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Les politiciens et les gouvernements sont-ils aussi publics qu’ils le laissent croire?

L’observation des processus de financement des partis politiques et les soupçons d’appuis financiers secrets aux candidats par le privé nous poussent à poser l’hypothèse que les gouvernements soient subtilement achetés par les industries en connivence stratégique avec les politiciens souhaitant accéder au pouvoir ou placent leurs pions sur l’échiquier politique en leur faveur. Il est clair que ce n’est pas n’importe quel citoyen bien intentionné qui possède la richesse de payer pour devenir candidat aux élections ou chef en contribuant à la caisse du parti…

La commission Charbonneau sur l’industrie de la construction au Québec nous révèle, depuis plus d’un an, un petit bout de la pointe de l’iceberg qui s’étend, fort vraisemblablement, à toutes les industries et à tous les niveaux de gouvernements.

Le modèle observé se résume ainsi : les industries financent des politiciens et des partis politiques avec des dons déclarés ou anonymes pour favoriser leur élection. En échange de leur accession au pouvoir, les politiciens promettent la mise en place de facilitateurs politiques et économiques favorisant les entreprises en maquillant ces incitatifs dans leurs programmes de développement économique sous forme de promesses de création d’emplois qu’aucun politicien ne peut tenir sans renégocier avec l’industrie qui possède désormais le gros bout du bâton.

Non seulement les entreprises agissent à leur gré avec des promesses de développement économique sous forme de redevances ou de revenus d’emploi pour les gouvernements, mais les politiciens qui possèdent des actions dans les entreprises de l’industrie ne sont pas rares. Sinon, des ententes secrètes sont négociées entre les industries et les politiciens. Nous sommes donc, en apparence, face à des situations de conflits d’intérêts multiples qui sont concrétisées par l’exploitation de fines failles d’interprétation dans des subtilités législatives et juridiques.

La gravité de la déformation culturelle politique est telle que les gouvernements ne s’en cachent même plus! Il est devenu symptomatique de la culture politique de mentir et de cacher les vérités, qu’on les possède ou non… Cette culture politique est au cœur des stratégies électorales qui permet de maquiller la mission gouvernementale de demi-vérités politiques dans l’unique but d’appuyer des développements économiques. (1)

Cette situation semble être la conséquence de plusieurs mauvaises décisions politiques dans l’histoire du système social, dont la légalisation du financement électoral, du lobbying et la privatisation des banques…

La situation des gouvernements face au corporatisme et au développement économique est devenue si préoccupante que sa mission première, qui est de gérer la société et de voir au bien des citoyens, a été réduite au point que les citoyens ne soient plus que de vulgaires revenus et des nuisances politiques dans la réalisation des projets corporatifs de développement économique. Ainsi est née la notion d’acceptabilité sociale ou comment transformer le citoyen en obstacle qu’il faut convaincre à tout prix!

Au-delà de l’acceptabilité sociale qui exerce une pression d’opposition idéologique sur les citoyens qui revendiquent leurs droits sociaux, les gouvernements en sont arrivés à user d’une autre stratégie politique : l’austérité ou comment couper dans les services publics pour financer les industries!

À partir d’ici, il faut prendre le temps d’analyser la vue d’ensemble de la situation observée que nous venons de décrire et se questionner sur les raisons qui poussent les industries, autant que les politiciens, de connivence pour utiliser les gouvernements comme leviers de développement économique. Serait-ce parce que l’élastique du système économique est étiré jusqu’à son point de rupture?

Pendant combien de temps encore et avec quelles stratégies politiques allons-nous accepter que nos politiciens et nos industries trichent nos sociétés en luttant contre les exigences sociales, en coupant dans les services et en favorisant un système économique non viable? Pourquoi devrions-nous accepter l’augmentation constante et accélérée de la pression fiscale qui accentue les écarts entre les riches et les pauvres alors que notre civilisation possède l’expertise et les moyens d’éliminer les injustices et les inégalités?

La cause des causes ne serait-elle pas justement le système économique lui-même?

Les gouvernements ne sont plus purement des organismes publics, ils sont financés par le privé. Les politiciens ont perdu le peu d’éthique morale, de neutralité et d’objectivité qu’ils auraient pu avoir. Nos exigences sociales n’ont plus de poids dans la balance de leurs décisions corporatives. Seul le développement économique compte à leurs yeux, parce qu’ils sont prisonniers du système économique monétaire capitaliste qu’ils ont laissé dériver en le privatisant. Et ils font tout pour que ce développement économique soit durable, même de faire du développement qu’il est impossible d’assujettir aux règles du développement durable!!!

