobilisons-nous !

Article relayé depuis Mr.Mondialisation

Le rapport Oxfam 2015

L’enfance misérable des frères Kouachi – Reporterre

Voilà qui corrobore l’explication de Boris Cyrulnik : des gens opprimés, maintenus dans la misère par le système social et qui deviennent des proies faciles à enrôler dans une action terroriste pour se venger.

Cette situation est symptomatique des défauts conceptuels et organisationnels de l’environnement social qui favorise la création d’inégalités et de l’oppression exercée sur des populations d’individus de la société.

Il s’agit là d’un fait très commun dans l’étude et l’analyse des stratégies comportementales sociales induites par des situations provoquées par l’incapacité structurelle du système social à générer de l’équité et de l’épanouissement.

Les mêmes causes sont à l’origine de la criminalité, des meurtres et du phénomène social des gang de rues chez les jeunes. Ces causes sont également à l’origine du phénomène des sans-abris ou sans-papiers.

http://www.reporterre.net/L-enfance-miserable-des-freres

L’enfance misérable des frères Kouachi

Quelle était l’enfance de Chérif et Saïd Kouachi, les deux hommes qui ont assassiné les journalistes et les policiers à Charlie Hebdo? Une enfance misérable, de père absent et de mère prostituée, dans un immeuble populaire du 19e arrondissement de Paris. Evelyne les a connus, elle témoigne. Un document exclusif de Reporterre

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Elle en rêvait, de son logement social. Elle pose donc meubles, enfants, mari, dans un F4 du 156 rue d’Aubervilliers, à Paris. Avec son CAP de comptabilité, Evelyne s’en va chaque matin travailler tout près de la cité, en plein 19e arrondissement. Nous sommes dans les années 1980. La mixité sociale n’est encore qu’une théorie, un concept.

«Ici, nous vivions entre pauvres. Et encore, la plupart des gens, une fois passées quelques années, partaient ailleurs. Le quartier craignait vraiment. Nous avons décidé de rester pour changer notre environnement nous-mêmes, nous les locataires du 156. Nous voulions sauver notre quartier.»

Un enfant comme les autres

Alors, Evelyne crée des associations. L’une d’elles, Jeunes et locataires, voit le jour dans les années 1990. Son but est de sortir les enfants, de leur faire découvrir autre chose «que le ghetto». Son association est une des rares à traverser le temps, elle existe pendant plus de dix ans. Elle parvient à dégoter quelques subventions, alors elle prend la main des gamins du quartier et les emmène ailleurs. Un goûter dans un parc, une sortie dans un beau quartier de Paris, et même un jour : Eurodisney.

On la prévient, dans la bande des enfants, l’un est particulièrement coquin, voire turbulent. Il s’appelle Chérif. Il se balade toujours avec son grand frère Saïd, plus discret. À croire que le plus petit est l’aîné. Saïd pleurniche tout le temps, et suit toujours son cadet. Evelyne surveille le cadet «comme du lait sur le feu».

«J’adorais cet enfant. Il suffisait qu’on le cajole, qu’on le prenne dans les bras pour qu’il se calme. Moi, je l’ai trouvé touchant, ébahi comme tous les autres par la bande à Mickey.» Un enfant comme les autres, qui croit en la magie de Disney, et qui se calme dès qu’on l’apaise. «On les emmenait au cinéma, Chérif adorait y aller.»

Mère en détresse

Sa mère n’a pas d’argent pour payer la cantine, et elle n’est pas du genre à demander de l’aide. Evelyne qui aide tout le monde à faire ses papiers, ne l’a jamais vue dans son bureau. On ne sait rien du père, et peut-être même les enfants ont-ils des pères différents. Ils ont toujours vécu ici, nés en 1980 et 1982. Deux des cinq enfants ont déjà été placés ailleurs par les services sociaux, quand Evelyne suit Cherif et Saïd.

Quelques mois après la sortie à Eurodisney, Chérif rentre de l’école comme chaque midi. Accompagné comme toujours de son grand frère, il découvre ce midi-là, en plein milieu de l’appartement, sa maman morte. Morte de quoi? Elle aurait avalé trop de médicaments. Pour beaucoup, il s’agit d’un suicide.

Finalement, tout le monde connaissait le quotidien de cette mère célibataire. Et les langues des habitants du quartier finissent par se délier. Elle ne parvenait plus à subvenir aux besoins de ses cinq enfants, elle avait fini par faire le trottoir pour arrondir les fins de mois. Elle serait morte, selon la gardienne qui était la seule qui lui parlait, enceinte d’un sixième enfant.

Les enfants sont orphelins, Saïd a douze ans, Chérif a dix ans. Ils quitteront le 156, pour passer leur adolescence, en Corrèze, dans un établissement de la Fondation Claude Pompidou

« On aurait dû aider cette maman »

Evelyne l’a reconnu sur sa télé mercredi 7 janvier. «J’ai appelé mon gendre, qui lui aussi a grandi dans le quartier. Il m’a bien confirmé. J’ai pleuré. Je me suis dit que je suis responsable. J’aurais dû aider cette maman. On n’aurait jamais dû emmener les enfants à Eurodisney, avec cet argent-là, on aurait dû aider cette maman. Chérif avait une dizaine d’années, pas plus. Finalement, à n’avoir rien vu, nous avons tué cette mère et avons été incapables de sauver ses enfants.»

Evelyne est inconsolable devant sa télévision. «Chérif était un enfant comme les autres. Mais il n’aura pas reçu d’amour… Il a trouvé dans le fanatisme religieux, la famille qu’il n’a jamais eue. Ils ont su lui monter la tête. En même temps, c’est facile de s’en prendre à des gamins aussi isolés et fragiles. Personne n’était là pour le remettre dans le droit chemin.»

« S’il avait eu une enfance heureuse, serait-il devenu terroriste?

Evelyne tient pour responsable la politique de la Ville. «Le but était de parquer là les pauvres. Et personne ne s’en occupait. Les assistantes sociales démissionnaient une à une. Elles avaient trop de boulot par chez nous, elles préféraient se faire muter ailleurs. Alors chaque mois, on avait une nouvelle personne qui reprenait notre dossier, et au final, on n’avançait pas.»

Evelyne en veut aussi beaucoup au manque d’encadrement des enfants. «Il n’était pas rare que l’on voit des enfants de cinq-six ans traîner devant l’immeuble à minuit. Chérif lui, était comme abandonné. Je me souviens d’un jour durant lequel nous organisions un goûter. Nous n’avions pas de local, alors nous allions dans les caves. Je suis remontée chercher des gobelets, et là, j’ai vu un gardien demander à Chérif, qui était tout maigrelet, de se mettre à genoux pour demander pardon, parce qu’il avait fait une bêtise. Comme il n’avait pas de papa, et une maman absente, il était un peu le souffre-douleur. Enfin, je ne voudrais pas que vous pensiez que je le défends. Mais je veux dire, s’il avait eu une enfance heureuse, serait-il devenu un terroriste?»

Elle raconte aussi, pour expliquer le contexte de désarroi, l’histoire d’un autre jeune, habitué de la brigade des mineurs, qu’elle faisait dormir chez elle, parce qu’il était battu par sa maman. Un jour, il fugue, les premières nuits, il dort sur le toit. Evelyne finit par le ramasser, lui faire passer une nuit dans le lit de son fils. Le matin, elle le dépose à la police. C’est un habitué, quatre fois qu’il vient. La première fois, à cause d’une brûlure au troisième degré causé par un fer à repasser. Evelyne se met en colère : «Combien de fois devrai-je vous l’amener avant que vous le retiriez de sa mère?»

Mais le policier veut d’abord savoir comment l’enfant a vécu pendant ces huit jours d’errance. Il comprend tout, quand l’enfant parle d’un monsieur. «Les enfants étaient tellement laissés à l’abandon que le 156 était devenu un repère de pédophiles. Ils passaient le soir, les gamins étaient livrés à eux-mêmes sur le parking. Les parents ne les cherchaient pas…»

« Nous étions entourés de violence »

Evelyne en a marre : «Nous avions quatre centres sociaux dont La maison des copains de La Villette, Action fraternelle, ou encore Espace 19, mais les éducateurs, salariés, n’étaient pas plus âgés que les délinquants et leur donnaient rendez-vous dans les cafés à fumer des clopes et boire des verres. Moi, j’appliquais la méthode bénévole de la ’maman’ et je n’ai jamais eu de problème avec ces jeunes. Sont-ils totalement responsables de ce qu’ils deviennent? Délinquants, drogués, et pour les frères Kouachi, ces monstres incompréhensibles?»

Marise (prénom modifié) se pose la même question. À l’époque, elle aussi habite le quartier. Militante, elle multiplie les associations pour venir en aide aux quartiers difficiles. «J’ai vécu de bons moments. Mais avant les années 90, et la prise de conscience que la mixité sociale était indispensable, nous ne parlions pas de ça lors de nos réunions politiques. (NDLR : Marise a d’abord été militante au PC, puis au PS). La société délaisse les pauvres, les met en colère, les rend violents, puis parfois haineux.»

«Les seuls qui acceptaient de vivre au 156 étaient les sans-abris. Nous étions entourés de violence.» Evelyne renchérit. «Je me souviens de ces gamins dont le père était toujours saoûl, et s’endormait avant que les enfants ne rentrent de l’école. Il fermait à clef, les enfants dormaient dans les escaliers. Nous faisions des signalements, mais même les professeurs ne disaient rien… C’est une société entière qu’il faut condamner d’avoir laissé grandir des enfants dans une telle misère.»

« Terreau fertile »

Evelyne, chrétienne qui pense qu’il faut savoir rire de tout, savait que doucement l’islam gagnait dans le quartier. «Je voyais de plus en plus de femmes porter le voile, puis avoir des propos de moins en moins laïcs.» Marise acquiesce : «Au début, dans les années 90, un des pratiquants de la mosquée de la rue de Tanger faisait partie du Conseil de Quartier. On l’aimait beaucoup, il était très laïc, très ouvert. Nous faisions nos réunions dans la mosquée. Je trouvais cela formidable. Puis notre ami, un jour nous a dit qu’il quittait la mosquée, qu’il ne se retrouvait plus dans les paroles de l’imam. Dès lors, la porte de la mosquée nous est restée à jamais fermée, et nous voyions le changement dans le comportement. Les salafistes ont petit à petit pris possession des lieux, jusqu’à l’arrestation de la cellule des Buttes Chaumont.»

Marise pense que l’intégrisme ne peut prendre racine que sur ce genre de terreau fertile où la précarité et l’abandon ont pris la place normalement nécessaire de l’intégration. «Mais je suis optimiste, depuis l’avènement de la mixité sociale, les choses vont mieux. Je reste persuadée que la mixité était la bonne solution. En revanche, ces enfants nés dans le triple abandon, d’une société, parfois de racines, et encore pire d’éducation, n’ont pas pu apprendre les limites, pas pu s’intégrer… Et ils ont trouvé refuge dans la délinquance, la violence, la prison, et parfois dans l’intégrisme religieux. Il reste cependant de nombreuses structures à créer pour prévenir, intégrer, encadrer. Tenez, pour l’intégration, moi j’aime beaucoup animer l’atelier tricot au Centre Social Riquet mais je dis aux femmes d’arrêter de parler une langue entre elles que je ne comprends pas, j’ai l’impression qu’elles parlent de moi. Ça les fait rire. Mais finalement, parler le même langage quand on est ensemble, c’est plus simple non?»

Pour Marise, «nous sommes responsables de ne pas avoir offert une jeunesse équilibrée à ces mômes, en n’ayant jamais vu la souffrance de leur mère, leur désarroi d’orphelins… Mais ce n’est pas une excuse pour tuer les autres et ne pas avoir le recul face à l’absurdité du fanatisme…»

Evelyne, elle, qui a pris sa retraite et vit maintenant dans la région Centre, concède : «Je ne devrais pas le dire, vous allez me prendre pour une folle, mais quelque part, moi ces gamins-là, je les plains…»

Le système économique monétaire : un trou noir pour l’humanité

L’économie monétaire est caractérisée par la nécessité absolue de croissance infinie sans aucune limite. Cette croissance augmente continuellement la pression fiscale.

https://irasd.wordpress.com/2014/10/28/les-pressions-nefastes-de-leconomie-monetaire/

Parce que nous choisissons un modèle qui favorise et crée les inégalités, la capacité des consommateurs diminue, la détresse et la frustration augmentent et les instabilités sociales sont la conséquence.

https://irasd.wordpress.com/2014/10/23/les-inegalites-un-choix-de-societe-irec-institut-de-recherche-en-economi-e-contemporaine-quebec/

Tel un trou noir qui accumule de la matière, ce modèle non viable concentre la richesse et va finir par s’effondrer sur lui-même et sur nous tous, absorbant toute possibilité de développement individuel nécessaire pour l’innovation au profit de la collectivité.

La civilisation humaine est à risque.

L’homme lui-même, doit être à la base de l’économie et non l’argent. Car ce qui fait la valeur d’un groupe, sont les individus qui le composent. Il en est de même pour la société.

Changeons notre système!

