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Recherches sur la viabilité des systèmes sociaux humains

L’espèce humaine n’a pas tellement évolué physiologiquement depuis le dernier million d’années. Elle a évolué principalement en usant de stratégies comportementales qui l’ont menée à s’adapter à son environnement biophysique en se dotant d’un environnement social complexe conçu pour le protéger de l’environnement biophysique, mais surtout pour l’exploiter.

Au début de l’humanité, ce modèle a permis à l’espèce de survivre et de se reproduire ce qui a favorisé la stabilisation de ses populations qui ont pu coloniser différentes régions de la planète. Mais les capacités cognitives évoluées de cette espèce du règne des primates ont permis à l’homme de transcender ses comportements instinctifs. Ainsi, l’espèce humaine a élaboré des concepts qui lui sont propres et qui ont servi de constructeurs pour son environnement social. La plupart de ces concepts n’existent pas dans l’environnement biophysique ni dans l’environnement humain.

Ce modèle issu exclusivement de l’évolution de l’espèce, n’a jamais été architecturé pour tenir compte des réels besoins de la nature humaine tout en respectant les équilibres entre les stratégies comportementales modernes de l’homme social et les équilibres avec son environnement biophysique. Rapidement, et de façon accélérée depuis l’ère industrielle, l’espèce humaine a voué tous ses efforts à l’évolution de son environnement social et à l’exploitation déséquilibrée des ressources naturelles.

Nous rappelons un des principes de base de l’évolution documentés dans notre dossier (https://irasd.wordpress.com/dossiers/recherches/environnement-humain/biologie-et-evolution-de-lespece-humaine/theorie-de-levolution-et-principes-dadaptation/) :

« La capacité à croître d’une population est infinie, mais la capacité d’un environnement à supporter les populations est toujours finie. Les populations croissent jusqu’à ce qu’elles soient stoppées par la disponibilité décroissante des ressources dans l’environnement. La compétition pour les ressources résulte de la lutte pour l’existence. »

Ce principe s’applique à toutes les espèces vivantes, incluant l’homme. La différence avec l’homme est qu’il ne lutte plus tellement pour son existence, mais surtout pour la croissance de son environnement social qui supporte sa substance; notamment pour la croissance de son système économique monétaire qui surexploite les ressources et déséquilibre l’environnement biophysique…

L’IRASD partage ici cette excellente compilation de recherches concernant la viabilité des systèmes sociaux humains dans son environnement biophysique aux ressources et capacités limitées.

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http://4emesinge.com/lhumanite-est-elle-proche-dun-effondrement-systemique/

L’humanité est-elle proche d’un effondrement systémique ?

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Depuis quelques décennies, certaines études scientifiques démontrent mathématiquement l’impossibilité de pouvoir prospérer sur le long terme avec notre système économique actuel. Ces études font souvent appel à un domaine méconnue, la dynamique des systèmes, qui se veut d’étudier les systèmes complexes avec toutes les intrications qu’ils comportent, c’est à dire tout ce qui influence ces systèmes et les conséquences qu’ils entrainent.

Nous vous proposons un tour d’horizon des études scientifiques les plus sérieuses sur le sujet, souvent décriées, voir ignorées, elle permettent d’apercevoir ce qui pourrait se passer dans un futur plus ou moins proche. Et il y a de quoi s’inquiéter sérieusement…

1 – Le jour de dépassement global

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– Logo du « Global Overshoot Day »

Le fait que l’humanité surexploite la majorité des ressources terrestres vitales pour sa survie est aujourd’hui connu et relativement bien documenté. Pour preuve, le « Global Overshoot Day », littéralement « le jour du dépassement global » annuel de l’humanité survient de plus en plus tôt chaque année, selon le Global Footprint Network, qui regroupe des scientifiques, des universitaires, des municipalités et des entreprises de partout dans le monde.

L’an dernier, le jour du dépassement est survenu le 19 août. En 1993, il y a donc à peine 20 ans, il est survenu le 21 octobre. Ce seuil indique l’instant à partir duquel la population mondiale a consommé l’ensemble des ressources que la planète était en mesure de produire pour l’année en cours.