Les gouvernements ont perdu le contrôle de leur mission. Ils ont perdu le contrôle de leur gouvernance. Ils ont perdu le contrôle du système économique. Ils ont perdu le contrôle de leurs dettes. Ils ont perdu le contrôle des industries. Et ils sont en train de perdre le contrôle des citoyens après avoir perdu leur confiance depuis longtemps…

Comme le disait David Suzuki lors d’une entrevue à l’émission Second Regard de Radio-Canada : « L’activisme environnemental a échoué. » Il a échoué à endiguer les dérapages magistraux des décisions politiques en faveur de l’industrie et au détriment des citoyens et de l’environnement.

Mais l’activisme a toutefois réussi une chose : accroître la portée de la prise de conscience citoyenne tout en accentuant l’engagement social collectif. Ainsi, l’expression des exigences sociales prend la forme d’instabilités qui sont en réalité autant de catalyseurs potentiels favorables à la mise en place d’une démocratie citoyenne. Mais le chemin qu’il reste à parcourir est encore long et semé d’embûches.

La résistance aux changements en est une de taille pour laquelle il faudra induire des changements culturels profonds chez les citoyens qui devront s’impliquer activement dans une démocratie. Parce que la démocratie, c’est le peuple qui gouverne et non un gouvernement représentatif qui fait croire au peuple que son gouvernement est démocratique…

L’autre embûche de taille qu’il faudra surmonter est l’économie monétaire capitaliste dont nous avons perdu le contrôle. Il faudra le reprendre des banques privées et le gouverner démocratiquement collectivement. Plus encore, il faudra songer à « démonétiser » l’économie afin d’éradiquer les inégalités, les injustices, la collusion, la corruption, la criminalité, les conflits, les guerres, la surexploitation des ressources limitées dans une économie en croissance infinie et ses effets néfastes sur les changements climatiques qui mettent en péril la pérennité de la civilisation et la survie de l’espèce humaine.

Voilà ce que sont les vraies affaires sur lesquelles se penche l’IRASD pour observer les comportements dans l’environnement social et analyser les interactions avec la nature humaine qui induisent des comportements nuisibles à la pérennité de la civilisation et à la survie de l’espèce humaine.

La situation mondiale catastrophique dans laquelle s’est placée l’humanité avec sa civilisation et l’accélération du développement depuis le début de l’ère industrielle vers 1780 n’ont fait qu’accroître la gravité des impacts de l’homme sur son environnement biophysique. (2)

Il est temps de travailler sur les vraies affaires, sur la cause du cancer qui ronge notre civilisation et l’humanité qui la supporte. La chimiothérapie et les inhibiteurs de symptômes n’ont plus aucun effet sur le développement du système social. L’humanité a perdu le contrôle de son développement. Et pour le retrouver, il faut analyser l’ADN de l’environnement social et humain afin d’identifier les gènes constitutifs qui induisent cette perte de contrôle du développement de notre civilisation. Il est inutile de perdre son temps avec des idéologies, de la partisanerie ou de solutions partielles inefficaces.  Il faut faire de l’architecture sociale pour tout reconstruire. (3)

Ne pas le faire maintenant, c’est la mort assurée dans un futur qui s’approche aussi vite de demain, alors que nous perdrons le contrôle du climat de la seule planète habitable de l’univers que nous connaissons. Celle qui nous a donné la vie et qui l’entretient depuis des millions d’années…

(1) On se souviendra du dossier d’approbation des travaux de TransCanada pour la construction d’un port pétrolier à Cacouna, en plein parc marin, visant à protéger des espèces en péril pour lesquelles des citoyens et groupes environnementaux ont prouvé en justice l’absence totale d’études d’impacts scientifiques…

(2) https://irasd.wordpress.com/dossiers/analyse-et-historique-du-modele-economique-monetaire-capitaliste/

(3) https://irasd.wordpress.com/dossiers/larchitecture-sociale/


Un commentaire

  1. irasdssari dit :

    A reblogué ceci sur Enjeux énergies et environnement.

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