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L’implantation de la démocratie passe par une réforme de l’économie

L’IRASD travaille sur cette analyse depuis des années et il est clair qu’aucune démocratie ne peut s’implanter ni survivre tant et aussi longtemps que le système économique sera établi sur des fondations monétaires et capitalistes.

Nous avons d’ailleurs publié une analyse concernant les inégalités économiques :
https://irasd.wordpress.com/2014/09/30/les-inegalites-symptome-de-lechec-social-du-modele-economique-monetaire-capitaliste/

Nous invitons le lecteur à prendre connaissance des solutions préliminaires proposées par le CCU en 2012 que l’IRASD va analyser afin de mesurer ses interactions potentielles dans le système humain pour éviter de reporter de nouveaux problèmes sociaux et déterminer la faisabilité sociale. Ces solutions sont toutefois déjà viables et durables tout en assurant l’évolution rapide de la civilisation humaine tout en soutenant sa pérennité :
http://ccuucc.wordpress.com/economie/

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http://www.ledevoir.com/economie/actualites-economiques/419844/la-democratie-passe-par-l-economie

La démocratie passe par l’économie

« Nous n’avons aucune chance d’avancer vers le développement durable si l’économie et la société tournent autour de la surconsommation », estime le professeur d’épidémiologie Richard Wilkinson.

L’inégalité économique est un fléau pour la société : selon Richard Wilkinson, professeur émérite d’épidémiologie sociale à l’Université de Nottingham et à l’University College de Londres, une société en bonne santé est une société démocratique. Mais, loin de se réduire à la sphère politique, la démocratie doit aussi être l’affaire des entreprises : l’avenir de nos sociétés, et de la planète, en découle.

Auteur du livre L’égalité, c’est la santé, Richard Wilkinson estime que le prochain grand projet de l’humanité se situe du côté de l’économie et qu’il est urgent «d’étendre la démocratie à la sphère économique». Le professeur accuse en premier lieu les inégalités salariales, fléau qui gangrène la société à de multiples niveaux. «Dans certaines grosses entreprises, le ratio salarial entre le p.-d.g. et un petit employé est de 300, voire 400 contre 1. C’est extrêmement néfaste: d’un point de vue psychosocial, il n’y a pas de façon plus forte de dire à un pan entier de la population qu’il ne vaut presque rien. C’est monstrueux», avance-t-il. De telles inégalités contribuent à ce qu’un sentiment de supériorité s’installe en haut de l’échelle, tandis qu’un sentiment d’infériorité en ronge le bas.

Or ces inégalités ont des conséquences graves, notamment en alimentant une anxiété permanente et une obsession du statut social, particulièrement chez les jeunes. «Les inégalités salariales affectent le tissu social en encourageant la compétition et l’insécurité.» Plus une société est inégalitaire, plus cette obsession sociale se fait sentir, jusque dans la façon dont ses membres «s’inquiètent de la façon dont ils sont perçus et jugés». Dans les sociétés les plus inégalitaires, ces considérations s’immiscent dans la vie privée : «les hommes et les jeunes femmes choisissent leur conjoint en accordant une plus grande priorité à des considérations financières que dans les sociétés plus égalitaires. L’ensemble du tableau devient dominé par ce genre d’enjeu.»

Et la santé du pays en pâtit. Le professeur fait état de plus de violence, de maladies mentales, de prison, de grossesses précoces ou de toxicomanie dans les sociétés inégalitaires, et ce, à tous les niveaux de l’échelle sociale. «Nous sommes tous affectés par les inégalités, explique-t-il. Réduire les inégalités salariales aurait un impact positif sur la qualité de vie de l’ensemble des citoyens.»

Inévitablement, la surimportance du statut social alimente l’engrenage de la surconsommation, obstacle majeur au développement durable. De plus, la surconsommation a des effets psychologiques non négligeables. En effet, «ceux qui passent le plus de temps à magasiner et qui dépensent trop ne sont pas heureux: ils vivent dans l’insécurité permanente et non dans le bien-être». D’autant plus que, pour satisfaire leurs aspirations matérielles, ces personnes auront tendance à travailler de plus longues heures, à épargner moins et à s’endetter davantage.

C’est donc l’ensemble de notre rapport à l’économie que nous devons repenser. «Nous devons défaire le pacte de surconsommation entre les compagnies et les consommateurs. Les consommateurs y tiennent, car elle est devenue synonyme de réussite. Les compagnies l’encouragent, car elles veulent faire de plus gros profits. Nous n’avons aucune chance d’avancer vers le développement durable si l’économie et la société tournent autour de la surconsommation.»

À l’échelle mondiale, des solutions à court terme existent, affirme-t-il. En premier lieu, il faut s’attaquer aux paradis fiscaux et à la fraude fiscale. Mais nous devons surtout penser au «prochain grand projet de l’émancipation humaine»: l’extension de la démocratie dans le milieu du travail. Et les coopératives sont une bonne porte d’entrée pour le faire, notamment parce qu’on y fait état de moins d’inégalités salariales. Richard Wilkinson cite également la présence d’employés dans les conseils d’administration et dans les instances décisionnelles des entreprises, ainsi que le rachat de compagnies par des employés. «Plusieurs pays de l’Europe de l’Ouest ont légiféré pour exiger qu’il y ait des représentants d’employés dans les conseils d’administration. Mais, à l’exception de pays comme l’Allemagne, ce phénomène demeure malheureusement trop léger. Et, dans des pays comme l’Angleterre et les États-Unis, ça n’existe pas du tout. Nous devons nous concentrer là-dessus. Il faut également encourager le développement d’entreprises démocratiques, comme les coopératives.»

Et, contrairement aux idées reçues, une entreprise démocratique n’est pas forcément une entreprise en mauvaise santé économique. Au contraire, «les études montrent que les compagnies égalitaires ont une meilleure productivité, car les conditions de travail y sont favorables. Lorsque des employés rachètent leur compagnie, celle-ci cesse d’être considérée comme la propriété de quelqu’un, pour devenir une communauté. C’est important. De nombreuses compagnies s’en sortiraient mieux s’il n’y avait pas d’énormes inégalités salariales.»

Mais une telle évolution va nécessiter «des luttes, des lois, des campagnes et des politiques publiques». Peine perdue ? Loin de là : aux États-Unis, pourtant au banc des mauvais élèves, un ou deux États ont imposé une taxe supplémentaire aux entreprises qui ont de plus grandes inégalités salariales. Les entreprises qui ont moins d’inégalités salariales bénéficient au contraire d’avantages fiscaux. «Nous devons aller dans ce sens-là, favoriser les entreprises plus démocratiques et accorder des prêts à des employés souhaitant racheter une entreprise.»

Malheureusement, le monde continue d’avancer dans la mauvaise direction. Même les bons élèves, comme les pays scandinaves et le Japon, perdent du terrain. «Les pays ont tendance à devenir de plus en plus inégalitaires. C’est une grande perte pour la qualité de vie et notre société.»


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