Au rythme actuel, le Global Footprint Network évalue que «la demande de l’humanité en ressources et services écologiques exigerait une fois et demie la capacité de la Terre pour être satisfaite». Selon ces mêmes calculs, «nous aurons besoin de deux planètes d’ici 2050 si les tendances actuelles persistent». Si tous les Terriens consommaient comme les Canadiens, il nous faudrait l’équivalent de trois planètes et demie pour assurer notre subsistance.

Les pêcheries mondiales constituent un bon exemple de la surexploitation des ressources mondiales. Selon le Programme des Nations unies pour l’environnement, il pourrait être impossible d’exploiter commercialement les poissons des océans d’ici 2050.

Qui plus est, les bouleversements climatiques risquent d’aggraver les choses. Selon la Banque mondiale, de graves pénuries alimentaires sont ainsi à prévoir si le réchauffement planétaire poursuit sur sa lancée actuelle. Cela risque d’aggraver le problème de la faim dans le monde. Les stratégies sensées permettre de lutter contre ce fléau ont lamentablement échoué, en plus de nuire à l’environnement.

Les scientifiques prédisent également un accroissement du niveau des océans qui affectera de plus en plus de populations côtières, des phénomènes météorologiques extrêmes plus fréquents ainsi que des effets irréversibles sur la biodiversité mondiale.

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Graphique du jour de dépassement global – Greenpeace / Global footprint network

2 – Un modèle minimal de l’interaction entre l’Homme et la Nature.

D’après l’étude nommée : « A Minimal Model for Human and Nature Interaction », notre civilisation risque l’effondrement d’ici à peine quelques décennies en raison de la surexploitation chronique des ressources de la terre et de l’accroissement des inégalités. C’est ce que conclut l’étude de trois chercheurs universitaires, Safa Motesharrei et Eugenia Kalnay de l’Université du Maryland et Jorge Rivas de l’Université du Minnesota.

Cette étude — dont la publication a été acceptée par le Elsevier Journal Ecological Economics — se base sur la dynamique historique qu’entretiennent les civilisations par rapport à la nature, mais aussi à l’intérieur même de leurs structures sociales. Le modèle de recherche est donc multidisciplinaire.

Les chercheurs ont ainsi mis en évidence les raisons qui ont contribué à la chute des civilisations au cours des derniers millénaires. Selon leurs travaux, une série de facteurs liés entre eux sont à prendre en compte, parmi lesquels le climat, la population, l’eau, l’agriculture et l’énergie.

Ces facteurs peuvent mener à un effondrement de la civilisation s’ils convergent vers une «rareté des ressources provoquée par une trop grande pression exercée sur les capacités de la nature» et une «stratification économique entre riches et pauvres». Ces phénomènes combinés «ont toujours joué un rôle central dans le processus d’effondrement. Du moins au cours des cinq mille dernières années», concluent-ils.

Un temple du royaume de Tikal, un des plus prospères de la civilisation classique Maya. Professeur Medina-Elizalde

Un temple du royaume de Tikal. Professeur Medina-Elizalde

Dans une telle dynamique, les citoyens les plus privilégiés sont toutefois prompts à refuser tout changement, soulignent les chercheurs qui ont mené l’étude. Ils sont en effet moins affectés que les plus démunis par «les effets de la détérioration de l’environnement». Ils peuvent donc se contenter du statu quo beaucoup plus longtemps avant de s’ouvrir à la remise en question.

L’étude souligne par ailleurs que le développement technologique n’est absolument pas en mesure de permettre à l’humanité d’éviter le pire. «Les changements technologiques augmentent l’efficacité des ressources, mais aussi la surconsommation», peut-on lire dans le document.

Face à ce constat, les chercheurs sonnent l’alerte face à l’inconscience et l’aveuglement des élites qui aurait déjà mené à la disparition d’autres civilisations. Ils estiment que l’on peut encore éviter le pire de deux manières, en réduisant les inégalités économiques ainsi qu’en réduisant la consommation des ressources. C’est donc une mise en garde qui s’adresse aux gouvernements et aux populations afin qu’ils prennent conscience qu’un changement dans les modes de vie devient nécessaire.

Rapport Oxfam - Projection de la répartition des richesses

Rapport Oxfam – Projection de la répartition des richesses

3 – L’écroulement de la civilisation occidentale : une vue de l’avenir

Si les résultats de l’étude ci dessus peuvent sembler catastrophistes, ils sont malheureusement confirmés par d’autres études prospectives comme celle de deux scientifiques américains. Erik M. Conway, historien à la NASA et Naomi Oreskes, historienne des sciences et professeure à l’université d’Harvard. Ils ont publié en 2013 un article intitulé « The Collapse of Western Civilization: A View from the Future » dans le prestigieux journal du Massachusetts Institute of Technology (MIT).

