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Changements climatiques et capitalisme, tout doit changer et nous devons agir

« Nous savons que, si nous continuons, comme à présent, à laisser les émissions de gaz à effet de serre (GES) augmenter d’année en année, le réchauffement planétaire va bouleverser tout ce dont est fait notre monde. Il est plus que probable que de grandes villes se verront englouties et des cultures ancestrales immergées sous les flots, que nos enfants passeront une bonne partie de leur vie à fuir ou à tenter de se remettre de tempêtes effroyables et de sécheresses extrêmes. Et nous n’avons pas grand-chose à faire pour qu’un tel avenir se concrétise. En fait, il suffit de ne rien faire et de poursuivre sur notre lancée, à savoir attendre le salut des technologies, continuer à cultiver notre potager ou nous raconter que nous sommes malheureusement trop occupés pour prendre la situation en main.

Il suffit que nous ne réagissions pas comme s’il s’agissait d’une crise avérée. Il suffit de continuer à nier l’ampleur de notre effroi. C’est ainsi que, petit à petit, nous atteindrons le point de bascule que nous redoutons par-dessus tout, et dont nous avons systématiquement détourné le regard. Sans avoir rien de particulier à faire.

Il existe des moyens de se prémunir contre un avenir aussi sombre ou, du moins, d’en atténuer significativement le caractère funeste. À condition de tout changer de fond en comble. Ce qui implique, pour les consommateurs à outrance que nous sommes devenus, une mutation complète, tant de notre mode de vie que du fonctionnement de l’économie, voire des discours que nous tenons quant à notre place sur la Terre. La bonne nouvelle, c’est que bon nombre de ces moyens n’ont rien de catastrophique. Qu’ils sont même absolument passionnants. » 

« Jamais le dérèglement climatique n’a fait l’objet de pareil traitement de la part de nos dirigeants, quand bien même il risquerait de faire beaucoup plus de morts que l’effondrement de grandes banques et autres gratte-ciel. La réduction des émissions de GES (qui selon les scientifiques permettrait d’atténuer considérablement le risque de catastrophe) se voit considérée comme une simple recommandation ou relevant d’actions que l’on peut reporter indéfiniment. Manifestement, pour qu’une crise devienne une crise, les rapports de pouvoir et les priorités établies ont autant d’importance que les faits concrets. Mais, en l’occurrence, nous n’avons pas à nous contenter d’agir en spectateurs: les politiciens ne sont pas seuls à détenir le pouvoir de déclarer une crise. Les mouvements citoyens de masse sont également en mesure de le faire. »

« si suffisamment d’entre nous cessons de détourner les yeux et décidons que le dérèglement climatique constitue bel et bien une crise nécessitant une intervention de l’ordre du plan Marshall, alors elle sera perçue comme telle, et la classe politique n’aura d’autre choix que de réagir »

« Une telle vision de l’avenir va bien au-delà de la question de la simple survie ou de la résistance aux bouleversements climatiques, bien au-delà des mesures d’«atténuation» et d’«adaptation» dont les rapports des Nations Unies font état dans leur lugubre jargon. C’est une vision qui nous incite à nous servir collectivement de cette crise pour faire le grand saut et bâtir un monde autrement plus accueillant que celui d’aujourd’hui. »

Extrait de: Klein, Naomi. « Tout peut changer. » Lux Éditeur, 2015-02-16. 

 


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