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Le G20 et l’Anthropocène : quoi, quand, ses impacts, comment limiter les dégâts?

L’Anthropocène se définit comme étant l’ère géologique durant laquelle l’espèce humaine provoquera des changements à l’environnement biophysique qui laisseront des traces géologiques pour les millénaires et millions d’années à venir.

Les géologues ne peuvent encore accepter l’ajout de cette nouvelle ère au calendrier géologique parce qu’il faudrait pouvoir observer des impacts géologiques dus aux activités humaines, ce qui pourra se faire dans les prochains milliers d’années.

Pourtant, l’Anthropocène, c’est maintenant et ça s’accélère. Les impacts sont mesurés scientifiquement et nous y entrons depuis le début de l’ère industrielle, à une vitesse proportionnelle aux efforts d’accélération du développement économique et de l’accroissement démographique.

L’Anthropocène révèle que nous commençons à corroborer nos observations des changements environnementaux pour confirmer que les causes sont directement associées à nos activités industrielles et économiques. Pire encore que nos activités laissent des traces qui risquent de perdurer bien au-delà de leur interruption.

Les conséquences de ces modifications sont étudiées par des recherches scientifiques : écologie, biologie, environnement, météorologie, climat. Après 25 ans, nous commençons à affirmer avec 95% de certitude que les activités industrielles sont responsables des changements observés dans l’environnement biophysique, incluant les changements climatiques.

L’humanité tout entière dépend d’une quantité innombrable d’équilibres complexes, fragiles et interreliés dans l’environnement biophysique. En modifiant cet environnement sans maîtriser la compréhension des variables qui influent ces équilibres, la civilisation humaine altère l’intégrité de l’environnement biophysique et influence sa propre capacité d’adaptation aux changements et sa survie en tant qu’espèce.

La seule manière de maîtriser l’environnement est de le comprendre, de s’y adapter pour bénéficier de ses mécanismes naturels régulateurs et de cesser de l’altérer par les activités industrielles. Malheureusement, l’humanité s’est dotée d’un système social et économique monétaire qui surexploite les ressources humaines et naturelles, principalement afin de satisfaire aux besoins de ce système en terme de croissance économique et d’accaparement du pouvoir.

Les 15 et 16 novembre 2014, le G20 se réunira à Brisbane dans le Queensland en Australie pour discuter de différentes approches pour « construire une résilience économique globale » afin d’amorcer des stratégies pour la réforme mondiale des institutions du système social. Rares sont ceux qui s’opposent à l’urgence de progresser rapidement sur ce point qui figure parmi les principales causes des problématiques mondiales actuelles.

Les chercheurs universitaires en sciences orientées vers le développement durable conviennent tous que l’humanité est entrée dans l’Anthropocène. Les discussions sont intenses, diverses et gravitent autour de l’émergence de risques globaux complexes et interconnectés pour la pérennité de la civilisation et la survie de l’espèce humaine.

Les risques globaux incluent la prolifération pandémique, le cyber terrorisme, les crises financières, le crime organisé, l’effondrement de systèmes critiques comme l’économie ou les gouvernements et l’insécurité alimentaire.

Le fait que les politiciens soient incapables de traiter adéquatement ces risques globaux vient d’abord de leur absence de connaissances et du fait que ces risques ne peuvent pas être étudiés ni traités indépendamment parce qu’ils sont tous interreliés.

En clair, l’accroissement de la mondialisation a contribué à interconnecter ces domaines dont les modifications vont maintenant avoir des impacts sur d’autres secteurs. Les risques globaux s’appliquent également à l’environnement biophysique influant sur les sécheresses, les inondations, l’effondrement des ressources marines, la perte rapide de capacité de production agricole et de nombreux autres impacts sur les écosystèmes.

Par exemple, une crise économique influence directement les investissements dans le secteur de la santé tout en influençant la volatilité des prix de l’alimentation. Des changements climatiques influencent la capacité agricole qui va impacter les prix des denrées sur les marchés internationaux.

Les frontières politiques sont peut-être claires, mais il n’existe aucune frontière entre les risques.