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http://journalmetro.com/local/verdun/actualites-verdun/700916/les-hausses-frappent-fort/

Les hausses frappent fort

Les hausses de tarifs annoncées en début d’année sèment l’inquiétude au sein de nombreux foyers montréalais. Craignant de ne pas être capables de joindre les deux bouts en 2015, deux familles rencontrées par TC Media se sont confiées.

La STM, les frais de garderies, les taxes municipales, le permis de conduire, le panier d’épicerie, la facture d’Hydro-Québec… Des hausses qui, à force de s’accumuler, représentent des centaines de dollars de moins dans les poches des familles en 2015.

Deux familles inquiètes
Josianne Jauron est mère d’une petite fille de 6 ans et demi, travaille à temps plein comme adjointe administrative dans un centre hospitalier et demeure à Saint-Laurent. Natasha Dimaurizio et Pascal Quesnel, de Verdun, forment un couple et s’occupent de deux enfants à temps plein. La première travaille à temps partiel, car son état de santé ne lui permet pas d’emploi à temps plein, et le dernier cherche un travail et vit de l’assurance-salaire.

Deux familles bien différentes, mais qui partagent la même angoisse: comment arriver à tout payer avec les augmentations annoncées?

Moitié de son salaire en loyer
«Lorsque je fais la liste de tout ce que j’ai à payer mensuellement, ça m’étourdit, affirme Mme Jauron. Je dois déjà faire des choix déchirants: rationaliser les portions des repas, priver ma fille d’activités qu’elle aimerait faire et oublier les restaurants ou autres luxes.»

Elle habite un 4 ½ à Saint-Laurent qui lui coûte 750$ par mois, soit la moitié de son salaire brut pour deux semaines.

«S’il me reste 200$ sur ma paye une fois que j’ai payé le loyer, c’est beau. Et là-dessus, je dois me nourrir et nourrir ma fille. L’autre paye, c’est pour les factures. Il me faut au moins une paye et demie, sur mes deux payes pour tout payer.»

Elle a beau être considérée comme faisant partie de la classe moyenne, elle se sent prise à la gorge. «Tout augmente, à part le salaire. Je suis constamment en questionnement. « J’ai ça à payer, comment je vais faire ça? » J’angoisse, je ne dors plus.»

Pour contrer la hausse de la STM, elle décide de marcher pour se rendre au travail, malgré le froid. Un exercice qui lui demande une quarantaine de minutes. Lors de la vague de froid glacial, elle s’est résignée à prendre l’autobus.

«Et là, je me suis rendu compte que c’est 25¢ de plus par trajet à la STM… Quand tu es quasiment à la cenne près, c’est beaucoup. C’est déprimant et frustrant de faire un budget.»

Coincés malgré un loyer à prix réduit
Mme Dimaurizio et M. Quesnel partagent les comptes et le loyer. Ils paient 25$ par jour une gardienne pour leur fille de 3 ans et 160$ de service de garde mensuellement pour leur fils de 6 ans qui fréquente l’école.

Pour un 6 ½, ils considèrent payer des «pinottes», soit 705$ par mois et 150$ pour Hydro-Québec. Pour l’épicerie, ils doivent suivre les spéciaux et épluchent les circulaires hebdomadairement.

«Le pire, c’est que j’ai reçu une lettre d’Hydro pour me dire que j’avais consommé moins d’énergie que l’année dernière. Eh bien, ma facture a augmenté de 10$ par mois», enrage M. Quesnel.

Moins d’activités en famille
Le couple doit également faire des choix déchirants. «On ne peut pas se permettre des sorties de couple, raconte la mère. Payer une gardienne, c’est impossible. On peut des fois sortir une fois par mois, si ma mère est disponible pour garder.»

Ses deux enfants aimeraient suivre des cours de danse, mais le couple ne peut pas se le permettre. «Si je n’avais pas mon conjoint, je n’y arriverais absolument pas», explique Mme Dimaurizio.

Le couple est cynique devant ces augmentations annuelles. «Je ne sais pas ce que ça va être pour nos enfants quand ils seront plus vieux… On ne vit pas dans le luxe, on n’achète pas des choses dont on n’a pas besoin, et on ne peut jamais mettre de l’argent de côté, car on arrive toujours juste», conclut Mme Dimaurizio.

Selon Statistique Canada, à Montréal, 13 875 résidents vivent dans un ménage à faible revenu après impôt (22,8% des Montréalais). 29% de la population vit sous le seuil de faible revenu (avant impôt).

Demain le film présenté par Cyril & Mélanie

S’il existe autant d’idées que d’individus et autant de problèmes que de solutions, il importe que les solutions issues de ces idées soient intégrées collectivement afin de répondre à nos objectifs de civilisation.

La principale difficulté de l’humanité qui est aussi le principal obstacle à la réussite de ces multiples projets réside dans cette capacité à les intégrer pour en faire des solutions globales bien intégrées et généralisées aux situations qu’elles résolvent.

Appliquer des solutions localement ne règle pas les problèmes globalement. Il faut intégrer ces solutions dans des modèles d’orientations.

L’architecture sociale permet de faire cette démarche tout en instaurant les modèles opérationnels requis pour la prise en charge de ces solutions par les institutions du système social.

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Demain le film

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Message

Un immense merci à tous ceux qui se mobilisent pour le projet, qui sont derrière nous, nous encouragent et nous témoignent à quel point ils pensent que ce film est nécessaire. Nous sommes bouleversés, émerveillés et profondément renforcés par toute cette énergie positive.

Le 27 mai, nous avons lancé cette campagne parce que nous avions besoin de démarrer le tournage et compléter ce que nous espérions des partenaires cinéma et télévision. Et parce qu’il nous paraissait indispensable que ce film soit porté par un mouvement. Trois jours plus tard, l’objectif était atteint.

Nous mesurons à quel point le sujet que nous essayons de porter (le changement de la société, l’écologie…) trouve un écho fort, dans un temps où nous voyons des crises toujours plus profondes secouer notre démocratie, notre économie, nos écosystèmes. Pour nous, cette mobilisation est une preuve supplémentaire qu’il faut proposer un nouvel horizon et vite. C’est aussi une grande responsabilité pour nous.

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Nous recevons beaucoup de questions à propos de la suite du financement, à savoir s’il est possible de continuer à donner. Nous y avons bien réfléchi et, oui, nous vous proposons de poursuivre votre soutien à ce projet s’il a du sens pour vous.

Nous avons déjà atteint notre objectif, donc tout ce qui peut se produire maintenant est une sorte de bonus. Nous comprenons que faire partie de ce projet, même en donnant quelques euros, est très fort pour beaucoup d’entre vous. Et cela l’est énormément pour nous ! Plus la part du budget sera « citoyenne », plus nous serons libres et plus nous enverront un message extraordinaire à tous ceux qui verrons ce film. Et si le film était en majorité financé par des hommes et des femmes, des entrepreneurs, par une partie de ceux qui sont en train, ou qui veulent, construire ce nouveau monde ? Ce serait extraordinaire…

Parallèlement, nous allons créer une vaste plateforme sur le Web nous permettant de recenser et de relier un maximum de projets et de communautés qui changent le monde un peu partout sur la planète. Nous allons également construire et agréger des outils aidant tous ceux qui auront vu le film à se mettre en action dès le lendemain. Nous sommes déjà un mouvement, une vague et cette vague peut participer à changer le monde.

Cyril & Mélanie

Le-projet

Beaucoup de choses ont été essayées pour résoudre les crisesécologiques et économiques. Et elles n’ont pas vraiment marché. Selon Muhammad Yunnus, prix Nobel de la Paix, le moteur le plus puissant de l’être humain est son désir, et son imagination. Pour lui, il faut aujourd’hui faire des films, raconter des histoires qui nous donnent envie de construire un autre monde. C’est ce qu’ont décidé de faire Cyril Dion et Mélanie Laurent en mettant bout à bout les solutions que nous connaissons dans tous les domaines pour montrer à quoi notre société pourrait ressembler demain…

Comment

Pendant 7 ans, Cyril a dirigé Colibris, une ONG qu’il a participé à fonder avec Pierre Rabhi et quelques amis. A force de chercher comment faire bouger la société, une évidence s’impose à lui : si nous voulons donner envie au plus grand nombre de construire un monde meilleur, il faut lui donner un visage. Montrer à quoi il pourrait ressembler et créer l’envie d’y habiter.

Annoncer les catastrophes, empiler les désastres écologiques et économiques ne suffit pas à déclencher un sursaut. Nous avons besoin d’imaginer le futur, de le rêver, pour le mettre en œuvre. Et rien n’est plus puissant que le cinéma pour y parvenir. Fin 2010, après la sortie du film de Coline Serreau « Solutions locales pour un désordre global » auquel il a collaboré, il commence à écrire ce qui deviendra « DEMAIN ».

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Depuis plusieurs années, Mélanie est engagée auprès d’ONG comme La Fondation Danielle Mitterrand ou Greenpeace avec qui elle s’est beaucoup impliquée contre la surpêche. En 2011, elle rencontre Cyril et participe en 2012 à la campagne « Tous candidats » de Colibris.

Entre temps, elle réalise son premier long-métrage « Les Adoptés ». Quelques mois plus tard, elle est la narratrice du documentaire « The End of the Line » dénonçant l’épuisement des ressources océaniques. En 2012 et 2013, elle mène le volet français de la campagne européenne Fish fight, qui a mobilisé plus de 860 000 personnes pour demander -et obtenir- une nouvelle loi européenne interdisant les rejets de poissons en mer et la surpêche.

A l’été 2012, Cyril propose à Mélanie de réaliser le film avec lui. Elle accepte sans hésiter. « DEMAIN » est sur les rails.

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L_histoire

Alors que l’humanité est menacée par l’effondrement des écosystèmes, Cyril, Mélanie, Alexandre et Laurent, tous trentenaires, partent à travers le monde en quête d’une solution capable de sauver leurs enfants et, à travers eux, la nouvelle génération. A partir des expériences les plus abouties dans tous les domaines (agriculture, énergie, habitat, économie, éducation, démocratie…), ils vont tenter de reconstituer le puzzle qui permettra de construire une autre histoire de l’avenir.

Selon Mohammed Yunnus, prix Nobel de la Paix, seule l’élaboration de cette nouvelle vision du futur, à partir des solutions du présent,sera assez puissante pour entraîner un grand nombre d’habitants de la planète dans la construction d’une société nouvelle ; à l’instar de ce que le rêve « du progrès » a suscité au XXe siècle.

Pour y parvenir, les protagonistes vont se rendre dans 9 pays : la France et l’île de la Réunion, le Danemark, la Finlande, l’Inde, la Grande-Bretagne, les Etats-Unis, la Suisse, la Suède et l’Islande et vivre quelques aventures…

Ce film est à destination du grand public, en France, en Europe et dans le monde. Il sera élaboré en version française et anglaise. Il reprend des exemples que les plus engagés dans ces questions connaissent souvent, mais que la plupart des gens doivent encore découvrir !

Surtout, sa grande originalité sera de les mettre bout à bout, comme un système, pour montrer qu’elles forment déjà un modèle de société cohérent.

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INTRODUCTION

Mélanie, Cyril, Alexandre et Laurent découvrent plusieurs études internationales dont une publiée dans la revue Nature, et une co-financée par l’un des laboratoires de la Nasa, annonçant un effondrement probable de notre civilisation dans les 40 années à venir. Ils ont tous des enfants et ne peuvent se résoudre à rester sans rien faire. Rapidement, ils comprennent que les démarches déjà entreprises pour mobiliser populations et gouvernants ne suffiront pas.

Après avoir fait le point avec des experts sur les principaux problèmes à résoudre, ils décident de partir en quête des meilleures solutions expérimentées aux quatre coins de la planète, qui nous permettraient d’encaisser les chocs à venir et de construire des sociétés humaines capables de perdurer. A partir de ces exemples, mis bout à bout, ils espèrent construire un récit suffisamment puissant pour inspirer un maximum de personnes à travers le monde.

ACTE 1 : SE NOURRIR

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Dans l’acte 1, l’équipe découvre qu’il est possible de produire plus de nourriture, sans engrais ni pesticides, avec peu de mécanisation et en réparant la nature plutôt qu’en la détruisant. Nous voyons comment nos villes peuvent réintégrer l’agriculture et nos campagnes se repeupler.

Nous visitons des lieux qui montrent que cela peut se faire à très grande échelle.

Des experts internationaux nous confirment que nous pouvons nourrir la France, l’Occident et les pays en développement sans pétrole et en créant de nombreux emplois grâce à l’agroécologie.

Des mains d’enfants commencent à dessiner cette nouvelle agriculture.

Mais un obstacle de taille empêche la mise en œuvre de cette vision : l’industrie pétrochimique qui tient le secteur agro-alimentaire. Pour faire muter l’agriculture, il faut opérer une vaste transition énergétique.

Nous repartons sur la route.

ACTE 2 : LA TRANSITION ENERGÉTIQUE

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Dans l’acte 2, le petit groupe découvre comment des villes et des pays s’organisent pour se passer totalement de pétrole mais également d’énergies fossiles et fissiles (nucléaire).