Dans cet article ils se posent la question suivante : pourquoi sommes-nous restés inactifs, alors que nous disposions d’informations scientifiques robustes sur le changement climatique et que nous savions quels terribles événements allaient suivre ? Il s’en suit une prospective sur le déclin de l’humanité qui doit affronter le résultat de sa lâcheté : vagues de chaleurs sans précédent, hausse du niveau des océans, panique, émeutes, migrations de masse, hausse explosive des populations d’insectes, épidémies… L’ordre social s’effondre dans les années 2050 et les gouvernants, acquis à l’idéologie néolibérale, se retrouvent désarmés devant la nécessité d’une intervention massive de l’état…

Là aussi, en imaginant la situation vers laquelle l’humanité s’oriente si rien n’est fait, les auteurs montrent le piège des idéologies aveuglantes qui dominent : le positivisme et le fondamentalisme de marché.

Malheureusement, ces mises en perspective apparaissent de moins en moins extravagantes tant nos sociétés s’acharnent, contre toute logique, à faire perdurer un modèle de société obsolète et sans aucun avenir. Pourtant, il est encore tout à fait possible d’éviter de répéter les erreurs du passé et cet avenir catastrophique peut être écarté si des changements politiques et structurels forts sont mis en place.

Croissance infini pour planète finie

L’échiquier des ressources – Artiste inconnu

4 – Les limites à la croissance, le rapports du Club de Rome ou « rapport Meadows » (1972 – 1993 – 2004).

The limits to growth - 1972 (Donella Meadows, Dennis Meadows, Jørgen Randers et William W. Behrens III)

The limits to growth – 1972 (Donella Meadows, Dennis Meadows, Jørgen Randers et William W. Behrens III)

Il est inquiétant de constater que l’étude de cette problématique, ainsi que les conséquences sur le long terme soient connus depuis maintenant plus de quarante ans. Le fameux « rapport du Club de Rome » fut le premier rapport scientifique rendu public sur cette problématique. En 1972, il mettait en évidence les dangers écologiques de la croissance économique et démographique que connaissait le monde en 1972. A travers divers scénarios, il prévoyait l’évolution de l’économie Humaine jusqu’en 2100, suivant que l’Humanité prenne telle ou telle direction.

Ils développèrent donc un modèle informatique qui avait pour objectif de décrire le monde comme un ensemble global dont les parties sont interdépendantes. Voici le développement de ce modèle :

– Le développement économique est induit par la croissance.

– Celle-ci est stimulée par la croissance démographique et une exploitation croissante des ressources naturelles.

– Cette croissance économique provoque de la pollution, qui elle-même sera cause de recul économique et/ou démographique.

– Par le jeu de ces interactions, une consommation excessive des ressources naturelles peut entraîner une crise économique durable.

– Ainsi la croissance économique s’arrêtera faute de matières premières (énergie, ressources minières, appauvrissement des sols, épuisement des ressources halieutiques, etc.), la population diminuera faute de nourriture et/ou, comme par le passé, au moyen de conflits armés.

Graphique du scénario "business as usual" - Issue du troisième rapport (2004) "The limits to growth"

Graphique du scénario « business as usual » – Issue du troisième rapport (2004) « The limits to growth »

Cela conduit les auteurs à prévoir pour l’avenir plusieurs scénarios : pénurie de matières premières et/ou hausse insupportable de la pollution. Chacun de ces deux scénarios provoquerait la fin de la croissance quelque part durant le XXIe siècle. Le progrès technique ne ferait que différer l’effondrement inéluctable de l’écosystème mondial, incapable de supporter cette croissance exponentielle.

Cependant, tous les scénarios présentés par les auteurs ne mènent pas à un effondrement. Mais ils constatent que les seuls scénarios sans effondrement sont ceux qui abandonnent la recherche d’une croissance exponentielle sans limite de la production.

Trois scénarios issus du rapport Meadows. À gauche, scénario dans lequel les tendances des années 1900-1970 se poursuivent. Au centre, scénario intégrant une optimisation de l'utilisation des ressources non renouvelables. À droite, scénario faisant intervenir des politiques conjointes de stabilisation. © Vincent Landrin (d'après The Limits to Growth, 1972).