C’est donc à partir de cette situation complexe que les législateurs devraient se tourner vers les scientifiques et les chercheurs en sciences sociales pour obtenir des réponses ou minimalement des recommandations afin de tenter de mitiger les risques de l’Anthropocène. Malheureusement, les résultats de recherche les plus intéressants demeureront ignorés par les décideurs dont les seules compétences se bornent à l’administration publique et au développement économique monétaire.

La gravité et l’ampleur de ce débat scientifique ne sont donc plus à démontrer, mais la cohésion des actions pour arriver à des résultats de recherche n’existe pas encore. « Nos œufs sont dans divers paniers et les paniers sont entre plusieurs mains. »

Malheureusement jusqu’à maintenant, même les plus ambitieux projets d’analyses de risques sont incapables d’apporter plus de clarté dans la compréhension des risques globaux en identifiant les variables qui les influencent. De robustes méthodologies multidisciplinaires associées autour d’objectifs de recherche communs sont requises pour faire avancer notre compréhension détaillée des inextricables interrelations environnementales entre les aspects humains, biophysiques et sociaux. Pour y arriver, il est essentiel de combler les liens de connaissances entre les divers domaines et groupes scientifiques.

Il est donc primordial d’établir les relations et les échanges nécessaires entre les institutions et les chercheurs pour rapidement favoriser la synergie requise afin d’observer, d’analyser et de comprendre les variables globales qui influencent les risques.

Parmi ces variables se trouvent bien sûr les impacts des changements climatiques sur tous ces risques globaux. En fait, ils en sont la cause directe des activités industrielles de la civilisation. Mais au-delà de ces causes directes, il y a les raisons à la source qui provoquent des décisions qui mènent à ces activités. Ces décisions semblent provenir d’interactions entre des éléments conceptuels du système social et la nature humaine qui induisent des comportements humains nuisibles pour la civilisation et l’espèce.

L’IRASD travaille spécifiquement sur des recherches dans le but d’identifier et de décrire les principaux concepts-acteurs des environnements humain, biophysique et social qui interagissent avec la nature humaine pour induire ces comportements.

Une fois ces interactions et comportements identifiés, il devrait être possible de concevoir des orientations de modèles pour le système social dont les nouveaux concepts-acteurs contribueront à induire des comportements bénéfiques et constructifs pour le développement durable de la civilisation afin d’assurer une meilleure capacité de survie de l’espèce humaine.

Une modernisation réformatrice du système social en changeant en profondeur la politique, l’économie, la législation et tous les autres aspects n’est possible que sur la base de toutes ces connaissances…

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http://www.theguardian.com/science/political-science/2014/nov/12/anthropocene-risks-social-scientists-need-to-step-up-to-the-challenge

Anthropocene Risks: Social scientists need to step up to the challenge

Water surrounding flooded properties on the Somerset Levels near Bridgwater as a study by the European Environment Agency (EEA) has found that extreme weather conditions such as floods and heatwaves are pushing countries across Europe into taking action to adapt to a changing climate.

The world’s most powerful countries, the G20, are soon to convene in Brisbane, Australia to discuss how to “build global economic resilience” and reform global institutions. Few would disagree on the need to make progress on these issues. The most interesting global issues however, are often those that remain unseen by the international political elite.

Scholars in the sustainability sciences are increasingly exploring and debating humanity’s proposed entrance into a new geological epoch where the dynamics of planet Earth are fundamentally shaped by humans – the Anthropocene. Discussions are intense and diverse, but have one important issue in common – the possible emergence of novel, complex and connected global risks.

Global risks have been on the international agenda for a long time. Nuclear proliferation, pandemics, cyber-terrorism, financial crises, terrorism, organized crime, critical systems failure and food insecurity, just to mention a few. One fact that policy-makers have trouble addressing however is that global risks cannot be treated as separate and easily-managed problems. On the contrary, and as the World Economic Forum recently explored in Dubai, increased global connectivity lays the ground for connected risks and shocks. Bluntly put: on a globalized planet, large-scale shockwaves that surface in one sector (say, a financial crisis) easily cascades to others (say, decreased investments in public health or global food price volatility). State boundaries may be clear, but risk boundaries are not.