Nous voyons à quoi ressemble le futur de l’énergie : des millions de bâtiments qui constituent autant de petites centrales de production solaire, une exploitation intelligente de toutes les ressources renouvelables (eau, air, bois, déchets…), l’énergie stockée et redistribuée par des réseaux intelligents, sur le modèle de la diffusion de l’information sur le Web, de massives économies d’énergie. Nous mesurons que cette révolution va transformer nos habitats, nos villes, nos transports. Nous évoluons dans les endroits où cette transformation a déjà eu lieu. Nous vivons pour quelques instants dans notre vie future.

Là encore, des experts nous tracent un scénario solide, qui nous permettrait de généraliser cette révolution d’ici 2050.

Le dessin se complète… Mais, à nouveau, une épreuve se dresse devant ce futur radieux : la transition énergétique coûte cher et les Etats, les villes n’ont plus d’argent, minées par les dettes et les politiques d’austérité.

Il nous faut repartir sur la route pour trouver une solution.

ACTE 3 : MONNAIES LIBRES ET ECONOMIES LOCALES VIVANTES

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Dans cette troisième partie Alexandre, Laurent, Mélanie et Cyril constatent qu’il est possible de créer des monnaies (complémentaires aux monnaies classiques) destinées à financer les mutations dont nous avons besoin (bio, énergies renouvelables, isolation, écoles, faim dans le monde, etc.). D’ailleurs, des villes, des pays, des entreprises le font déjà et ça marche !

Parallèlement, nous comprenons que l’économie mondialisée telle qu’elle fonctionne aujourd’hui ne peut perdurer. Elle détruit la nature, épuise les ressources et renforce les inégalités entre quelques hyper riches et un nombre toujours plus grand de « pauvres ». L’équipe rencontre un réseau de 35 000 entrepreneurs américains pionniers des économies locales vivantes en réseau. Ceux-ci leur démontrent que l’ancrage territorial, l’indépendance des entreprises et la construction de réseaux est l’avenir de l’économie.

Cette vision est complétée par les pratiques de l’économie circulaire : créer des chaînes de production sans déchets où le recyclage des matières est quasiment infini et où les déchets des uns deviennent les ressources des autres.

Des mains d’enfants poussent les mains d’adultes et complètent le dessin.

Pourtant, même si cette vision enthousiasme les quatre compagnons, il reste un problème majeur : notre avidité. Malgré les crises et les difficultés, la solidarité, la coopération ne sont toujours pas la norme. Chacun tâche d’amasser pour lui-même, sans se soucier de partager ou de se modérer. Si nous voulons changer l’économie, nous avons besoin de nous transformer de l’intérieur.

Il leur faut repartir pour trouver comment éduquer les enfants à de telles valeurs dès le plus jeune âge.

ACTE 4 : EDUQUER

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Dans la quatrième partie, nous nous immergeons dans des écoles qui apprennent aux enfants, dès la maternelle et la primaire, à coopérer, à résoudre pacifiquement leurs conflits, à vivre harmonieusement avec eux-mêmes, les autres et la nature, à réapprendre des savoir-faire indispensables. A trouver quelle est leur bonne porte d’entrée pour apprendre et, surtout, comment exprimer leurs talents, exercer leurs passions.

Nous réalisons que les comportements de domination territoriale, financière, physique, sexuelle, intellectuelle, les attitudes de prédation, le consumérisme effréné, le manque d’empathie que nous pouvons avoir pour les autres ou pour la nature sont directement liés à notre éducation et aux expériences que nous vivons dans les premières années de nos vies.

Nous découvrons que des pays entiers se sont engouffrés dans l’accompagnement des enfants pour qu’une nouvelle génération émerge et résolve nombre de problèmes que nous connaissons. Et que cela peut être mis en place partout !

Des mains d’enfants, directement issues des lieux que nous venons de quitter complètent le dessin.

Nous sommes remplis d’espoir, mais une question centrale reste en suspens. Si toutes ces initiatives formidables existent et fonctionnent, comment se fait-il qu’elles ne soient pas mises en place par nos gouvernements ? Un problème de taille est face à nous : nos démocraties ne fonctionnent peut-être pas si bien…

Encore un fois, le petit groupe reprend la route pour lever ce dernier obstacle.

ACTE 5 : POWER TO THE PEOPLE

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Dans cette dernière partie, nous prenons conscience que dans le système démocratique actuel, contrairement aux idées reçues, nous avons très peu de pouvoir. Si les responsables politiques décident de ne pas agir, nous ne pouvons rien faire, ou presque. Nous découvrons alors que des mécanismes de démocratie direct présents dans certains pays, sont en mesure de renverser la vapeur et permettent aux citoyens de proposer des lois ou de s’y opposer, d’écrire ou de modifier la constitution.

En travaillant main dans la main avec des élus ils parviennent à d’extraordinaires réalisations.

Ne reste plus qu’à nous mobiliser et à être suffisamment nombreux pour représenter une masse critique…

Nous finissons par une série d’images nous montrant que ce que nous avons vu existe partout sur la planète.

Guidés par la voix off, nous découvrons en à peine quelques minutes, des dizaines d’autres initiatives extraordinaires, donnant une ampleur considérable aux quelques unes montrées dans le film :un autre monde est en marche. Dans ce bouquet final les visages, les sourires se mêlent pour constituer le dessin terminé.

Il apparaît en plein écran, en surimpression avec un paysage réel.

Noir où s’inscrit le titre du film : DEMAIN

Quelques-ex

Manger tous et sain !

Créée par Guy Watson, la ferme de Riverford (près de Totnes en Angleterre) s’étendait sur à peine quelques hectares et distribuait chaque semaine 30 paniers à des voisins et amis. Mais Guy Watson avait un rêve : fournir aux familles anglaises des légumes frais et bio, à mettre chaque jour sur leur table. Pour y parvenir, il s’est associé à des dizaines d’autres agriculteurs dans tout le pays, partageant son désir de faire pousser des aliments de qualité et les distribuer localement.

Résultat, après quelques années seulement, les fermes Riverford distribuent chaque semaine 44 000 paniers qui arrivent 48h maximum chez les particuliers de leur région. Cet exemple nous permettra de montrer comment il est possible de construire un système local de nourriture bio, à large échelle.

Mais nous irons aussi voir comment les habitants de la ville de Todmorden près de Manchester (14 000 ha) sont en train de reconstruire leur autonomie alimentaire (objectif 2018) ou comment les 1600 fermes urbaines de Détroit bouleversent cette ancienne championne de l’industrie automobile.

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La ville du futur : à la ville… comme à la campagne !

A Copenhague l’équipe va chercher comment pourrait fonctionner la ville du futur. Comment elle pourra encaisser la raréfaction des ressources et les changements climatiques.

La capitale danoise, qui vise à n’émettre plus aucun CO2 en 2025, a construit un modèle d’urbanisme où 50% des habitants de la ville se déplacent en vélo et où ils habitent à moins de trois cent mètre d’un espace vert. En 2010, elle arrivait en première place des villes les plus résistantes au changement climatique, dans l’étude du chercheur américain, Boyd Cohen. À l’horizon 2025, 75% des tous les déplacements devront être effectués, à pied, en vélo, ou en transports publics.

La gestion intelligente du trafic et des offres de transports, à elle seule, devrait générer près de 30% des réductions d’émissions prévues par le plan pour les déplacements. La ville compte déjà 350 km de pistes cyclables. La municipalité entend donner l’exemple en réduisant de 45% la consommation des ses immeubles, écoles ou bâtiments administratifs. La consommation de l’éclairage public sera réduite de 50%, grâce à l’usage de lampes LED.

Les habitants de Copenhague sont les plus grands consommateurs de denrées alimentaires biologiques au monde (51% de l’alimentation dans le domaine public et 23% chez les ménages). Un des meilleurs systèmes de traitement des déchets au monde se trouve à Copenhague. 90% des déchets de construction sont recyclés et 75% des ordures ménagères incinérées pour le chauffage urbain et transformée en électricité. Rien ne se perd.

En contrepoint plus rural, et plus au sud, nous montrerons le village Indien de Kuthambakkam, quasiment autonome en énergies renouvelables et construit avec des matériaux écologiques et locaux.

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WIR (SUISSE) : monnaies complémentaire pour une autre économie

La Suisse, pays de banques par excellence possède l’un des exemples les plus solides de monnaies complémentaires dans le monde. Créé en 1934 par 16 entrepreneurs subissant de plein fouet la crise de 1929 et la frilosité des banques, elle propose un système de crédit mutuel, permettant aux entreprises de continuer à fonctionner même lorsque les crises paralysent le système bancaire et de réaliser leurs investissement à bien plus faible coût.

Aujourd’hui, 70 ans plus tard, elle est utilisée par une PME suisse sur cinq (75.000 membres). Une étude américaine qui a porté sur une quinzaine d’années démontre que cette monnaie contribue à la solidité de l’économie nationale. En effet, en cas de crise monétaire, les entreprises échangent davantage de WIR, échappant ainsi au phénomène d’assèchement du crédit. En revanche, quand l’économie va bien, les entreprises ont moins tendance à utiliser le WIR, et utilisent davantage le Franc Suisse. Le WIR montre donc, chiffres à l’appui, qu’une monnaie complémentaire peut non seulement se développer à grande échelle, mais que l’existence d’un véritable écosystème monétaire permettrait de mieux faire face aux aléas économiques et financiers.

Fort de cet exemple nous montrerons la prolifération de ces monnaies complémentaires et locales notamment le Detroit Cheers, les Totnes et Brixton Pound, le Chiemegauer…

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Education en Finlande : chaque élève compte

Voilà maintenant plusieurs années qu’avec une insolente régularité la Finlande rafle les premières places dans les évaluations internationales des systèmes éducatifs (2ème mondial en Sciences, 3ème en lecture et 6ème en mathématique en 2009, loin devant tous les pays européens et occidentaux). Et pas seulement en termes de résultats bruts, mais aussi en termes d’équité et d’efficacité.

Le système éducatif choisi il y a 40 ans repose sur la prise en compte de la diversité des enfants et de leurs besoins particulierspour que chacun puisse exprimer toutes ses potentialités. L’enfant est placé au centre du système et considéré dans sa globalité.

Résultat : Alors qu’ils commencent leur scolarité primaire à 7 ans, les jeunes Finlandais de quinze ans obtiennent des scores supérieurs aux jeunes Français dans divers domaines. C’est presque comme s’ils avaient étudié deux ans de plus… Nous mettrons en lumière comment un pays a mis en place une politique éducative extrêmement novatrice, centrée sur l’épanouissement des élèves plus que sur la transmission des savoirs.

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Intervenants

ROB HOPKINS

Auteur et enseignant anglais en permaculture, il est le fondateur du mouvement des initiatives de transition: « Villes en transition » et co-fondateur de l’initiative « transition de la ville de Totnes » Angleterre). Il a obtenu son diplôme de permaculture en 1992 et il a créé le premier cours de deux années à temps plein au monde au Kinsale Further Education College, en Irlande

PIERRE RABHI

Agriculteur, philosophe, écrivain et penseur français d’origine algérienne. Il défend un mode de société plus respectueux des populations et de la terre et soutient le développement de pratiques agricoles respectueuses de l’environnement et préservant les ressources naturelles, l’agroécologie, notamment dans les pays arides. Il est le fondateur de Colibris avec Cyril Dion et Isabelle Desplats, notamment.

ELLEN MCARTHUR

Navigatrice britannique, elle est devenue populaire lorsqu’elle a terminé deuxième du Vendée Globe 2000- 2001 puis pour avoir battu le record du tour du monde à la voile en solitaire en 2005. En 2007, elle crée la fondation Ellen MacArthur, qui a pour objectif d’inciter le public et les entreprises à repenser, concevoir et construire un avenir durable en s’appuyant sur le concept d’économie circulaire. Elle a développé avec sa fondation, des dizaines de cas concrets appliquant l’économie circulaire.

KEN ROBINSON

Sir Kenneth Robinson (né le 4 mars 1950 à Liverpool) est un auteur, orateur et expert en éducation internationalement reconnu pour ses interventions en faveur du développement de la créativité et de l’innovation. Il fut directeur du projet Art in Schools (de 1985 à 1989), Professeur d’Art à l’Université de Warwick (1989-2001) avant d’être adoubé par la reine d’Angleterre en 2003 pour ses services rendus à l’éducation.

JEREMY RIFKIN

Essayiste américain, spécialiste de prospective (économique et scientifique). Fondateur et président de la Fondation pour les tendances économiques (Foundation on Economic Trends ou FOET) J. Rifkin est le principal architecte de la troisième révolution industrielle, présentée dans l’un de ses ouvrages comme permettant de répondre à long terme au triple défi d’une crise économique mondiale, de la sécurité énergétique et du changement climatique.

Cette troisième révolution industrielle a été officiellement approuvée par le Parlement européen en 2007 et est actuellement mise en oeuvre par divers organismes au sein de la Commission européenne. Il est le fondateur et président de la Third Industrial Revolution Global CEO Business Roundtable, table ronde permanente qui réunit des responsables et plus de 100 éminents spécialistes mondiaux de l’industrie des énergies renouvelables, énergies et services énergétiques, entreprises de construction, cabinets d’architectes, sociétés immobilières, entreprises des technologies de l’information et de la communication, de transport et logistique…

J. Rifkin dispose d’une équipe mondiale de développement économique travaillant de concert avec des villes, des régions et des gouvernements nationaux pour élaborer des plans directeurs pour une Économie de transition vers une société post-carbone et les infrastructures nécessaires à une troisième révolution industrielle.

