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Le progrès de la civilisation nuit à l’évolution de l’espèce humaine

Cette analyse expose la différence et la dualité entre évolution et progrès.

L’évolution n’a rien à voir avec le progrès. L’évolution n’est que le résultat naturel de l’adaptation dans le temps à des conditions locales.

« Le progrès est une illusion reposant sur un préjugé social et un espoir psychologique. »

– Stephen Jay Gould

L’humain se raccroche au progrès parce qu’il n’a pas intégré la compréhension de l’évolution darwinienne à ses stratégies comportementales. C’est pourtant cette connaissance qui constitue notre meilleur espoir d’endiguer notre arrogance dans un monde en évolution.

S’il est un phénomène constant observable et largement documenté, c’est bien le changement. Sur les éléments inertes du règne matériel, atomique et moléculaire, les changements induisent des modifications de structures physiques ou d’états chimiques. Sur les formes de vie végétales et animales du règne vivant, les changements forcent les individus à s’adapter pour survivre, se nourrir et se reproduire ce qui mène à l’évolution.

Ces impacts physiques, chimiques et comportementaux demeurent possibles dans la mesure où les changements sont raisonnablement circonscrits à la capacité du matériel à les subir ou à la capacité du vivant à s’y adapter. Lorsque l’amplitude des changements ou sa rapidité franchissent le seuil de cette capacité, les modifications excèdent l’intégrité physico-chimique et la capacité d’adaptation devient improbable. L’intégrité matérielle et la survie sont alors compromises.

Le progrès est la concrétisation de l’adaptation de comportements humains induits par l’apport de connaissances acquises, instinctivement mises au profit du développement de l’environnement social. Ces comportements sont considérés comme des biais ou déviances comportementales lorsqu’ils affectent les équilibres de l’environnement biophysique, mettant à risque la survie de l’espèce.

L’élément prédominant de l’adaptation de l’espèce humaine pour survivre dans son environnement biophysique n’est pas physiologique, mais relève plutôt de l’adaptation de ses stratégies comportementales et de l’organisation sociale de l’espèce en groupes raciaux, culturels et fonctionnels très structurées autour de concepts et mécanismes de société comme le travail, l’économie, etc. Nous nommons cette organisation l’environnement social.

Durant la préhistoire, l’espèce humaine a évolué physiquement comme le démontrent les adaptations des diverses lignées de primates. Mais elle a aussi évolué physiologiquement grâce aux adaptations de son cerveau qui ont favorisé sa capacité cognitive.

Cette capacité du cerveau a permis à l’espèce humaine de survivre par l’acquisition de connaissances dites fondamentales sur l’environnement, le biotope, les interactions entre ceux-ci et le développement d’outils pour compenser la faible longévité des individus associée à l’adaptation médiocre de l’espèce à son environnement biophysique hostile.

Au cours de son histoire, l’espèce humaine a pu bénéficier de cette adaptation physiologique du cerveau pour continuer à développer sa capacité cognitive par l’acquisition de connaissances associées aux sciences pures comme la physique, la chimie, la biologie, la génétique, la psychologie, etc.

Ces connaissances acquises ont pu être appliquées à la conception d’outils et à la construction d’infrastructures artificielles supportant le développement et le progrès de l’environnement social jusqu’après l’ère industrielle. Mais déjà, on ne peut plus parler d’évolution ici, mais de progrès.

L’évolution est strictement liée à la capacité d’adaptation physionomique, physiologique ou comportementale, d’une espèce pour survivre aux changements de son environnement biophysique. L’évolution est donc directement dépendante des lois immuables et intransgressibles de l’environnement biophysique.

Le progrès se limite exclusivement aux applications matérialisées de connaissances scientifiques acquises se concrétisant dans des concepts, fonctionnements, outils, technologies et infrastructures sociales humaines.

Dans le cas spécifique de la civilisation humaine, force est de constater, et elle le fait d’ailleurs, que le progrès apporte une dualité complexe entre l’amélioration des conditions de vie favorisées par l’environnement social et une profonde absence d’adaptation de la civilisation aux lois immuables et intransgressibles de l’environnement biophysique.

Cette situation est le résultat de l’adaptation humaine à son environnement social dont les concepts et le fonctionnement imperméables tendent à rendre l’adaptation humaine étanche aux réalités et mécanismes des environnements humain et biophysique. En d’autres mots, la civilisation humaine n’a jamais été conçue consciemment d’une part et cette conception ne s’est jamais opérée en toute connaissance de causes à effet des conséquences sur l’intégrité de l’environnement biophysique.

La capacité cognitive actuelle de l’espèce humaine, couplée à la somme cumulée de ses connaissances acquises par les sciences, devrait théoriquement lui permettre de concevoir consciemment l’architecture d’un nouveau modèle de société appuyé sur de nouveaux concepts et mécanismes de fonctionnement afin d’éliminer un maximum d’impacts sur les équilibres de l’environnement biophysique tout en minimisant ceux qui ne peuvent être éliminés.

Un usage « intelligent » des connaissances pour le progrès peut ainsi permettre une évolution de l’espèce humaine dont les stratégies comportementales sociales seront compatibles avec les lois immuables et intransgressibles de la nature.

L’inverse n’est pas possible et ne peut même pas être envisagé…

Stéphane BrousseauDirecteur de recherche


3 commentaires

  1. genebergeron dit :

    Progrès matérialiste extractiviste-consumériste de la croissance monétariste du capitalisme néolibéral décadent, s’entend.

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  2. […] Au contraire, la société humaine surfe sur la vague virtuelle de la croissance de son économie monétaire et de son progrès technique, ce qui induit chez l’humain l’erreur cognitive de croire qu’il s’agit là d’évolution alors qu’il n’en est rien. Les phénomènes comportementaux observés révèlent que le progrès de la civilisation nuit considérablement à l’évolution parce qu’il permet à l’espèce humaine de flotter psychologiquement au-dessus des contraintes réelles des lois immuables et instransgressibles de la nature, laissant à l’humain la fausse impression d’être omniscient et omnipotent dans le contrôle de son univers. (https://irasd.wordpress.com/2015/12/02/le-progres-de-la-civilisation-nuit-a-levolution-de-lespece-hu&#8230😉 […]

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