Trois scénarios issus du rapport Meadows. À gauche, scénario dans lequel les tendances des années 1900-1970 se poursuivent. Au centre, scénario intégrant une optimisation de l’utilisation des ressources non renouvelables.
À droite, scénario faisant intervenir des politiques conjointes de stabilisation.
© Vincent Landrin (d’après The Limits to Growth, 1972).

La version actualisée du rapport du Club de Rome, traduit en Français en 2012 et intitulée « les limites à la croissance, dans un monde fini » n’a quasiment pas fait parler de lui, pourtant, une fois de plus, les résultats de l’étude démontrent très clairement que la tendance n’a pas changée et que l’effondrement systémique pourrait bien avoir lieu avant 2050 au rythme de surconsommation des ressources actuelles.

En effet, les prédictions du scénario « business as usual » – donc celui dans lequel nous nous trouvons – prévoit l’effondrement économique majeur aux alentours de 2030 qui entrainerai inexorablement une baisse massive de la population mondiale.

Ce troisième rapport confirme ceux de 1972 et 1993, plusieurs études scientifiques convergent vers cette analyse, pourtant le dogme de la croissance est toujours présenté comme le seul modèle viable pour notre système économique. Tout se déroule comme prévu pour que survienne le désastre !

4 – World3, le simulateur de type dynamique des systèmes.

World3 a été développé par l’équipe à l’origine du premier rapport du Club de Rome. Il permet notamment de faire des simulations informatiques des interactions entre population, croissance industrielle, production de nourriture et limites des écosystèmes terrestres.

Il s’agit d’un modèle de type dynamique des systèmes, il comporte sept parties interagissant entre elles. Chacune traite d’un système différent du modèle. Les systèmes principaux sont :

  • le système alimentaire, incluant l’agriculture et l’industrie agroalimentaire ;
  • le système industriel ;
  • le système démographique ;
  • le système de ressources non renouvelables ;
  • le système de pollution.

Si vous souhaitez faire vos propres simulations, voici le simulateur en accès libre.

Simulation dans World3

Simulation dans World3

5 – Conclusion

Une autre étude scientifique publié dans la revue Nature en 2009 par une équipe de chercheurs Internationaux mettait en alerte sur les 9 barrières qui mettraient en dangers l’équilibre de l’écosystème planétaire, ces limites visent à déterminer des seuils globaux au-delà desquels les dégradations environnementales planétaires ne permettraient plus aux activités humaines de se poursuivre. Vous pouvez consulter un résumer en français ici.

Les neuf processus terrestres à surveiller selon Rockström et coll.,1 leur indicateur, la valeur actuelle et la limite planétaire qu’il pourrait être dangereux de dépasser. Les lignes rouges correspondent aux limites qui ont déjà été dépassées, les vertes à celles qui ne l’ont pas encore été. (2013) - Réalisé par Planeteviable.org

Les neuf processus terrestres à surveiller selon Rockström et coll.,1 leur indicateur, la valeur actuelle et la limite planétaire qu’il pourrait être dangereux de dépasser. Les lignes rouges correspondent aux limites qui ont déjà été dépassées, les vertes à celles qui ne l’ont pas encore été. (2013) – Réalisé par Planeteviable.org

Malgré tout ces avertissements, il parait plus que nécessaire d’informer le maximum de personne de ce qui risque de se produire si aucun changement de cap n’est envisagé et s’y préparer par la même occasion. Il parait évident que la croissance économique exponentielle n’est mathématiquement pas viable sur le long terme. Ceci n’est pas seulement une question de politique, les structures de gouvernances ne semblent pas pouvoir remettre en question l’idéologie proposée actuellement. Il ne s’agit pas d’un problème de personnes, mais d’un problème systémique, bien plus profond.

Le comportement des êtres humains étant profondément influencés par les structures sociétales dans lesquelles ils évoluent, ne pas remettre en cause ces structures, c’est s’attaquer aux conséquences et oublier les causes qui les ont générés.

Source :

Synrthèse du Rapport de 2012

Le devoir

The guardian

Halte à la croissance

Les limites planétaires


Un commentaire

  1. A reblogué ceci sur lesgensdechauprixet a ajouté :
    Un monde qui n’en finit pas de commencer

    J’aime

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