MICHELLE LONG

Michelle Long est la directrice executive du mouvement BALLE (Business Alliance for Local Living Economies). Fondé en 2001, BALLE amplifie et accélère l’énorme mouvement dirigé vers le développement des économies locales.

Pour BALLE, les entreprises locales et indépendantes sont la clé pour résoudre nos enjeux les plus complexes et créer une réelle prospérité. BALLE relie des leaders locaux visionnaires afin qu’ils s’inspirent et se soutiennent mutuellement. Par d’intensives recherches le réseau identifie les modèles les plus innovants pour créer des communautés plus saines, plus soutenables et plus prospères.

Avec un réseau de près de 35 000 entrepreneurs répartis dans 80 réseaux à travers les Etats-Unis, BALLE dispose d’un levier très important pour encourager de nouveaux investissements, dimensionner les meilleures solutions et amplifier le pouvoir des entreprises locales et indépendantes.

Michelle est la fondatrice d’un des premiers réseaux de BALLE et l’un des plus importants (près de 700 entrepreneurs), considéré comme « l’épicentre des nouveaux modèles économiques » : Sustainable Connections à Bellingham, dans l’Etat de Washington. Michelle est la co-auteur de Local First: A How-to Guide and the author of the new Building a Community of Businesses. LeSustainable Industries Journal la considère comme « l’une des 5 femmes leaders sur le thème de la soutenabilité » sur la côte ouest des Etats-Unis.

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Cyril Dion : auteur et réalisateur

Après une très courte carrière de comédien, Cyril devient coordinateur de projets pour la Fondation Hommes de Parole. Il participe à monter le congrès israélo-palestinen de Caux en 2003 puis le 1er et 2ème Congrès Mondial des Imams et Rabbins pour la Paix à Bruxelles et à Séville en 2005 et 2006.

En 2007 il créé avec Pierre Rabhi et quelques amis, le mouvement Colibris qu’il dirigera jusqu’en juillet 2013. Il en est aujourd’hui porte-parole.

Entre temps il co-fonde le magazine Kaizen dont il dirige toujours la rédaction et la collection Domaine du Possible chez Actes Sud. En 2010 il co-produit avec Colibris « Solutions locales pour un désordre global » de Coline Serreau.

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Mélanie Laurent : réalisatrice

Actrice depuis l’âge de 14 ans, Mélanie a participé à près de 40 films parmi lesquelles « Inglorious Bastards » de Quentin Tarantino, « Je vais bien ne t’en fais pas » de Philippe Lioret, « Le Concert » de Radu Mihăileanu, « La rafle » de Roselyn Bosch, « Night train to Lisbon » de Billie August, « Beginners » de Mike Mills.

Elle a réalisé 4 films, deux courts-métrages et deux long métrages pour le cinéma. Son second, « Respire », adapté du roman d’Anne-Sophie Brasme sort en octobre 2014. Voici la bande-annonce :

Alexandre Léglise : chef opérateur

Depuis toujours passionné de cinéma, de lecture et d’écriture, Alexandre a travaillé sur plus de 40 films depuis 15 ans comme assistant opérateur puis comme directeur de la photographie. Il écrit, a un fils de 3 ans et est ami avec Cyril depuis presque aussi longtemps qu’il fait du cinéma.

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Laurent Cercleux : ingénieur du son

Assistant puis ingénieur du son, Laurent a participé à plusieurs dizaines de film depuis 15 ans. Il a particulièrement aimé travailler avec Michel Gondry, Quentin Dupieux, Gustave Kervern & Benoît Delepine, Christophe Honoré… Il a deux enfants et compte bien agir pour leur futur !

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Ce film est le fruit d’une réflexion et d’une observation des changements dans la société pendant ces dix dernières années. Il rassemble pour la première fois des données de multiples domaines, de multiples pays et les rassemble pour proposer un autre monde pour demain.

Ce monde ne se construira pas sans nous. Nous avons le pouvoir de le changer, dès aujourd’hui !

À quoi servira la collecte ?

Combien-coute

Nous avons décidé de faire un film destiné à un public très large, dans le monde entier. De sortir du cercle des convaincus pour avoir le maximum d’impact.

Nous avons donc besoin de moyens à la hauteur de notre ambition.

Le film devrait coûter aux alentours de 950 000 Euros.

Pour donner un ordre de grandeur, le coût moyen d’une fiction en France est de plusieurs millions d’euros.

Dans les derniers films documentaires ayant eu une large audience, « Sur le chemin de l’école » a coûté plus de 2 millions, « Il était une forêt » près de 6 millions, « Twenty feet from Stardom » (dernier Oscar du meilleur documentaire) 1 million de dollars (725 000 euros)…

Pourquoi-ce-prix

Pour montrer la diversité de ce qui est en train de se produire sur la planète, nous partons dans 9 pays avec une petite équipe de 6 personnes.

Voilà les principaux postes du budget.

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Ce film est le résultat de 3 ans et demi de travail pour Cyril pendant lesquelles il l’a développé sans argent.

Il représente un gros investissement pour Mélanie qui a refusé de nombreux autres projets pour pouvoir le faire.

Cyril et Mélanie ont décidé de partager une partie du risque avec les producteurs et de mettre une part de leur rémunération en participation.

Comment-le-film

Nous avons décidé de passer par les circuits traditionnels de production et de distribution ET par des circuits plus alternatifs pour permettre au maximum de personnes de voir le film.

Le film sera donc produit par Move Movie, qui a déjà produit les deux 1er film de Mélanie et distribué par Mars Film, le plus important distributeur indépendant en France. A l’étranger, il devrait être distribué par Elle Driver, une filiale de Wild Bunch, un très bon distributeur à l’international.

Parallèlement, nous construisons un réseau d’ONG, d’associations, d’organisations de toutes sortes engagées dans les sujets du changement de la société. Un réseau de personnes qui pensent que ce film peut devenir un extraordinaire outil pour nous aider à construire un autre avenir. Construire un avenir dans lequel nous pourrons tout simplement vivre.

Nous croyons fermement que nous avons besoin des deux ! Le circuit du cinéma et les réseaux physiques et numériques.

D’une certaine façon, on peut se dire qu’il y a deux façons pour que le film soit vu par le plus grand nombre : utiliser tous les canaux que le cinéma peut offrir (puis le DVD, la télévision, le web) ou mettre gratuitement en ligne le film sur le web.

Nous avons choisi la première solution pour deux raisons :

– ce n’est pas parce qu’un film est gratuitement en ligne qu’il est plus vu.

– choisir le cinéma fait vivre toute une chaine de petits exploitants, de professionnels, qui gagnent leur vie avec ce métier que nous aimons.

Le cinéma est un art, c’est ce que nous croyons. Et il mérite d’exister en tant que tel. Voir un film dans une salle obscure avec plusieurs centaines de personnes est une expérience très différente de regarder un film sur un écran d’ordinateur. Les cinémas sont des lieux où il est possible de se rassembler, de débattre, d’échanger. Chaque projection est une expérience, une occasion de former des petits groupes qui réfléchissent et agissent. Il sera ensuite temps que le film circule sous d’autres formes.

Pourquoi-le-c

Monter des documentaires d’envergure pour le cinéma est difficile. Même si plusieurs partenaires se sont déjà engagés nous n’avons pas encore les fonds pour démarrer. Or, le temps presse.

Il y a quelques semaines nous avons rencontré le ministre de l’écologie, Philippe Martin (et nous devons maintenant rencontrer Ségolène Royal). Il a adoré le teaser et nous a proposé de projeter le film lors du prochain Sommet Mondial sur le Climat à Paris en décembre 2015. C’est pour nous une occasion formidable de montrer des solutions à tous les chefs d’État de la planète, que la presse internationale en parle, que les militants présents, venus de tous les pays, s’en emparent. Nous devons donc avoir fini le film d’ici là. Or, beaucoup de choses que nous devons filmer doivent l’être en été.

C’est maintenant que nous avons besoin de partir tourner.

Nous avons donc besoin de vous.

Pour assurer la partie tournage + location du matériel nous avons besoin de 335 000 euros.

Nous avons déjà trouvé 100 000 euros auprès de mécènes privés, d’associations (Colibris), d’entreprises engagées (Biocoop), ce qui nous permet d’assurer les premiers tournages au mois de juin.

Nous voulons donc réunir 200 000 Euros d’ici le 26 juillet pour être sûrs de pouvoir terminer dans les temps.

UN FILM CITOYEN

L’autre raison pour laquelle nous passons par le crowdfunding est que ce film est un film citoyen.

Il montrera des centaines de personnes à travers le monde qui s’engagent à transformer la société, par leur seule énergie. Des dizaines de solutions qui marchent et pourraient être reproduites. Il servira, nous l’espérons, à des centaines de milliers d’autres personnes pour se mettre en action et pour diffuser un message positif autour d’eux : il est possible de construire un monde où les êtres humains et la nature vivent en équilibre, dès aujourd’hui.

Nous croyons donc qu’il doit être financé par un maximum de ces citoyens (en plus d’entreprises et de collectivités), pour que ce film soit le vôtre, qu’il soit l’outil dont vous avez besoin, comme nous, pour changer les choses. Plus nous serons nombreux à la financer et plus nous constituerons déjà un mouvement qui le portera, le diffusera et en fera un message incontournable. Plus personne ne pourra faire comme s’il n’y avait pas de solution.

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Contreparties

Pour vous remercier de nous soutenir, mais aussi pour nous aider à diffuser le message, nous vous proposons des contreparties. L’idée n’est pas de vous faire des cadeaux comme dans un paquet de céréales. Nous avons imaginé des choses qui puissent à la fois vous faire partager l’expérience du film (tournage, journal de bord, bande originale, etc.), nous aider à le rendre le meilleur possible (projections de travail), approfondir le message et le diffuser (livres, stages), porter les couleurs du film et le faire connaître (baskets, tee-shirt).

Si vous ne voulez pas de contreparties, c’est très simple, il vous suffit de cocher la case correspondante.

Quoi qu’il arrive votre nom sera inscrit au générique et sur le site du film pour indiquer que c’est aussi grâce à vous que l’aventure a vu le jour !

Merci à tous d’être là et d’être qui vous êtes. C’est ensemble que nous pourrons faire de ce film un outil puissant pour inspirer le monde entier !

Au-dela

A 230 000 euros Nous monterons, en plus du film 10 modules de 5 à 7 minutes présentant des initiatives que nous n’avons pas pu monter dans le film ou approfondissant celles que nous avons présentées. En partenariat avec Pur Projet, nous planterons un arbre dans des exploitations de petits paysans bio travaillant en agroforesterie en Afrique, pour chaque nouveau donateur.

A 280 000 euros Nous mettrons en place une plateforme une vaste plateforme sur le web qui sortira au moment du film, nous permettant de recenser et de relier un maximum de projets et de communautés qui changent le monde un peu partout sur la planète. Nous allons également construire et agréger des outils aidant tous ceux qui auront vu le film à se mettre en action dès le lendemain. En partenariat avec Pur Projet, nous planterons un arbre dans des exploitations de petits paysans bio travaillant en agroforesterie en Afrique, pour chaque nouveau donateur.

Au delà de 300 000 euros Nous augmenterons la part du financement citoyen du film sur tous les postes déjà prévus. Ce film sera plus que jamais notre film à tous ! En partenariat avec Pur Projet, nous planterons un arbre dans des exploitations de petits paysans bio travaillant en agroforesterie en Afrique, pour chaque donateur depuis le début de la collecte.

Un attentat contre la liberté! Pourquoi et quelle attitude adopter?

Le 8 janvier 2015, en réponse aux comportements violents d’individus contre les acteurs du journal Charlie Hebdo, une réflexion a été instaurée sur le site Humanité et Biodiversité dont Hubert Reeves est le président. (1) La publication intitulée « C’est un attentat contre la liberté, nous sommes tous concernés » a suscité des commentaires primaires, surtout des réactions aux évènements, mais très peu de commentaires constructifs incitant à comprendre le fond des évènements et incitant à passer à l’action pour architecturer et implanter des correctifs.

Le seul commentaire conscient et approfondi est celui d’une Française de Épinac en France, madame Marier, passionnée de psychologie qui s’exprime ainsi :

« Chers humains, nous venons de vivre quasi en direct l’horreur incarnée par des êtres mal dans leur peau, fragiles psychiquement, endoctrinés au point de perdre tout discernement. Puissions-nous toutes et tous, chacune et chacun prendre toute la mesure de l’impact du fanatisme, quel qu’il soit, chez nous et partout ailleurs sur notre belle planète et porter haut et fort à chaque instant les valeurs guidées par le respect du vivant. Je ne suis pas Charlie, j’aime ce que représente Charlie. »

Ce commentaire est d’une objectivité exemplaire pour énoncer un constat et va dans le même sens que notre analyse psychosociale et comportementale de la problématique. (2) Nous regrettons d’ailleurs que les administrateurs de ce site refusent de diffuser cette analyse.

Tel que l’affirme le neuropsychiatre Boris Cyrulnik dans son analyse de la situation (3), « On peut faire de cette tragédie une solidarité ou un massacre. Les musulmans français sont en danger. Ils risquent d’être agressés. » En fait, la réaction solidaire mondiale met en danger les musulmans de la planète!

