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Le plus ancien ADN d’Homo sapiens | ICI.Radio-Canada.ca

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Le plus ancien ADN d’Homo sapiens

Un crâne d'Homo sapiens conservé au Musée national d'histoire naturelle à Washington, aux États-UnisUn crâne d’Homo sapiens conservé au Musée national d’histoire naturelle à Washington, aux États-Unis Photo : AFP/Mandel Ngan

C’est une nouvelle pièce du casse-tête de la diversité génétique de l’espèce humaine : une équipe internationale a séquencé le génome d’un homme moderne qui vivait il y a 45 000 ans en Sibérie, le plus vieux génome d’Homo sapiens décodé à ce jour.

Menée par le paléogénéticien Svante Pääbo, pionnier de l’ADN ancien, cette étude permet de préciser la période où les Néandertaliens et les hommes modernes dont nous sommes la descendance se sont croisés.

Cette recherche, publiée dans la revue britannique Nature, fournit également de nouvelles informations sur l’histoire des débuts de l’homme moderne hors d’Afrique. Notre espèce est apparue en Afrique il y a environ 200 000 ans.

Le nom de Svante Pääbo a été cité ces deux dernières années parmi les possibles nobélisables, pour ses travaux sur l’ADN de l’homme de Néandertal.

Le paléogénéticien suédois, directeur du département d’anthropologie génétique de l’Institut Max Planck de Leipzig en Allemagne, a montré qu’une petite partie du génome de l’homme d’aujourd’hui provient des Néandertaliens, nos plus proches cousins apparus il y a environ 400 000 ans et qui se sont éteints il y a 30 000 ans.

Cette nouvelle recherche a été menée sur la partie médiane « relativement complète » d’un fémur gauche ayant appartenu à un individu de sexe masculin.

L’os a été découvert par hasard, en 2008, sur les rives de la rivière Irtych, près d’Ust’-Ishim, en Sibérie occidentale. La datation par le carbone 14 lui attribue 45 000 ans.

Au passage, les analyses ont permis d’apprendre qu’une part importante de son apport nutritionnel en protéines pouvait provenir d’aliments aquatiques, probablement des poissons d’eau douce.

Le séquençage du génome de l’individu d’Ust’-Ishim montre qu’il appartenait à une population proche des ancêtres des hommes d’aujourd’hui, non Africains.

Il comporte un pourcentage de gènes provenant de l’homme de Néandertal légèrement supérieur aux hommes d’aujourd’hui : environ 2,3% (contre 1,7% à 2,1% pour les populations actuelles d’Asie de l’est et 1,6% à 1,8% pour les Européens).

Mais son génome contient des segments d’ADN néandertaliens en moyenne trois fois plus longs que les génomes d’humains contemporains. Cela tendrait à montrer que la rencontre entre Néandertaliens et Homo sapiens remonterait seulement entre 232 et 430 générations avant l’existence de l’individu d’Ust’-Ishim.

Jusqu’ici, les scientifiques considéraient que le transfert génétique entre les hommes de Néandertal et l’homme moderne avait dû se produire entre 37 000 et 86 000 ans, probablement quand les premiers Homo sapiens ont quitté l’Afrique et rencontré les hommes de Néandertal au Proche-Orient, avant de se répandre en Eurasie.

Les nouvelles données génétiques fournies par l’individu d’Ust’-Ishim permettent de resserrer la fourchette, puisqu’elles montrent que le croisement s’était déjà produit il y a 45 000 ans.

D’après la longueur des segments d’ADN néandertaliens présents chez cet individu, il serait survenu entre 7000 et 13 000 ans avant sa naissance.

« Nous estimons que le croisement entre les ancêtres de l’individu d’Ust’-Ishim et les Néandertaliens s’est produit approximativement il y a entre 50 000 et 60 000 ans », ont indiqué les chercheurs. Cela correspond à peu près à la période majeure de l’expansion de l’homme moderne hors d’Afrique et du Proche-Orient.

Le laboratoire de Svante Pääbo, à l’Institut Max Planck de Leipzig, est réputé pour l’étude des ADN anciens, même fortement détériorés.

Le génome de l’homme moderne d’Ust’-Ishim est loin d’être le génome le plus ancien à être déchiffré. Il y a près d’un an, c’est le génome d’un être humain vieux de 400 000 ans, l’homme de Sima, qui a livré ses secrets, à partir d’un os découvert dans une grotte espagnole.


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