The risk of global shockwaves induced by connectivity might be applicable to full-size ecological shocks: major droughts and floods, collapses of marine resources, rapid losses of agricultural production, and similar threshold effects in a number of ecosystems (often called “regime shifts”). “Might” is an important word here since the scientific debate is far from settled. The opposite position can be summarized with the words of American geography professor and biologist Erle Ellis: “Our “eggs” are in many baskets, and our baskets are in many hands”. That is, ecosystems such as agricultural landscapes around the world are likely to respond very differently to stresses such as climate change, which makes large-scale or synchronized collapses unlikely. That might be true, but global connectivity surely is creating new connections between “baskets”, and between “hands”.

Unfortunately, not even the ambitious work on connected risks advanced by the World Economic Forum in its Global Risks reports is able to provide clarity on this issue. Robust methodologies to explore these enmeshed planetary social, ecological and technological connections are missing; data gaps are pertinent; and scientific groups have a hard time crossing disciplinary silos.

As international policy-makers grapple with this new reality, it should be clear that the issue is not only about climate science or ecology. It is at its core about politics, international institutions, and global governance – what are the features of the next generation of international institutions, partnerships, and organizations able to address highly complex, contested and fluid global environmental risks?

This is normally where the public and policy-makers turn to social scientists for answers – or at least insights that could prove useful as the global community tries to navigate emerging Anthropocene risks.

Having spent years and years in academia writing papers, and attending scientific conferences, workshops and meetings I’ve come to realize that social science scholars, including myself, are failing. The social sciences clearly have a lot of important things to say about global risks. But knowledge is becoming so specialized and fragmented, that I sincerely fear it is loosing touch with the risks posed by the interacting environmental and socio-technological unfolding around us.

Here is an example. The 2013 World Social Science Report by the International Social Science Council was entitled “Changing Global Environments”, clearly an attempt to make a solid contribution to ongoing debates about global environmental risks, politics and governance. The report includes 108 individual chapters. Yes, over a hundred separate contributions! You can look at the scientific diversity presented in this report in two ways. Either as a science fair, or as a football stadium. In the fair scenario, visitors are impressed and energized by the massive diversity of perspectives, issues and methodologies. In the football stadium scenario however, visitors are instead so overwhelmed by the chaotic noise, screams and annoying vuvuzuelas that no meaningful reflection and dialogue is possible. If I were a policy-maker, activist, concerned citizen or business leader, I would probably perceive the state of social sciences research as a chaotic football stadium. With the audience cheering a countless number of different teams.

This fragmentation is not only troubling but also downright dangerous. The next generation of decision-makers and social scientists not only need to disrupt disciplinary barriers, but also base their work from the observation that tomorrow’s global environmental risks are dynamic. When the G20 this weekend gathers to discuss proposals to reform global institutions, the emphasis should not only be placed on the international community’s ability to prevent and respond to global risks. It should also explore alternative models of governance able to help break paralyzing political “gridlocks”; navigate the potential transgression of devastating ecological and biophysical thresholds; and promote innovation that span beyond quick techno-fixes. And last but not least: promote international institutional reforms that are perceived by the general public as transparent, and legitimate.

These are not questions that can be left to a single, imaginary and omnipotent world government. Nor will a magic global tax do the trick. These are fundamentally issues about how we consolidate a multitude of international collaborations and institutions in the Anthropocene. A robust, and not the least collective, answer from the social sciences requires the trailblazing integration of insights emerging in fields such as political philosophy, institutional analysis, international politics and law, resilience thinking, complexity science, crisis management and innovation studies.

Social sciences scholars: we desperately need to get our act together. At least if we want people beyond academia to take notice of our work.

Victor Galaz is associate professor in political science at the Stockholm Resilience Centre and the Royal Swedish Academy of Sciences (Stockholm, Sweden) and author of “Global Environmental Governance, Technology And Politics – The Anthropocene Gap”, and coordinating author of the synthesis report “Connected Risks, Connected Solutions”(available from Friday Nov 14th) (@vgalaz).


Un commentaire

  1. irasdssari dit :

    A reblogué ceci sur Enjeux énergies et environnement.

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