C’est par la prise de conscience de l’origine et la compréhension des justifications profondes de cette violence que nous devons l’accepter et non en répondant par la violence. Mais cette acceptation ne doit pas nous laisser béats de tristesse et de compassion devant le constat d’une problématique sociale qui induit des stratégies comportementales graves et dommageables.

Dans son entrevue (3), Cyrulnik affirme : « Freud disait : les mots désignent des choses au début, puis des choses qui ne sont pas là, c’est la fonction du symbole, et enfin ils finissent par ne plus rien désigner du réel. À ce moment-là, on se soumet à un slogan. Quand une culture ne permet pas la rencontre et le débat, on est des proies. »

Il est important d’alimenter des comportements constructifs par nos attitudes, mais ces attitudes ne doivent pas induire des stratégies comportementales d’inertie face à une situation qu’il faut corriger! Au contraire, il faut alimenter la démarche active du questionnement, de l’analyse et de la recherche et ne pas se contenter de simples débats superficiels pour passer à l’action et prendre en considération cette problématique sociale grave. Il faut rectifier nos modèles comportementaux et sociaux.

Cette problématique des violences sociales ne relève pas d’un débat d’idéologies ni de croyances; les croyances ne sont pas des faits… Cette problématique est un phénomène social récurrent figurant parmi les comportements de populations définies de l’espèce humaine et doit être l’occasion d’une introspection profonde, d’une analyse et d’une recherche pour identifier par les sciences, qui expliquent les faits et les phénomènes, quelles sont les raisons profondes de ces comportements sociaux désaxés.

« Avec une minorité d’hommes formés, payés et armés, manipulés et fabriqués, on peut détruire une civilisation. », affirme Boris Cyrulnik.

Nous confirmons qu’avec une minorité d’hommes qui observent, recherchent, analysent et décrivent les problématiques des stratégies comportementales induites par des concepts de l’environnement social, on peut architecturer de meilleures structures sociales politiques, économiques, législatives, juridiques, culturelles, religieuses et construire une civilisation durable! C’est là le but de l’architecture sociale.

Sinon, il faut accepter que l’histoire se répète sans que nous apprenions à en tirer quoi que ce soit. L’urgence de faire le travail d’introspection doit nous pousser aux actions concrètes nécessaires pour reconstruire nos institutions et structures sociales afin de sauver l’humanité et la biodiversité…

 

Note : Suite à la publication du texte ci-haut sur le site de Humanité et Biodiversité, les administrateurs du site ont supprimé notre commentaire et notre inscription au site! Cette réaction comportementale en révèle long sur l’attitude de ces individus…

 

Stéphane Brousseau – Directeur de recherche
IRASD – Institut de recherche en architecture sociale durable
Démocratie – Économie – Législation – Justice – Sciences – Éducation – Culture – Religions
IRASD.SSARI@gmail.com

 

(1) http://www.humanite-biodiversite.fr/article-asso/c-est-un-attentat-contre-la-liberte

(2) https://irasd.wordpress.com/2015/01/08/lhomme-tue-pour-le-plaisir/

(3) https://irasd.wordpress.com/2015/01/11/le-neuropsychiatre-boris-cyrulnik-estime-que-les-terroristes-sont-volontairement-faconnes/

Le neuropsychiatre Boris Cyrulnik estime que les terroristes sont volontairement façonnés

Analyse de référence : https://irasd.wordpress.com/2015/01/08/lhomme-tue-pour-le-plaisir/

 

http://www.sudouest.fr/2015/01/09/terroristes-islamistes-c-est-la-meme-mecanique-que-pour-les-nazis-1791819-6092.php

Terroristes islamistes : « C’est la même mécanique que pour les nazis »

Terroristes islamistes : "C'est la même mécanique que pour les nazis"

VIDÉO – Le neuropsychiatre Boris Cyrulnik estime que les terroristes islamistes sont volontairement façonnés selon une mécanique identique à celle qui a amené au régime nazi

http://www.tv7.com/point-de-vue-de-boris-cyrulnik-neuropsychiatre_3979593465001.php

De passage à Bordeaux vendredi pour la parution de son dernier livre « Les âmes blessées » (Odile Jacob) et la commémoration de la rafle des juifs, le neuropsychiatre Boris Cyrulnik a participé à l’émission « Point de vue » sur TV7 Bordeaux (à voir aussi sur le site de TV7). Il y a longuement commenté l’actualité, le dramatique attentat de Charlie Hebdo et la prise d’otages de Vincennes. En voici les principaux extraits.

Comment expliquez-vous une telle violence au nom d’une religion ?

Cela s’est déjà vu dans le passé. Cela existe depuis longtemps. On met la haine dans des quartiers en difficulté, on repère les enfants, on leur offre des stages de formation. Ce sont des groupes politiques qui utilisent le terrorisme comme une arme. Quand la haine est semée, on repère les enfants les plus faciles à fanatiser et on les envoie au sacrifice. Cette organisation est financée par les gens du pétrole et de la drogue, qui ont des intentions politiques sur le Moyen-orient et l’Occident.

C’est un peu la théorie du complot ?

Ce n’est pas une théorie. Cela a déjà été fait. L’inquisition chrétienne relève du même processus. Le nazisme est parti de la belle culture germanique allemande, et en quelques années a mis le feu au monde. Des slogans sont entrés petit à petit dans la culture commune. La population s’est soumise à une représentation dépourvue de jugement. La société s’est imprégnée de ces idées.

Que faire aujourd’hui ?

On peut faire de cette tragédie une solidarité ou un massacre. Les musulmans français sont en danger. Ils risquent d’être agressés. 99% des arabes tués dans le monde le sont d’ailleurs par d’autres arabes. Ces phénomènes se sont produits dans l’histoire et se reproduiront.

Ces terroristes sont donc formatés et ne sont pas fous ?

Ce ne sont pas des fous, ni des monstres. Ce sont des enfants normaux et en détresse, façonnés intentionnellement par une minorité qui veut prendre le pouvoir. Ces enfants sont abandonnés, en difficulté psychosociale et éducative, et il faudrait d’abord les éduquer. Ils le sont par les réseaux sociaux qui sont une arme pour façonner ces jeunes. Internet véhicule une représentation facile de la réalité, une pensée paresseuse à l’origine de toutes les théories totalitaires. Avec une minorité d’hommes formés, payés et armés, manipulés et fabriqués, on peut détruire une civilisation. Cela a été fait. L’inquisition et le nazisme l’ont fait

En disant cela vous déresponsabilisez aussi ces terroristes ?

C’est un risque. Je pense aussi que l’on a toujours un espace de liberté. Mais je veux parler de la responsabilité de nos gouvernants qui ont abandonné culturellement les gosses de nos quartiers et les ont soumis à des manipulateurs. L’Allemagne nazi était très cultivée, mais la base de la société ne l’était pas du tout. C’est exactement la même chose dans les pays du Moyen-orient.

Est-ce la même mécanique dans la tête d’un nazi et d’un fondamentaliste islamiste ?

Oui, clairement. C’est la même méthode. Freud disait les mots désignent des choses au début, puis des choses qui ne sont pas là et c’est la fonction du symbole, et enfin ils finissent par ne plus rien désigner du réel. A ce moment là, on se soumet à un slogan. Quand une culture ne permet pas la rencontre et le débat, on est des proies et internet démultiplie le pouvoir de ces manipulateurs.

En attendant les propositions du ministre de l’Éducation – Prise de tête – La chronique de Normand Baillargeon – Voir.ca

Une excellente analyse de Normand Baillargeon au sujet de l’effondrement structurel du système d’éducation entraîné dans sa chute par l’économie.

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http://voir.ca/chroniques/prise-de-tete/2015/01/08/en-attendant-les-propositions-du-ministre-de-leducation/

En attendant les propositions du ministre de l’Éducation

Si on en croit une déclaration de Philippe Couillard, notre ministre de l’Éducation, Yves Bolduc, va bientôt présenter la vision de l’éducation qui guidera les libéraux du Québec pour les années à venir.

Proposer une vision de l’éducation est une grosse commande, il faut en convenir. C’est donc sans prétention, dans ces quelques lignes dont je dispose, que je veux esquisser quatre idées simples, mais que je pense cruciales, que j’aimerais retrouver dans cette vision.

Éducation et curriculum

La première est que tout indique que nous vivons un moment historique de mutation des fins de l’éducation, dont un des aspects majeurs est qu’elle se définit de plus en plus en extériorité, par soumission aux impératifs de l’économie, et de moins en moins par rapport à ses normes propres, internes.

Ce qui recule, à proportion que ces normes perdent du terrain, est un idéal d’éducation à l’écart de tout utilitarisme à courte vue et qui propose de libérer de l’ignorance, des préjugés, de l’ici et du maintenant, en faisant accéder à des savoirs émancipateurs pour l’individu qui les possède, ce par quoi peut se construire un lien politique riche.

J’aimerais qu’une vision de l’éducation réaffirme cet idéal d’une éducation que, il est intéressant de rappeler, la tradition qualifiait de… libérale, puisqu’elle visait justement à libérer.

La deuxième idée que je veux avancer est intimement liée à la première. Je souhaiterais en effet qu’on s’éloigne enfin de cette notion de compétence que nous avons étourdiment adoptée et que nous réaffirmions la place centrale des connaissances en éducation.

On devrait pour cela construire le curriculum scolaire autour d’une progression des connaissances à acquérir: on y dirait clairement ce que votre enfant devrait apprendre en première année, en deuxième année, etc. Pour ne prendre que cet exemple, on aurait ainsi, enfin, une liste d’œuvres, de concepts, de courants vus par toutes et tous en français au secondaire.

On assisterait peut-être de la sorte, un peu partout dans le système scolaire, à un retour en force et massif de ces livres si précieux. Lesquels? Pour vous aider à le deviner, sachez qu’on raconte à leur propos l’histoire suivante en éducation: «Un physicien déclare qu’il donnerait x années de vie pour pouvoir consulter, quelques heures durant, un tel livre, mais publié en 2100». Vous avez trouvé? Bravo. Il s’agit bien d’un manuel. Il y en a, je le sais bien, mais il en faudrait encore plus et il faudrait qu’ils soient réalisés selon des programmes tels que je viens de les souhaiter.

Des décisions éclairées et informées

L’éducation n’est pas la physique quantique, et ce que nous savons à propos de cette pratique humaine fort complexe n’a pas la précision ou la certitude de ce que nous savons en physique.

Pour aller au plus court, je dirais que notre base de connaissance en éducation comprend essentiellement deux choses.

Pour commencer, elle repose sur des fins que l’on attribue à l’éducation, sur une vision de ce qu’elle devrait être: les proposer, les articuler, les défendre est un travail pour la philosophie, et j’ai d’ailleurs avancé plus haut (et dans de nombreux textes) ma proposition d’une éducation libérale.

Mais notre base de connaissance en éducation comprend aussi ce que la recherche empirique crédible nous apprend. Je dis crédible, parce qu’il s’est fait et qu’il continue de se faire, en éducation, des recherches douteuses et en certains cas littéralement délirantes. Mais il s’est aussi fait de la recherche crédible et il arrive que ses résultats pointent, très nettement, dans une certaine direction.

J’affirme que ce qui s’ensuit est clair. Nous devrions, pour proposer une vision et une pratique de l’éducation, prendre très au sérieux ce que la recherche crédible nous enseigne. Cela peut sembler banal et aller de soi; hélas, ce n’est pas le cas en éducation.

Je peux ainsi affirmer que la réforme de l’éducation, surtout dans sa mouture originelle, proposait des pratiques contraires à ce que la recherche crédible enseigne et permet de recommander. Je peux aussi affirmer, sans crainte d’être contredit, qu’on préconise encore et toujours en éducation des pratiques pseudo scientifiques, voire ésotériques, qu’on les enseigne à l’université et qu’on les propose aux enseignantes et enseignants, parfois à fort prix, dans les commissions scolaires. Cela doit absolument cesser.

L’actualité me fournit l’occasion de pointer du doigt une de ces idées non fondées que l’on défend souvent en éducation: la réduction de la taille des groupes. Le fait est pourtant que la recherche ne permet aucunement d’y voir, à elle seule, une panacée. La raison en est que, toutes choses égales par ailleurs, si vous continuez à enseigner de la même manière à un groupe plus petit d’élèves, leurs résultats ne changeront pas. (Notez que je ne parle pas ici d’augmenter le nombre d’élèves en difficulté, ce qui est une autre histoire…)

Je fais donc le pari qu’on verrait de substantiels changements en éducation si seulement on acceptait de prendre au sérieux ce que nous enseigne la recherche crédible et si on se proposait d’établir, sur le modèle de la médecine fondée sur des preuves, une éducation elle aussi fondée sur des preuves.

L’école de l’égalité des chances

Notre époque n’est pas seulement celle de l’impérialisme de la raison économique: elle est aussi celle d’un fort accroissement des inégalités. Cela a de sordides effets sur un idéal ancré depuis longtemps au cœur de toute vision libérale de l’éducation: celui de l’égalité des chances.

Or, entre école privée, programmes internationaux, frais afférents et coût croissant des études supérieures, notre école a bien du mal à assurer une véritable égalité des chances. D’autant qu’il est raisonnable de penser que certaines des pratiques que nous avons préconisées ne l’ont non seulement pas servie, mais qu’elles ont accentué les inégalités des chances. C’est le cas lorsqu’on demande aux enfants de mettre en œuvre, à l’école, ce que l’école ne leur transmet plus; les enfants de milieux économiquement et culturellement favorisés possèdent ce savoir avant d’arriver à l’école, tandis que d’autres en sont privés.

On peut imaginer toutes sortes de mécanismes pour donner de la vigueur à cet idéal et je n’ai pas de proposition précise à faire ici, sinon pour dire que la transmission systématique et progressive, selon des méthodes éprouvées, d’un curriculum précisément défini fait partie de la solution.

Quoi qu’il en soit, je soutiens qu’on apprendra quelque chose de notre société par ce que le plan Bolduc, si on peut l’appeler ainsi, proposera en matière de traitement préférentiel pour les enfants de milieux défavorisés.

L’homme tue pour le plaisir

L’homme tue des animaux pour le plaisir de la chasse, tue sa planète pour le plaisir de s’enrichir, tue ses semblables pour le plaisir de ses croyances.

Le 7 janvier 2015, trois hommes ont tué douze individus dont six du journal humoristique Charlie Hebdo pour le plaisir de soigner une profonde détresse psychologique et culturelle. Ils ont tué pour des croyances sous l’emprise d’une dénaturalisation comportementale. Ils ont éradiqué les auteurs de cet humour qui équilibre l’extrémisme.

Les religions ont leur importance dans l’environnement social. Elles permettent aux individus de même croyance de se rassembler. Mais les croyances n’existent pas dans l’univers! Elles sont culturelles et circonscrites à l’environnement social. Les croyances ne sont pas des faits, elles sont créées par l’homme pour combler le vide laissé par l’absence de connaissances sur des phénomènes précis. Lorsque la science découvre des explications, les croyances doivent laisser leur place aux faits et à la réalité.

Parce que des concepts sociaux provenant des cultures religieuses, comme la notion de prophètes ou de lois religieuses, déforment et dénaturent la perception et la pensée humaine, des croyances s’enracinent dans des stratégies comportementales et interagissent avec la nature humaine pour induire des réactions démesurées et des comportements dénaturés.

Ce qui rend une population stable n’est pas tant l’homogénéité des individus, mais celle de l’environnement qui assure l’atteinte d’un équilibre par la capacité d’adaptation de l’espèce.

L’environnement social de l’espèce humaine est structurellement déséquilibré et instable. L’inégalité sociale règne. Chaque individu est dans une situation différente et doit continuellement s’adapter aux changements sociaux rapides pour maintenir l’accès à tout ce qu’il faut pour répondre à ses besoins. La société n’est ni homogène ni équitable pour l’humain, contrairement aux écosystèmes qui le sont pour les animaux. L’homme moderne dépense autant d’efforts pour sa survie que l’homme préhistorique. Il lutte différemment, c’est tout.

Si l’environnement social était homogène et équitable pour l’ensemble de l’espèce, l’homme ne tuerait pas par plaisir, il tuerait par extrême nécessité, comme le font tous les animaux.

La civilisation ne s’est pas construite volontairement avec les plans de grands architectes, mais au fil des millénaires avec les adaptations lentes et successives du comportement humain. L’environnement social est le fruit de dizaines de milliers d’années d’évolution de l’espèce humaine, le fruit de l’adaptation de ses stratégies comportementales pour survivre, le fruit du hasard de la sélection naturelle circonscrit dans les limites de l’espèce humaine. Et cette évolution est aussi partiellement inscrite dans les gènes que nous transmettons à notre descendance.

L’homme vit sous les pressions artificielles de concepts sociaux qu’il a lui-même créés en construisant son environnement social pour s’adapter à son environnement biophysique. L’homme ne s’adapte d’ailleurs pas très bien à son environnement social. En fait, il ne s’y est jamais adapté si l’on prend le temps de lire l’histoire. Alors l’homme réagit, parfois violemment, et adapte son environnement social à ses comportements avec des lois et des mesures de sécurité. Mais ces changements sont inadéquats parce qu’ils ignorent la nature humaine et laissent rarement le temps à l’homme de s’y adapter. De plus, ils sont appliqués localement et de manière circonstancielle, accentuant encore plus les écarts.

Si nous retirions l’homme de son environnement social pour le transplanter dans un environnement exclusivement naturel, sans aucun concept de civilisation, comme la jungle avec d’autres primates, l’homme se comporterait-il mieux que ses cousins génétiques?

L’homme tue pour le plaisir. Lorsqu’il n’aura plus de plaisir à le faire, va-t-il se tuer? Serait-ce ce vers quoi la civilisation est en train d’entrainer l’espèce?

Le degré de sophistication de notre environnement social est tel qu’il influence nos stratégies comportementales beaucoup plus vite que l’environnement biophysique. L’espèce humaine a transcendé la sélection naturelle.

L’homme possède un organe qui a évolué beaucoup plus que celui de ses cousins génétiques : le cerveau! L’Anthropocène marque l’ère des traces indélébiles que l’homme va laisser sur sa planète. En altérant son environnement, c’est aussi sa propre nature que l’homme altère.

Nous avons un important travail d’introspection à faire sur toute l’humanité, son parcours d’évolution et ce qui influence ses comportements. Nous devons apprendre, comprendre et respecter la Vie afin de synchroniser notre évolution avec les processus naturels.

Il est temps de passer volontairement à autre chose. Il est temps de réviser notre situation et de transcender nos comportements pour changer le tir.

Lorsque les cultures, les croyances et les religions induiront la sagesse culturelle de coexister humblement et dignement avec les faits et les connaissances de la science, les stratégies comportementales humaines cesseront de déraper.

Il est temps d’acquérir un autre plaisir que celui de tuer, le plaisir de construire une société cohérente , équitable, égalitaire et durable qui respecte l’homme, sa nature, son environnement et sa planète.

Désormais, nous avons le choix de planifier consciemment notre évolution ou de nous tuer par plaisir…

Stéphane BrousseauDirecteur de recherche
B. Sc. Géologie
Analyste et architecte en technologies de l’information et des communications
Chercheur en architecture sociale durable

IRASD – Institut de recherche en architecture sociale durable
Démocratie – Économie – Législation – Justice – Sciences – Éducation – Culture – Religions

http://www.liberation.fr/societe/2015/01/08/charlie-hebdo-le-suspect-cherif-kouachi-jihadiste-connu-de-l-antiterrorisme_1175960

http://www.lemonde.fr/attaque-contre-charlie-hebdo/article/2015/01/08/attaque-a-charlie-hebdo-que-sait-on-des-deux-suspects-recherches_4551181_4550668.html

http://www.ledevoir.com/international/europe/428375/temoignage-je-n-ai-pas-pu-les-sauver-deplore-un-urgentiste

Dennis Meaddows: je pense vraiment que l’humanité n’a plus de chance de s’en sortir

http://meteopolitique.com/Fiches/ecologie/Dennis-L-Meadows/Dennis-Medows-fin-de-la-croissance.htm

Dennis Meaddows: je pense vraiment que l’humanité n’a plus de chance de s’en sortir

Dès le premier sommet de la Terre en 1972, le chercheur américain Dennis Meadows partait en guerre contre la croissance. A la veille de la conférence «Rio + 20», il dénonce les visions à court terme et dresse un bilan alarmiste.

En 1972, quatre jeunes scientifiques du Massachusetts Institute of Technologie (MIT) rédigent à la demande du Club de Rome un rapport intitulé The Limits to Growth (les Limites à la croissance). Celui-ci va choquer le monde. Leur analyse établit clairement les conséquences dramatiques d’une croissance économique et démographique exponentielle dans un monde fini. En simulant les interactions entre population, croissance industrielle, production alimentaire et limites des écosystèmes terrestres, ces chercheurs élaborent treize scénarios, treize trajectoires possibles pour notre civilisation.

Nous sommes avant la première crise pétrolière de 1973, et pour tout le monde, la croissance économique ne se discute pas. Aujourd’hui encore, elle reste l’alpha et l’oméga des politiques publiques. En 2004, quand les auteurs enrichissent leur recherche de données accumulées durant trois décennies d’expansion sans limites, l’impact destructeur des activités humaines sur les processus naturels les conforte définitivement dans leur raisonnement. Et ils sont convaincus que le pire scénario, celui de l’effondrement, se joue actuellement devant nous.

« Il y a deux façons d’être heureux : avoir plus ou vouloir moins. Comme je trouve qu’il est indécent d’avoir plus, je choisis de vouloir moins. »
Rencontre avec l’un de ces scientifiques,
Dennis Meadows, à la veille de la conférence de Rio + 20.
Vous qui avez connu la première conférence, celle de Stockholm, en 1972, que vous inspire cette rencontre, quarante ans plus tard ?
07.jpg Comme environnementaliste, je trouve stupide l’idée même que des dizaines de milliers de personnes sautent dans un avion pour rejoindre la capitale brésilienne, histoire de discuter de soutenabilité. C’est complètement fou. Dépenser l’argent que ça coûte à financer des politiques publiques en faveur de la biodiversité, de l’environnement, du climat serait plus efficace.

Il faut que les gens comprennent que Rio + 20 ne produira aucun changement significatif dans les politiques gouvernementales, c’est même l’inverse.

Regardez les grandes conférences onusiennes sur le climat, chaque délégation s’évertue à éviter un accord qui leur poserait plus de problèmes que rien du tout. La Chine veille à ce que personne n’impose de limites d’émissions de CO2, les États-Unis viennent discréditer l’idée même qu’il y a un changement climatique. Avant, les populations exerçaient une espèce de pression pour que des mesures significatives sortent de ces réunions. Depuis Copenhague, et l’échec cuisant de ce sommet, tout le monde a compris qu’il n’y a plus de pression. Chaque pays est d’accord pour signer en faveur de la paix, de la fraternité entre les peuples, du développement durable, mais ça ne veut rien dire. Les pays riches promettent toujours beaucoup d’argent et n’en versent jamais.

Vous n’y croyez plus ?

Tant qu’on ne cherche pas à résoudre l’inéquation entre la recherche perpétuelle de croissance économique et la limitation des ressources naturelles, je ne vois pas à quoi ça sert. A la première conférence, en 1972, mon livre « Les Limites à la croissance » (dont une nouvelle version enrichie a été publiée en mai) avait eu une grande influence sur les discussions. J’étais jeune, naïf, je me disais que si nos dirigeants se réunissaient pour dire qu’ils allaient résoudre les problèmes, ils allaient le faire. Aujourd’hui, je n’y crois plus !

L’un des thèmes centraux de la conférence concerne l’économie verte. Croyez-vous que ce soit une voie à suivre ?

Il ne faut pas se leurrer : quand quelqu’un se préoccupe d’économie verte, il est plutôt intéressé par l’économie et moins par le vert. Tout comme les termes soutenabilité et développement durable, le terme d’économie verte n’a pas vraiment de sens. Je suis sûr que la plupart de ceux qui utilisent cette expression sont très peu concernés par les problèmes globaux. La plupart du temps, l’expression est utilisée pour justifier une action qui aurait de toute façon été mise en place, quelles que soient les raisons.

Vous semblez penser que l’humanité n’a plus de chance de s’en sortir ?
06.jpg Avons-nous un moyen de maintenir le mode de vie des pays riches ? Non. Dans à peine trente ans, la plupart de nos actes quotidiens feront partie de la mémoire collective, on se dira : «Je me souviens, avant, il suffisait de sauter dans une voiture pour se rendre où on voulait», ou «je me souviens, avant, on prenait l’avion comme ça». Pour les plus riches, cela durera un peu plus longtemps, mais pour l’ensemble des populations, c’est terminé. On me parle souvent de l’image d’une voiture folle qui foncerait dans un mur.

Du coup, les gens se demandent si nous allons appuyer sur la pédale de frein à temps. Pour moi, nous sommes à bord d’une voiture qui s’est déjà jetée de la falaise et je pense que, dans une telle situation, les freins sont inutiles. Le déclin est inévitable.

En 1972, à la limite, nous aurions pu changer de trajectoire. A cette époque, l’empreinte écologique de l’humanité était encore soutenable. Ce concept mesure la quantité de biosphère nécessaire à la production des ressources naturelles renouvelables et à l’absorption des pollutions correspondant aux activités humaines. En 1972, donc, nous utilisions 85% des capacités de la biosphère. Aujourd’hui, nous en utilisons 150% et ce rythme accélère. Je ne sais pas exactement ce que signifie le développement durable, mais quand on en est là, il est certain qu’il faut ralentir. C’est la loi fondamentale de la physique qui l’exige : plus on utilise de ressources, moins il y en a. Donc, il faut en vouloir moins.

La démographie ne sera pas abordée à Rio + 20. Or, pour vous, c’est un sujet majeur…

La première chose à dire, c’est que les problèmes écologiques ne proviennent pas des humains en tant que tels, mais de leurs modes de vie. On me demande souvent : ne pensez-vous pas que les choses ont changé depuis quarante ans, que l’on comprend mieux les problèmes ? Je réponds que le jour où l’on discutera sérieusement de la démographie, alors là, il y aura eu du changement.

Jusqu’ici, je ne vois rien, je dirais même que c’est pire qu’avant. Dans les années 70, les Nations unies organisaient des conférences sur ce thème, aujourd’hui, il n’y a plus rien.

Pourquoi ?
Je ne comprends pas vraiment pourquoi. Aux États-Unis, on ne discute plus de l’avortement comme d’une question médicale ou sociale, c’est exclusivement politique et religieux.

Personne ne gagnera politiquement à ouvrir le chantier de la démographie. Du coup, personne n’en parle. Or, c’est un sujet de très long terme, qui mérite d’être anticipé.

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Au Japon, après Fukushima, ils ont fermé toutes les centrales nucléaires. Ils ne l’avaient pas planifié, cela a donc causé toutes sortes de problèmes. Ils ont les plus grandes difficultés à payer leurs importations de pétrole et de gaz. C’est possible de se passer de nucléaire, mais il faut le planifier sur vingt ans.

C’est la même chose avec la population. Si soudainement vous réduisez les taux de natalité, vous avez des problèmes : la main-d’œuvre diminue, il devient très coûteux de gérer les personnes âgées, etc. A Singapour, on discute en ce moment même de l’optimum démographique. Aujourd’hui, leur ratio de dépendance est de 1,7, ce qui signifie que pour chaque actif, il y a 1,7 inactif (enfants et personnes âgées compris). S’ils stoppent la croissance de la population, après la transition démographique, il y aura un actif pour sept inactifs. Vous comprenez bien qu’il est impossible de faire fonctionner correctement un système social dans ces conditions. Vous courez à la faillite. Cela signifie qu’il faut transformer ce système, planifier autrement en prenant en compte tous ces éléments.

La planification existe déjà, mais elle ne fonctionne pas. Nous avons besoin de politiques qui coûteraient sur des décennies mais qui rapporteraient sur des siècles. Le problème de la crise actuelle, qui touche tous les domaines, c’est que les gouvernements changent les choses petit bout par petit bout. Par exemple, sur la crise de l’euro, les rustines inventées par les États tiennent un ou deux mois au plus. Chaque fois, on ne résout pas le problème, on fait redescendre la pression, momentanément, on retarde seulement l’effondrement.

Depuis quarante ans, qu’avez-vous raté ?

Nous avons sous-estimé l’impact de la technologie sur les rendements agricoles, par exemple. Nous avons aussi sous-estimé la croissance de la population. Nous n’avions pas imaginé l’ampleur des bouleversements climatiques, la dépendance énergétique. En 1972, nous avions élaboré treize scénarios, j’en retiendrais deux : celui de l’effondrement et celui de l’équilibre. Quarante ans plus tard, c’est indéniablement le scénario de l’effondrement qui l’emporte ! Les données nous le montrent, ce n’est pas une vue de l’esprit.

Le point-clé est de savoir ce qui va se passer après les pics. Je pensais aussi honnêtement que nous avions réussi à alerter les dirigeants et les gens, en général, et que nous pouvions éviter l’effondrement. J’ai compris que les changements ne devaient pas être simplement technologiques mais aussi sociaux et culturels. Or, le cerveau humain n’est pas programmé pour appréhender les problèmes de long terme. C’est normal : Homo Sapiens a appris à fuir devant le danger, pas à imaginer les dangers à venir. Notre vision à court terme est en train de se fracasser contre la réalité physique des limites de la planète.

N’avez-vous pas l’impression de vous répéter ?
Les idées principales sont effectivement les mêmes depuis 1972. Mais je vais vous expliquer ma philosophie : je n’ai pas d’enfants, j’ai 70 ans, j’ai eu une super vie, j’espère en profiter encore dix ans. Les civilisations naissent, puis elles s’effondrent, c’est ainsi. Cette civilisation matérielle va disparaître, mais notre espèce survivra, dans d’autres conditions. 16.jpg

Moi, je transmets ce que je sais, si les gens veulent changer c’est bien, s’ils ne veulent pas, je m’en fiche. J’analyse des systèmes, donc je pense le long terme. Il y a deux façons d’être heureux : avoir plus ou vouloir moins. Comme je trouve qu’il est indécent d’avoir plus, je choisis de vouloir moins.

Partout dans les pays riches, les dirigeants promettent un retour de la croissance, y croyez-vous ?

C’est fini, la croissance économique va fatalement s’arrêter, elle s’est déjà arrêtée d’ailleurs. Tant que nous poursuivons un objectif de croissance économique «perpétuelle», nous pouvons être aussi optimistes que nous le voulons sur le stock initial de ressources et la vitesse du progrès technique, le système finira par s’effondrer sur lui-même au cours du XXIe siècle. Par effondrement, il faut entendre une chute combinée et rapide de la population, des ressources, et de la production alimentaire et industrielle par tête.

Nous sommes dans une période de stagnation et nous ne reviendrons jamais aux heures de gloire de la croissance. En Grèce, lors des dernières élections, je ne crois pas que les gens croyaient aux promesses de l’opposition, ils voulaient plutôt signifier leur désir de changement. Idem chez vous pour la présidentielle. Aux États-Unis, après Bush, les démocrates ont gagné puis perdu deux ans plus tard. Le système ne fonctionne plus, les gens sont malheureux, ils votent contre, ils ne savent pas quoi faire d’autre. Ou alors, ils occupent Wall Street, ils sortent dans la rue, mais c’est encore insuffisant pour changer fondamentalement les choses.

Quel système économique fonctionnerait d’après vous ?

Le système reste un outil, il n’est pas un objectif en soi. Nous avons bâti un système économique qui correspond à des idées. La vraie question est de savoir comment nous allons changer d’idées. Pour des pans entiers de notre vie sociale, on s’en remet au système économique. Vous voulez être heureuse ? Achetez quelque chose ! Vous êtes trop grosse ? Achetez quelque chose pour mincir ! Vos parents sont trop vieux pour s’occuper d’eux ? Achetez-leur les services de quelqu’un qui se chargera d’eux !

Nous devons comprendre que beaucoup de choses importantes de la vie ne s’achètent pas.

De même, l’environnement a de la valeur en tant que tel, pas seulement pour ce qu’il a à nous offrir.

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Source: Libération: référence au livre « Les limites à la croissance » de Donella Meadows, Dennis Meadows, Jorgen Randers Rue de l’Échiquier, 432 pp., 25 € Choix de photos, mise en page, références et titrage par :JosPublic
Publication : 29 octobre 2014

2015 : les voeux d’Hubert Reeves pour sauvegarder l’environnement – Le Point

http://www.lepoint.fr/invites-du-point/hubert-reeves/2015-les-voeux-d-hubert-reeves-pour-sauvegarder-l-environnement-02-01-2015-1893563_1914.php

2015 : les voeux d’Hubert Reeves pour sauvegarder l’environnement

La conférence de Paris s'est fixé pour objectif de contenir le réchauffement global de la planète en deçà de 2 °C (photo d'illustration).

Pour Reeves, les décisions qui vont être prises en 2015 sont d’une extrême importance. Il faut des moyens à la hauteur des enjeux.

Ce qui compte, pour chacun d’entre nous, c’est d’avoir une vie… la meilleure possible. Or, la dégradation de chacun des trois piliers sur lesquels repose le bien-être humain – l’économie, le social et l’environnement – est préoccupante. Partager du pessimisme accroîtrait celui, éventuel, des lecteurs de ce billet. Positiver est un devoir. Mieux vaut partager de l’optimisme. Et surtout de la détermination.

En ce temps des souhaits, comme de coutume, formulons des voeux. Des millions d’années se sont écoulées depuis l’apparition des animaux, beaucoup moins pour les humains. D’où un premier voeu pour les décennies et les siècles suivants : que l’humanité y soit encore, et dans de bonnes conditions. Pour cela, les décisions qui vont être prises en 2015 sont d’une extrême importance. Il importe que la loi sur la biodiversité soit rapidement votée. L’Agence française de la biodiversité – dont je suis le parrain – doit stimuler des actions menées consensuellement, donc ensemble, c’est-à-dire avec tous les acteurs, et partout sur le territoire, au profit de toute la biodiversité, au-delà des aires protégées et des espèces emblématiques. Tout cela exige des moyens à la hauteur des enjeux.

Les années nous sont comptées

Et puis, en toute fin d’année, il y aura la Conférence de Paris qui réunira tous les pays engagés pour préserver le climat. Elle doit réussir mieux, beaucoup mieux que les précédentes (Copenhague, Lima). Les années nous sont comptées pour éviter des catastrophes caniculaires, des inondations cataclysmiques et des millions de réfugiés climatiques. Les États auront-ils le courage de prendre, enfin, les décisions nécessaires ? La société civile, c’est-à-dire tout le monde, tous ensemble, nous devons nous mobiliser pour les en convaincre… L’avenir de l’humanité en dépend.

Voilà donc déjà deux priorités que me dicte mon rôle de président d’une association – Humanité et Biodiversité – dédiée à la préservation du pilier « environnement « . Mais l’humanisme dicte aussi un troisième voeu qui concerne, lui, les humains d’aujourd’hui qui pâtissent de l’effondrement des piliers « économie » et « social ». Un devoir de solidarité envers tous nos frères humains s’impose. Pour solidifier les trois piliers évoqués – tous trois garants d’un humanisme, dorénavant élargi aux autres espèces, donc encore plus favorable à la nôtre -, il faut des gestes concrets. Et une détermination à toute épreuve que ne découragent ni les lenteurs administratives ni les échecs occasionnels. La tâche sera ardue. Il ne faudra rien moins qu’une volonté et un courage dignes de ceux de Winston Churchill lors de la Seconde Guerre mondiale. Les enjeux sont à cette hauteur.

7 260 000 000 habitants sur Terre, combien en trop? | Biosphère

http://biosphere.blog.lemonde.fr/2015/01/02/7-260-000-000-habitants-sur-terre-combien-en-trop/#xtor=RSS-32280322

7 260 000 000 habitants sur Terre, combien en trop?

La population mondiale compte 7 260 000 000 au 1er janvier 2015 quant à la seule espèce humaine (voir tableau*). Comme au 1er janvier 2014, les estimations donnaient 7,162 milliards, il s’agit donc d’une augmentation annuelle de près de 100 millions de personnes (1,37 % en taux de croissance annuelle) alors que la planète compte un milliard de mal nourris, des terres agricoles dégradées, des océans dévastés, des problèmes croissants d’approvisionnement en eau, en pétrole, en métaux, etc. Notons en plus qu’il ne s’agit là que d’une approche strictement anthropocentrée. Il faudrait aussi comptabiliser les territoires des autres espèces qui sont envahis par les humains, bétonnés, déforestés, aux populations autochtones éradiquées ou émasculées, enfermées dans des zoos. La biodiversité disparaît, et il est biologiquement impossible que l’espèce humaine puisse proliférer durablement au détriment de l’ensemble des autres formes du vivant. Il en va de la survie dans des conditions décentes.

La pullulation démographique humaine est, avec la surconsommation, un facteur de détérioration non seulement du tissu social mais aussi du tissu que forme la trame du vivant. Or toute évolution exponentielle non maîtrisée conduit inéluctablement à l’effondrement comme l’avait prévu dès 1972 le rapport au Club de Rome sur les limites de la croissance. Il y a plus grave, la comparaison avec les effondrements de civilisation du passé (comme celui de l’empire romain) néglige une différence essentielle : jamais par le passé la Terre n’avait porté plus de 7000000000 d’humains (9 milliards dans les tuyaux, qui ne peuvent plus être déprogrammés autrement que via des catastrophes planétaires).

Moralité : alors que jadis l’effondrement d’un empire se traduisait par une dispersion des « effondrés » sur d’autres territoires de vie, celui qui se profile n’aura plus de terres d’exil en réserve, intactes et riches en ressources. Dans ce contexte, nous ne pouvons vous offrir nos vœux de bonne année 2015…

* Tableau de référence : population mondiale en millions d’habitants au 1er janvier 2015

Sources Effectifs au 1.1.2015
INED 7.285
US Census Bureau 7.215
Population Reference Bureau 7.282
Poodwaddle 7.183
Population Matters 7.322
Population Mondiale.com 7.269
Ria Novosti 7.337
Terriens.com 7.212
Visio Météo / Géopopulation 7.207
Worldometers 7.285
Moyenne 7 260

Source : http://economiedurable.over-blog.com/article-la-population-mondiale-au-premier-janvier-2015-125282595.html

Lecture : La planète au pillage de Fairfield Osborn (1948)

Ce livre a 66 ans, mais son approche analytique s’applique parfaitement à l’état actuel de la relation extractiviste de l’espèce humaine avec son environnement biophysique.

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http://biosphere.ouvaton.org/de-1516-a-1969/116-1948-la-planete-au-pillage-de-fairfield-osborn-

1948 La planète au pillage de Fairfield Osborn

Le livre « La Planète au pillage » a été écrit par le fils d’Henry Fairfield Osborn (le paléontologue, né en 1857). Il signait Fairfield Osborn (1887-1969) et avait le même prénom que son père (une habitude américaine). D’abord businessman il s’est totalement engagé à la fin des années 30 (après la mort de son père) dans l’histoire naturelle et la conservation. Sa présentation du livre est prémonitoire, « L’humanité risque de consommer sa ruine par sa lutte incessante et universelle contre la nature plus que par n’importe quelles guerres » et la dédicace parfaite, « à tous ceux que l’avenir inquiète ». Juste après Hiroshima, il est quasiment le premier à prendre conscience d’une catastrophe écologique en marche. Il ne pouvait avoir l’idée du pic pétrolier et du réchauffement climatique, il consacre donc surtout son analyse à l’appauvrissement des sols. Mais certaines de ces analyses ont été reprises de multiples fois, ainsi : « Aujourd’hui les villes en ruine de l’Ancien empire maya témoignent avec éloquence que jadis il y a eu là les centres d’une population nombreuse et florissante. Cet épisode des Mayas nous apparaît comme un avertissement, auquel par malheur personne ne prend garde ». Toutes les phrases qui suivent sont celles de F.Osborn, mais la structure en chapitres n’est pas la sienne. C’est un résumé recomposé.

1/7) Introduction

L’idée d’écrire ce livre m’est venu à la fin de la seconde guerre mondiale. Il me semblait que l’humanité se trouvait engagée non pas en un, mais en deux conflits, cette autre guerre mondiale qui est grosse d’un désastre final pire même que celui qui pourrait provenir d’un abus de la bombe atomique. Cette autre guerre, c’est celle de l’homme contre la nature.

Nul ne saurait envisager les relations entre l’homme et la nature sans en même temps se demander : « Quelle est au juste la signification de notre existence ? » En ce qui concerne la vie animale et sa destruction, qui donc pourrait en parler de sang-froid ? L’esprit s’arrête devant l’éclair d’un vol d’oiseau au cœur d’une forêt, le saut argenté d’un poisson au tournant de la rivière, l’appel, bien haut dans l’air du soir, des migrateurs en route vers le sud. Peu importe qu’il soit mammifère, oiseau, poisson, reptile ou insecte, tout animal est en réalité bien plus que la forme que nous avons sous les yeux. C’est une expression fractionnelle, mais dynamique, des procédés de la nature, évoluées pendant d’incommensurables durées, en relation et interdépendance avec maintes autres choses vivantes. Avec de telles pensées dans l’esprit il est difficile de se résigner à ne parler de la vie animale qu’au point de vue de son utilité.

L’homme continuera toujours à être une simple pièce sur le grand échiquier de la nature. Durant de nombreux millénaires, l’homme a adoré le soleil comme un dieu, et certes il a eu raison de la faire. La Nature représente la somme totale des conditions et principes qui influencent ou plus exactement conditionnent l’existence de tout ce qui a vie, y compris l’homme lui-même. Si nous continuons à faire fi de la nature et de ses principes, les jours de notre civilisation sont dès maintenant comptés !

2/7) L’envol démographique

Tous les bébés sont semblables, ce sont les enfants de la Terre ; tous les jours et dans tous les pays ils arrivent sans arrêt en nombre toujours croissant, marée quotidienne. La venue au monde d’une telle armée de nouveau-nés vient jour après jour augmenter la masse vivante du milieu où chacun vient de faire son apparition. La force de ce milieu sera leur force ; sa faiblesse sera leur faiblesse.

Entre 1830 et 1900, la population mondiale a doublé pour atteindre 1,6 milliards de personnes. En 1940, les deux milliards étaient largement dépassés et depuis lors le chiffre continue à monter ; dans cent ans la population mondiale peut dépasser de beaucoup les trois milliards (ndlr : F.Osborn minimise l’évolution, en 2050 la population mondiale devrait dépasser les 9 milliards). O mânes du Dr Malthus ! Cet excès de peuplement est la principale cause de la raréfaction mondiale des ressources naturelles et vivantes du sol. Le problème de la compression due à la perpétuelle augmentation de leur nombre risque de ne pouvoir être résolu de façon compatible avec notre idéal d’humanité. Le nombre de nos semblables augmente sans arrêt, avec la famine pour conséquence ; même après les guerres les plus terribles il en reste encore trop de vivants. Même en prenant 1,6 milliards d’hectare pour représenter la surface de terre considérée comme convenable pour la culture, nous ne trouvons que trois quarts d’hectare environ par tête. Pourtant on compte en général que pour produire le minimum d’aliment nécessaire à un être humain, il faut au moins un hectare de terre de moyenne productivité.

Il y a un synchronisme perceptible entre l’accélération du commerce et celle de la reproduction humaine. Nous le voyons conquérir un continent puis dans l’espace de moins d’un siècle en transformer une bonne partie en solitudes désolées et inutilisables, après quoi il lui faut se déplacer pour trouver de nouvelles terres encore vierges. Mais où aller désormais ? Aujourd’hui, sauf quelques rares et insignifiantes exceptions il n’y a plus nulle part de terres nouvelles. Jamais encore de toute l’histoire humaine il n’en avait été ainsi.

3/7) L’instinct du prédateur

La plus cruelle, la plus meurtrière des guerres mondiales vient juste de prendre fin. A propos de cette combativité, il convient de préciser que la guerre telle que l’homme la pratique est un phénomène unique dans toute la nature, c’est-à-dire que parmi les populations animales les plus développées de notre planète il n’y a pas d’exemples de pareilles destructions à l’intérieur d’une même espèce. Pourtant les antipathies entre races ou nations, l’idée qu’il existerait des races supérieures et inférieures, n’ont aucun fondement biologique. Que peut-il donc bien y avoir dans l’ascendance de l’homme, quelles tendances héréditaires a donc l’être humain qui puissent rendre compte de pareils forfaits ?

La triste vérité est que pendant un passé infiniment long l’homme a été un prédateur, un chasseur, un carnivore et partant un tueur. Très tôt l’homme est devenu un chasseur alors que ses plus proches parents dans le monde animal, physiologiquement les plus semblables à lui, restaient végétariens. Il convient en outre de remarquer que le nombre de carnivores, de ceux qui vivent de la mort des autres, reste infime par rapport aux grandes populations animales parmi lesquelles ils ne forment qu’une très petite minorité. On estime que le nombre de carnivores ne devrait pas dépasser un pour cent de la population animale

4/7) Une force géologique

Que l’homme ait hérité de la terre, c’est là en vérité un fait accompli, mais en tant qu’héritier, il n’a tenu aucun compte des paroles du doux Nazaréen* : « Bienheureux les humbles, car la terre sera leur héritage. » L’homme a dès maintenant détruit une bonne partie de son héritage. Il a jusqu’ici manqué à se reconnaître comme un enfant du sol sur lequel il vit.

Il pense avoir découvert les secrets de l’univers. A quoi bon, alors, s’astreindre à en respecter les principes. Une conception récemment formulée nous donne l’homme comme devenant pour la première fois une force géologique à grande échelle. Les sciences mécaniques, chimiques et électriques, extensions de l’esprit humain, sont en train de changer la terre. Dans cette métamorphose, l’homme a presque perdu de vue le fait que les ressources vivantes de sa propre vie proviennent de son habitat terrestre et non des ressources de son esprit. D’une main, il équipe les forces hydrauliques, de l’autre il en tarit les sources.

*évangile selon saint Matthieu, discours sur Les Béatitudes, « Heureux ceux qui sont doux car ils hériteront la terre » (5.4)

5/7) La vie engendre la vie

Dans cette grande machine qu’est la nature chaque pièce dépend de toutes les autres. Retirez-en l’une des plus importantes et c’est toute la machine qui va s’arrêter. Là est le principe essentiel de cette science toute récente, la « conservation ».

Le sol productif doit être considéré comme une matière vivante parce que peuplé en nombre infini par de minuscules végétaux vivants, les bactéries, et de tout aussi petits animalcules, les protozoaires. Sans ce double peuplement un sol ne peut être que mort et stéride. Le ver de terre est le plus connu de tous ces petits auxiliaires du cultivateur mais il s’en faut de beaucoup qu’il en soit le plus important. L’homme ne saurait donc pratiquement créer du sol productif qu’à titre d’expérience et en quantité très limitée. La nature met de trois à dix siècles pour produire un seul pouce d’épaisseur de sol productif. Ce qui peut avoir ainsi demandé un millier d’années pour se faire peut se trouver enlevé et détruit par l’érosion en une seule année, parfois même en un seul jour comme on en en vu des exemples. Trop de gens ont encore l’idée que les terres devenues stériles par suite de l’abus qui en a été fait peuvent retrouver leur ancienne fertilité grâce aux engrais chimiques. Les engrais sont des suppléments et rien de plus.

La richesse et la productivité du sol ne peuvent se maintenir que par la restitution de toute la matière organique qui en provient. Or il existe un courant continu de matière organique vers les villes où elle se trouve consommée et ses résidus détruits sans jamais faire retour aux sols dont elle a tiré son origine. Par là nous tendons à détruire le cercle où s’exprime l’unité organique du processus de la production naturelle. La question se pose donc de savoir si le jour viendra où nous aurons définitivement brisé ce cercle.

6/7) Le cercle brisé

L’abus que l’homme fait de la terre est très ancien, il remonte à des milliers d’années. On peut le lire dans les désespérants spectacles de ruines enterrées sous les sables, dans d’immenses étendues de pierres nues jadis recouvertes d’un sol fertile.

La tendance des hommes à se concentrer remonte à la plus haute antiquité ; c’est là une des causes majeures du long et constant dommage que la race humaine inflige à la terre qui la porte. Les terres épuisées de l’Inde ne sauraient nourrir cette population toujours plus pressée et pourtant son accroissement immodéré se poursuit sans arrêt. Partout se fait jour le désir d’acquérir toutes les choses dont disposent les Européens. Il en résulte que les indigènes ont tendance à exploiter leur terre comme une mine pour en tirer le plus d’argent possible. Un autre facteur de détérioration des terres a été le système de taxation imposé par les puissances européennes désormais maîtresses de l’Afrique.

Arrivons-en aux Etats-Unis, le pays de la grande illusion, « le pays qui peut à lui seul nourrir le monde ».L’histoire de cette nation en ce qui concerne l’abus fait des forêts, des prairies, des animaux sauvages et des ressources en eau est bien la plus violente et la plus destructrice dans toute l’histoire de la civilisation. La forêt primitive a été réduite au point de ne plus couvrir que 7 % du territoire au lieu de 40 %. Savamment appuyées par leurs représentants au Congrès, les manœuvres de puissants éleveurs ont un effet marqué sur la conservation des dernières réserves forestières encore existantes. Les pertes que nous subissons du fait de l’érosion continue ont de quoi faire trembler : chaque année entre cinq et six milliards de tonnes. Le service de la Conservation des sols n’existe que depuis 1935, non pas tant grâce à la stratégie du gouvernement mais parce que le grand public avait été frappé d’épouvante par la révolte de la nature contre l’homme, mise en évidence par l’incident du « Bol de poussière » le 12 mai de l’année précédente.

7/7) Conclusion

C’est chose étonnante que de voir combien il est rare de trouver une seule personne bien au fait de la destruction accélérée que nous infligeons sans arrêt aux sources même de notre vie. Par ailleurs, les rares esprits qui s’en rendent compte ne voient pas en général le lien indivisible entre ce fatal processus et les exigences irrésistibles d’une population humaine sans cesse en augmentation. Il semble n’y avoir guère d’espoir en l’avenir si nous ne décidons pas à accepter la conception suivant laquelle l’homme est, comme tous les autres êtres vivants, partie intégrante d’un vaste ensemble biologique.

La terre aujourd’hui appartient à l’homme et par là se trouve posé le problème de savoir quelles obligations peuvent accompagner cette possession sans limites. La propriété privée des ressources naturelles d’un pays ne se justifie sur le plan moral que si ces ressources sont exploitées par leur propriétaire de façon conforme à l’intérêt général de la nation. Il n’y a rien de révolutionnaire dans l’idée que les ressources renouvelables appartiennent en réalité à toute la nation et que l’usage fait de la terre doit être partie intégrante d’un plan d’ensemble bien coordonné.

L’action du gouvernement, en dernière analyse, repose avant tout sur l’opinion publique. Le fait que plus de 55 % de la population américaine vit dans les villes a pour conséquence inévitable une indifférence marquée pour la terre et la façon dont sont traitées les ressources naturelles du pays. Il est aussi probable que le plus puissant soporifique dont soit imbibée l’opinion publique vient de la croyance aujourd’hui inconsciemment partagée par nous tous suivant laquelle les miracles de la technologie moderne peuvent suffire à résoudre n’importe quelle difficulté.

Seul un grand effort de la nation tout entière peut donner pour l’avenir des garanties suffisantes. Il n’y faut rien de moins qu’une complète coopération du gouvernement et de toute l’industrie, appuyée par la pression unanime de l’opinion publique. Un programme doit être enseigné dans toutes les écoles de façon à ce que les générations à venir puissent dès leur enfance se rendre compte de la situation exacte de ce qui est la base même de toute vie, un enseignement de la conservation. De même les cours d’économie politique, travaux publics, sociologie, etc. prendraient une vie nouvelle si l’on y faisait figurer des considérations bien comprises sur les relations de l’homme avec le milieu physique dans lequel il est appelé à vivre. Une seule solution est possible : l’homme doit reconnaître la nécessité où il se trouve de collaborer avec la nature.

(Actes sud, 2008)